Entreprise de l’ESS, entreprise sociale, société à mission, entreprise à impact : de quoi parle-t-on ?

Publié le 21 février 2025
De nombreuses entreprises de l’économie conventionnelle cherchent aujourd’hui à lier la finalité économique de leur projet au service d’enjeux sociaux et environnementaux. Qu’elles adoptent un statut de société à mission ou qu’elles se déclarent entreprises à impact ou entreprises responsables, quelles réalités se cachent derrière ces expressions ? Tour d’horizon.

À propos des entreprises de l’ESS

Définie comme un « mode d’entreprendre et de développement économique adapté à tous les domaines de l’activité humaine » par la Loi du 31 juillet 2014, l'économie sociale et solidaire recouvre cinq statuts d'organisations :

  • les coopératives ;
  • les mutuelles ;
  • les fondations ou fonds de dotations ;
  • les associations ;
  • les entreprises commerciales de l'ESS, sous réserve qu’elles respectent les principes de l’ESS et qu’elles appliquent des principes de gestion complémentaires (affectation d’au moins 50 % des bénéfices au report bénéficiaire et aux réserves obligatoires, interdiction de l’amortissement au capital, etc.).

Selon l’article 1 de la loi de 2014, les entreprises de l’ESS se distinguent des entreprises de l’économie « conventionnelle » grâce à trois grandes caractéristiques à l’origine de leur plus-value :

  • un but poursuivi autre que le seul partage des bénéfices ;
  • une gouvernance démocratique ;
  • une gestion basée sur le principe de lucrativité limitée (ou de non-lucrativité).

La responsabilité sociale des entreprise (RSE)

La Commission européenne définit la responsabilité sociétale des entreprises (RSE) comme « la responsabilité des entreprises vis-à-vis des effets qu’elles exercent sur la société ». Elle complète : « Afin de s’acquitter pleinement de leur responsabilité sociale, il convient que les entreprises aient engagé, en collaboration étroite avec leurs parties prenantes, un processus destiné à intégrer les préoccupations en matière sociale, environnementale, éthique […] dans leur stratégie de base. »

 

La responsabilité sociétale des entreprises (RSE) ou responsabilité sociétale des organisations (RSO) interroge ainsi les pratiques des organisations de tout type, selon une grille de critères préalablement définis, avec pour référence la norme ISO 26 000. Cette évaluation porte sur l’organisation de l’entreprise, ses objectifs, ses pratiques internes, ses activités, etc.

 

Si des labels RSE existent (Engagés RSE de l’AFNOR, LUCIEBCorp, etc.), d’autres outils permettent d’engager une dynamique d’amélioration sans passer par une certification ou une autre forme de reconnaissance officielle :

L’étude « Entreprises labellisées RSE : Qui sont-elles ? » réalisée en 2020 par le cabinet Goodwill Management décrypte les différents labels RSE et dresse le profil type de l’entreprise labellisée. 

À propos des entreprises responsables

La notion d’entreprise responsable est à mettre en lien avec la responsabilité sociale des entreprises (RSE), définie par la Commission européenne comme « un concept qui désigne l’intégration volontaire, par les entreprises, de préoccupations sociales et environnementales à leurs activités commerciales et leurs relations avec leurs parties prenantes ».

 

À l’instar de la notion d’entreprise à impact, le concept d’entreprise responsable n’implique pas l’obtention d’un statut particulier. Il désigne une entreprise qui s’engage dans le respect de ses obligations en matière d’indicateurs liés à la RSE : protection de l’environnement, promotion de la diversité ou encore, qualité de vie au travail. Devenir une entreprise responsable passe par l’adoption de critères environnementaux, sociaux et éthiques pour évaluer l’impact de ses activités quotidiennes.

Les sociétés à mission

Le modèle de société à mission a été instauré par la loi Pacte du 22 mai 2019. Objectif ? Permettre aux entreprises qui le souhaitent d’inscrire une Raison d’être dans leurs statuts et d’adjoindre à cette Raison d’être des objectifs qui contribuent aux enjeux sociaux et environnementaux qu’elles souhaitent adresser dans le cadre de leur activité.

 

Pour acquérir la qualité de société à mission, une entreprise doit remplir cinq conditions :

  • inscrire sa Raison d’être dans ses statuts ;
  • inscrire un ou plusieurs objectifs sociaux ou environnementaux dans ses statuts ;
  • inscrire les modalités du suivi de l’exécution de sa mission (qui implique la mise en place d’un comité de mission composé d’un ou de plusieurs référents) dans ses statuts ;
  • soumettre la bonne exécution de ses objectifs sociaux et/ou environnementaux à une vérification par un organisme tous les deux ans (ou tous les trois ans pour les entreprises de moins de 50 salariés) ;
  • déclarer sa qualité de société à mission au Greffe du Tribunal de Commerce, suite à la modification de ses statuts présentés et votés en assemblée générale. L’inscription statutaire de la mission permet d’aligner les dirigeants, salariés et actionnaires sur l’intégration d’objectifs sociaux et environnementaux au cœur du modèle d’affaires.

En février 2024, l’Observatoire des sociétés à missions de la Communauté des Entreprises à Mission recensait plus de 1 500 sociétés à mission en France. Parmi elles figurent des entreprises comme Bayard, KPMG, Doctolib, La Banque Postale, la Maïf, ou encore Crédit Mutuel Arkéa.

 

La loi PACTE a eu un effet accélérateur sur l'adoption d'une Raison d'être par les grandes entreprises françaises : comme le rapporte le cabinet BCG, si seulement 12 % des entreprises du CAC 40 avaient formulé une Raison d'être en 2019, elles étaient près de 80 % à s’être dotées d’une Raison d’être trois ans plus tard.

À propos du label B Corp

Le label B Corp a été créé par l’ONG B Lab en 2006 aux USA, avec pour objectif de promouvoir les entreprises performantes sur le plan social ou environnemental. Bien que complémentaires, les démarches d’obtention du statut de société à mission et du label B Corp (pour Benefit Corporation) ne se recouvrent pas totalement.

 

Alors que le statut de société à mission est une spécificité française consacrée par la loi Pacte, le label B Corp désigne une certification délivrée par une organisation internationale aux entreprises ayant obtenu un certain score (en l’occurrence plus de 80 points) au B Impact Assessment (BIA), un outil de mesure et de pilotage de l’impact des entreprises.

 

Le label B Corp poursuit la même finalité que la société à mission : réduire les impacts négatifs générés par l’activité de l’entreprise. La démarche de labellisation implique aussi de modifier les statuts et de se doter d’une raison d’être, mais le degré d’engagement initial diffère

 

Dans le cas des sociétés à mission, l'engagement intervient en aval de la démarche. La réflexion sur la Raison d'être et le plan d'action qui en découle sert à fixer les objectifs à atteindre. Dans le cas du Label B Corp, ce processus s'inverse : il faut d’abord transformer son entreprise et son activité pour obtenir le label et modifier les statuts de l’entreprise.

Les entreprises à impact

Il n’existe pas de statut officiel ou de label concernant les entreprises à impact. Comme l’indique la Bpifrance, ce terme fait référence à toutes les entreprises ayant un impact sur la société et/ou l’environnement sans obligation statutaire et peut donc concerner à la fois des entreprises opérant dans le champ de l’économie « classique » (qu’elles disposent du statut de société à mission ou non) ou celui de l’économie sociale et solidaire.

 

Pour être identifiée comme une entreprise à impact, une organisation peut notamment inscrire ses efforts dans le domaine social et/ou environnemental au sein des 15 Objectifs de développement durable (ODD) adoptés par les Nations unies en 2015 à horizon 2030.

 

Être identifiée comme une entreprise à impact peut notamment permettre d’accéder à certains financements destinés aux projets à impact, aussi baptisés investissements à impact.

À propos des investissements à impacts

Selon le Panorama 2023 de la Finance à Impact, réalisé par l'association Fair, les investissements à impacts réalisés en 2022 se sont élevés à 1,4 milliard d'euros investis auprès d'environ 2 280 organisations. En 2023, ces investissements pourraient monter à 2,2 milliards d'euros.

 

Le mouvement Impact France définit quatre piliers constitutifs d’une entreprise à impact :

  • l’impact social, qui passe par la revendication d’un « rôle sociétal dans son cœur de métier, en interne vis-à-vis de ses salariés et en externe avec des services et produits inclusifs » ;
  • l’impact environnemental, qui implique une « véritable transition en matière d’éco-consommation et d’éco-conduite, dans l’entreprise et auprès de ses parties prenantes » ;
  • le partage de la valeur, basé sur une « stratégie financière éthique, fondée sur des modes de gestions équitables et  transparents (transparence des écarts de rémunération, échelle de rémunération proportionnée, partage de la valeur avec les fournisseurs et les salariés) » ;
  • le partage du pouvoir, fondé sur un « principe de gouvernance éthique avec une transparence décisionnelle, une parité de genre et de hiérarchie dans les instances de décision et l’intégration de l’entreprise dans son écosystème territorial ».
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L'Avise, avec le soutien de la Banque des Territoires, du Fonds Saint-Christophe et du Fonds social européen, a publié un guide à destination des créateurs d'entreprise de l'économie sociale et solidaire (ESS), afin de faciliter leurs premiers pas, grâce à de nombreux outils, retours d'expérience et parole d'experts de l'accompagnement à la création.

Thématiques

Entrepreneuriat social
Économie sociale et solidaire

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