L'évaluation d'impact social dans la médiation en santé
Les démarches d'évaluation dans le secteur de la santé
Dans le secteur de la santé, l'évaluation d’impact sur la santé est la méthode d'évaluation la plus couramment employée. Défini par l'Organisation Mondiale de la Santé, comme "une combinaison de procédures, de méthodes et d’outils permettant d’évaluer les effets potentiels d’une politique, d’un programme ou d’une stratégie sur la santé de la population, ainsi que la répartition de ces effets au sein de cette population." Cette démarche d'évaluation vise à analyser les impacts d’une politique ou d’un projet sur la santé, favorisant ainsi l’atteinte des objectifs de santé publique en identifiant et en prévenant les risques sanitaires. Cette approche est particulièrement prisée dans la santé urbaine, notamment pour évaluer les risques associés à la pollution de l’air.
En parallèle, l’évaluation d’impact social gagne en importance, notamment dans les initiatives de médiation en santé qui dépassent les seuls effets sanitaires. La médiation en santé se définit comme "une fonction d’interface de proximité facilitant l’accès aux droits, à la prévention et aux soins pour les publics les plus vulnérables, tout en sensibilisant les professionnels de santé aux obstacles que rencontrent ces publics." (Haute Autorité de Santé). L’évaluation d'impact social est privilégiée dans ce contexte, car elle mesure les effets de la médiation sur le bien-être social, l'inclusion et la réduction des inégalités, contribuant ainsi à améliorer l’accès aux soins pour des populations fragilisées.
La synthèse des évaluations d’impact social présentée ici s’appuie sur un corpus d’évaluations menées au sein de structures de médiation en santé. Certaines de ces évaluations ont bénéficié de l’appui de cabinets spécialisés et de soutiens financiers, comme celui de la Fondation MNH, octroyé dans le cadre d’appels à projets.
Pour quels objectifs ?
L'évaluation d'impact social permettra d'analyser la contribution des structures de médiation en santé à des enjeux majeurs tels que le bien-être, l'accès aux soins, l'amélioration de la prise en charge et l'inclusion sociale. Au-delà de ces enjeux centraux, l'évaluation peut également répondre à plusieurs objectifs essentiels :
- Mieux comprendre les bénéficiaires et cerner leurs besoins spécifiques.
- Optimiser le pilotage et la gestion des actions au sein de la structure.
- Faciliter l'essaimage de ces actions sur de nouveaux territoires.
- Valoriser les initiatives et les résultats obtenus.
- Renforcer la légitimité de l'action de médiation en santé auprès des partenaires et des financeurs.
Comment s'y prendre ?
Pour mener la démarche d'évaluation d'impact social, les structures de médiation en santé se tournent en majorité vers une méthodologie mixte (quantitative et qualitative). Pour cela, elles réalisent :
- Des entretiens semi-directifs individuels auprès des bénéficiaires mais également avec les professionnels et bénévoles des structures.
- Des temps d'observation "in situ" de consultations, d'ateliers, et de temps de formations.
- De questionnaires diffusés auprès des professionnels, des porteurs de projet et des bénéficiaires.
De façon plus rare, des focus-group, des ateliers de cadrage et de co-construction sont organisés par les structures de médiation en santé.
Qui impliquer ?
Par les différentes méthodes de collecte des données, les structures cherchent à impliquer un maximum de parties prenantes afin d'avoir une vision la plus exhaustive des impacts qu'ont les actions de médiation en santé.
- Bénéficiaires directs (patients et usagers) : Les patients, souvent vulnérables en raison de leur état de santé, sont les premiers concernés par les actions de médiation. Ils participent aux évaluations par le biais d'entretiens, de questionnaires et d’observations, permettant de mesurer les effets concrets des interventions sur leur bien-être et leur accès aux soins.
- Proches aidants : Les proches, souvent des membres de la famille, soutiennent les bénéficiaires et sont indirectement affectés par les actions de médiation. Bien que leur implication dans l’évaluation soit limitée, leur point de vue aide à comprendre les impacts indirects, comme le soulagement de leur charge mentale et l’amélioration de la dynamique familiale.
- Professionnels de santé : Les médecins, infirmiers et autres professionnels bénéficient souvent de formations dans le cadre des programmes de médiation en santé. Leur participation à l’évaluation permet d'analyser l’évolution de leurs pratiques et attitudes face aux patients, et de mesurer l’efficacité des formations sur leurs compétences.
- Bénévoles et médiateurs de santé : Les bénévoles et médiateurs, qui accompagnent les bénéficiaires et animent des ateliers, partagent leurs observations pour évaluer la réception des interventions et leurs effets au quotidien. Leur retour permet d’identifier les aspects à améliorer pour optimiser les actions.
- Financeurs et décideurs : En tant qu’initiateurs et soutiens financiers, les financeurs et décideurs analysent les résultats de l’évaluation pour orienter les décisions futures, telles que la poursuite ou l’élargissement des actions. Leur implication garantit que les conclusions de l’évaluation nourrissent les choix stratégiques. De plus, le soutien financier qu'ils apportent, notamment à travers des appels à projets, permet aux structures de mobiliser plus facilement les ressources nécessaires pour mener à bien leurs démarches d’évaluation.
Les quatre grands impacts évalués
Les impacts ciblés par la médiation en santé, et donc évalués par les structures font généralement émerger quatre grands impacts clés.
- L'ouverture d'un espace de libération de la parole pour les jeunes autour de la santé mentale (Fondation ARHM)
- Des partages d'informations complémentaires aux données strictement médicales (Jeune et Rose)
- Des modalités d'accès à l'information simples et instantanées (Jeune et Rose)
- Le renforcement et l'amélioration des messages préventifs (Hôpital Bichat)
- La levée des freins multiples à l'accès aux soins (Mouvement du Nid - Martinique)
- L'accès effectifs à des soins adaptés, gratuits et de qualité (Mouvement du Nid - Martinique)
- Le traitement et la résolution de problématiques de santé (Mouvement du Nid - Martinique)
- Une meilleure compréhension de leurs propres état et problématiques de santé (Mouvement du Nid - Martinique)
- Une plus grande lisibilité de l'organisation du système de santé français (Mouvement du Nid - Martinique)
- La création de liens humains multiples et profonds permettant de rompre l'isolement social vécu par les enfants et leurs parents (Sourire à la vie)
- L'intégration à une communauté de pairs soudée, solidaire et non jugeante (Sourire à la vie)
- La (ré)appropriation des règles et des codes de vie en collectivité (Sourire à la vie)
- Prise de contact avec d'autres bénéficiaires en dehors des temps dédiés (Bistrot mémoire)
- Un lien social renoué et une sortie de l'isolement (Sauvegarde du Nord)
- Le mieux être et l'affiliation possible à un collectif (Sauvegarde du Nord)
- La participation à des activités régulières (Sauvegarde du Nord)
- Une meilleure compréhension des situations et du vécus des patients par les professionnels de santé (Hôpital Bichat)
- Le maintien d'un lien avec l'extérieur par les bénéficiaires (La chaîne d'espoir)
- Le développement d'une relation privilégiée et interindividuelle entre bénéficiaire et bénévole (La chaîne d'espoir)
- L'identification de bénévoles comme "figures repères" (La chaîne d'espoir)
- Une amélioration des capacités physiques des bénéficiaires (Sourire à la vie)
-
Présence d'espaces d'changes et réconfortants (Jeune et Rose)
- Légitimité de témoigner et de lâcher prise pour les bénéficiaires (Jeune et Rose)
- Une meilleure compréhension des situations et du vécus des patients par les professionnels de santé (Hôpital Bichat)
- Une meilleure connaissance du cadre légal lié à la pathologie par les professionnels de santé (Hôpital Bichat)
- Une remise en cause des postures et des pratiques professionnelles acquises antérieurement (Les Transmetteurs)
- Une meilleure capacité à "lire" les situations et à identifier les besoins des personnes accompagnées (Les Transmetteurs)
- Un renforcement de la capacité d'agir des professionnels sur le temps long (GHU Paris Saclay)
- La facilitation de l'administration des soins (La chaîne d'espoir)