Les étapes d’une démarche d’évaluation
Les trois étapes d’une démarche d’évaluation
L'étude ESS et Création de valeur, réalisée en 2019 par l'Avise, La Fonda et Le Labo de l'ESS a fait émerger un dénominateur commun à toute démarche d'évaluation : l'élaboration d’un processus autour de trois étapes principales et incontournables.
Ainsi, une démarche d'évaluation de l'impact social ne se focalise pas uniquement sur la mesure de l’impact (la preuve). Définir l’objet de l’évaluation (la promesse) est crucial pour assurer la pertinence de la mesure et donc de l’ensemble de la démarche. En aval de la mesure, l’utilisation des données récoltées (l’appropriation) garantit l’utilité de la démarche et des moyens mobilisés pour l’ensemble de l’organisation.
Si toute démarche suit ces trois étapes, l’intensité des moyens mobilisés ne sera pas forcément la même pour chacune. Celle-ci pourra varier selon l’objectif de l’évaluation et les enjeux des parties prenantes (par exemple, selon que l’on cherche à fédérer des parties prenantes autour d’une identité commune ou que l’on s’inscrive dans une démonstration de « performance sociale »).
La promesse : définir l’objet de l’évaluation
Une démarche d’évaluation répond à des questions précises. Il est donc indispensable de débuter sa démarche d’évaluation par une phase de cadrage qui va permettre de définir précisément la « promesse d’impact » qu’on va évaluer.
Cette promesse se définit à partir de trois éléments :
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l’enjeu principal poursuivi par l’évaluation (améliorer mon projet ? Motiver mes équipes ? Rendre compte à mes financeurs ? Construire un plaidoyer ? etc.) ;
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les effets de l’activité identifiés comme prioritaires à évaluer ;
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la question à laquelle répondra l’évaluation (la question évaluative).
Avant de se lancer dans la mesure, il est indispensable de définir les impacts que l'on veut évaluer au regard de la mission sociale de la structure considérée, de ses activités et de ses parties prenantes. Étant entendu qu’il est impossible de tout évaluer de manière exhaustive, il est ensuite nécessaire de prioriser les effets pertinents à évaluer, en tenant compte du périmètre de la démarche, de la question évaluative et ce, en concertation avec les parties prenantes.
La preuve : mesurer le changement généré
Cette étape, reconnue comme la plus complexe, consiste à sélectionner la méthode pertinente pour son évaluation et à élaborer les indicateurs et les outils pour établir « la preuve » de l'impact social.
Le choix de la méthode d'évaluation se fait en fonction du cadrage de l'évaluation (méthode standardisée, sur-mesure, mixte, par attribution, etc.). La méthode n'est qu'un moyen de réalisation de l'évaluation et non une fin en soi : l’évaluation ne doit pas avoir pour but de mettre en œuvre une méthode spécifique.
Les indicateurs permettent de préciser les informations qui devront être recherchées pour mesurer les effets et répondre à votre question évaluative. De nombreuses démarches d’évaluation ont déjà été menées, que ce soit par des acteurs publics, des organisations non gouvernementales, des entreprises de l’ESS, etc.
Pour définir vos indicateurs, la première étape est ainsi de s’inspirer de l’existant et de sélectionner les plus pertinents vis-à-vis de votre démarche d’évaluation. Une fois vos indicateurs définis, vous pourrez identifier pour chacun les données à collecter, auprès de qui, quand et avec quels outils (recherche documentaire, entretiens individuels ou collectifs, questionnaires, échelles d'évolution, etc.), puis passer à la collecte des données.
Attention à bien cadrer votre collecte de données avant de vous lancer : les modalités de collecte (personnes mobilisées pour la collecte, choix des outils, calendrier, etc.) dépendront en effet fortement des ressources disponibles, des contraintes opérationnelles, etc.
L'appropriation : utiliser les données récoltées
Les données collectées sont ensuite analysées, puis interprétées, afin de répondre à la question évaluative. C’est également à cette étape que l’on juge de la valeur de l’action évaluée : atteint-elle ses objectifs ? Entraîne-t-elle d’autres impacts ? Les moyens déployés sont-ils suffisants ? etc.
Il est crucial de mobiliser ses parties prenantes dans l’interprétation des résultats. C’est la multiplicité des appréciations et leur confrontation qui permettent de construire une vision partagée du projet, d’éclairer finement les résultats obtenus et de proposer le cas échéant des préconisations pertinentes. Les résultats d’une évaluation n’ont d’intérêt que s’ils sont utilisés et partagés : ils viendront nourrir les pratiques, les prises de décisions et les échanges avec les parties prenantes.
Les résultats peuvent être utilisés dans une optique de communication ou d’amélioration de l’action. C’est une étape dont l’importance ne doit pas être sous-estimée car c’est celle qui permet de valoriser les efforts fournis, mais aussi de mieux piloter l’activité.
En effet, l’objectif est que l’évaluation devienne un processus continu, intégré à la vie de la structure, et s’inscrive dans le long terme, afin de permettre de prendre les bonnes décisions, de mobiliser ses parties prenantes ou de développer son activité en convainquant de nouveaux partenaires.
Le guide Évaluer son impact social de l’Avise propose des outils pratiques pour vous accompagner dans chacune des étapes de la démarche. Il fournit en outre des exemples concrets pour vous inspirer et vous aider à passer à l’action.
Ce guide vise à orienter et outiller tous ceux qui souhaitent lancer une démarche « premiers pas » d'évaluation de leur impact social en mobilisant des outils et des méthodes adaptés à leur contexte, leur organisation, leurs enjeux et leurs moyens.