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Décryptage
Chaîne de l'accompagnement

Des plateformes numériques pour un maillage de l’accompagnement en région

Publié le 19 avril 2018 - Mise à jour le 14 mai 2021
Sous l'impulsion des Chambres régionales de l'ESS (CRESS), des plateformes numériques sont conçues pour faciliter la rencontre entre les porteurs de projets de l'Economie sociale et solidaire (ESS) et les structures d'accompagnement. Objectif : fluidifier le parcours de l'entrepreneur, à chaque étape de son projet et quel que soit son lieu de résidence.

Comment faciliter la vie d'un porteur de projet de l’ESS ? Comment faire en sorte qu'il trouve suffisamment d'aide s'il vit dans un territoire rural ou qu'il se repère facilement parmi les multiples offres d'accompagnement s'il habite dans une métropole ? En se coordonnant davantage, les acteurs de l'accompagnement peuvent-ils contribuer à fluidifier ce parcours  ?

Ces questions qui ont trait à l'efficacité et à l'équité territoriale, des Régions et des Chambres régionales de l'ESS (CRESS) se les posent et tentent d’y répondre. Dès 2013, "une étude commanditée par la Région Pays de la Loire fait remonter une difficulté à identifier l'ensemble des acteurs et outils de l'accompagnement et un certain manque d'articulation entre ces acteurs", témoigne Marianne Caudal, chargée de mission à la CRESS des Pays de la Loire. S'emparant alors de cet enjeu avec une douzaine de partenaires, la CRESS met au point Essor, une plateforme destinée à "montrer la diversité des outils et des acteurs" de l'accompagnement et du financement dans la région, tout en aidant les porteurs de projet à s'orienter. 

Essor : 200 outils d'accompagnement et 545 financements

Aujourd'hui, sur le portail Essor lancé fin 2015 et financé notamment par la Région, un entrepreneur de l'ESS peut indiquer à quelle étape de son projet il se trouve – idée, étude de faisabilité, création, développement, consolidation ou difficultés – et se voir indiquer, selon sa localisation, des outils de conseil, de formation et de financement. La plateforme recense 200 outils d'accompagnement et 545 possibilités de financement, dont des financements de droit commun, grâce à une articulation avec la base de données de la Chambre de commerce et d'industrie (CCI). 

Un module dédié au financement participatif, réalisé par la start-up We do good, est également hébergé sur Essor. Un outil d'autodiagnostic sur le degré d'innovation sociale du projet est enfin à disposition. Et pour éviter que l'utilisateur ne se perde parmi ces multiples propositions, on l'invite à contacter l'un des réseaux locaux de l'ESS les plus proches de chez lui. 
Petit frère de la plateforme Essor, le réseau Essor Connect permettrait aujourd'hui à une centaine d'acteurs-ressources non lucratifs (1) de l'ESS d'échanger et de se former, afin de "faciliter les articulations et le travail en bonne intelligence".  

Un croisement des regards au bénéfice des projets 

Consolider les liens entre les acteurs de l'accompagnement ESS, leur permettre d'échanger plus souvent voire de s'entraider, c'est aussi l'objectif du réseau Tremplin dans les Hauts-de-France. Créé fin 2017 par la CRESS dans le prolongement de la dynamique Access qui était portée dans l'ancienne région Picardie, le réseau Tremplin réunit 17 structures d'appui aux porteurs de projets de l'ESS. On y trouve des acteurs généralistes – tels que le Mouvement associatif qui porte le dispositif local d'accompagnement (DLA) régional – et des spécialistes du monde rural, de la culture, de l'insertion par l'activité économique… La plateforme Tremplin a vocation à devenir "le guichet numérique unique de l'accompagnement ESS en région", pour Elodie Vancanneyt, chargée de mission à la CRESS Hauts-de-France. Le portail n'en étant qu'à ses débuts, Tremplin est actuellement surtout une communauté de professionnels expérimentant diverses modalités de coopération.  

L'intérêt d'un tel réseau, pour Christopher Le Bihan, chargé du DLA régional au Mouvement associatif des Hauts-de-France, c'est de pouvoir "croiser les regards et les expertises sur certains projets". Cela avait été le cas pour le projet culturel La Graineterie à Amiens, accompagné par deux membres de l'ancien réseau Access : le DLA et l'Institut Godin. 
Pour favoriser cette interconnaissance et transmettre l'information au plus grand nombre, les relais physiques ont aussi leur importance, rappelle Christopher Le Bihan. Il cite ainsi les Points d’information pour la vie associative (Piva), 80 lieux d'accueil dont 26 experts en accompagnement (Piva +), ainsi que les comités d'appui départementaux du DLA

Mobiliser davantage les intercommunalités 

"La mise en réseau est l'une des conditions sine qua non de la réussite d'un projet", confirme Faustine Maliar, conseillère régionale déléguée à l'ESS des Hauts-de-France. Plaidant pour le "rassemblement le plus large possible" – acteurs de l'ESS, collectivités, structures privées… - l'élue prépare actuellement un appel à manifestation d'intérêt destiné à soutenir les communes et intercommunalités portant des actions de développement de l'ESS. 
Faustine Maliar a par ailleurs présenté tout récemment le nouveau cadre régional d'aides aux structures d'accompagnement des projets ESS. Deux phases sont désormais distinguées : la phase ante création – accompagnement juridique, financier, business plan… - et la phase post création – jusqu'à 3 ans après, car "beaucoup de structures ne passent pas le cap des trois ans". Il s'agit aussi pour elle d'harmoniser les aides à l'échelle de la grande région et, notamment, d'identifier et soutenir des structures d'accompagnement dans le versant sud – l'ancienne Picardie -, en appuyant a priori une tête de réseau par département. 

"L'outil numérique n'est pas suffisant"… mais néanmoins nécessaire ? 

Pour envisager une chaîne d'accompagnement des porteurs de projet ESS, le maillage territorial est donc un prérequis. Dans les Pays de la Loire, la CRESS et la Région commencent à exploiter la base de donnée Essor pour mieux cerner les besoins des territoires. "Il y a des manques à toutes les phases, deux départements ne sont par exemple pas couverts en dispositifs de pré-incubation et incubation", indique Marianne Caudal. Quant aux recherches effectuées sur le site, elles portent pour 50% sur l'amont de la création et la création et pour 30% sur le développement (2). 

Au-delà de l'outil, l'amélioration du parcours des porteurs de projet et entrepreneurs passe par la mobilisation continue des acteurs de l'accompagnement. "L'outil numérique n'est pas suffisant. Cela fonctionne si des acteurs physiques sur le territoire – des réseaux locaux, des acteurs spécialisés, les CRESS… - s'en saisissent pour informer et orienter", poursuit la professionnelle. "La réussite d'Essor tient notamment à la capacité de la CRESS à fédérer les acteurs, dont les financeurs, et à les mobiliser dans le temps", estime Anne Marchand, chargée de mission ESS à la Région Pays de la Loire. "Un groupe-projet élargi Essor/Essor connect est maintenant partie prenante de la stratégie régionale de l'ESS", se réjouit Marianne Caudal, tout en constatant que "les choses avancent".   

Caroline Megglé 

(1)    Les acteurs "non-lucratifs" sont soit des acteurs publics ou parapublics, soit des acteurs du champ de l'Economie sociale et solidaire qui proposent au moins une offre non payante.    
(2)    La plateforme Essor a eu 4.200 visiteurs uniques en 2017, ce qui représente une hausse de 10% par rapport à l'année précédente. 

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