Interview
Pierre Deleforge, co-fondateur de RézoSocial

Aller chercher des soutiens dans l'ESS et en dehors !

Publié le 15 janvier 2019 - Mise à jour le 17 janvier 2019
RézoSocial propose, depuis 2013, des parcours de retour à l’emploi professionnalisants sur des postes de techniciens ou développeurs informatiques. Aujourd'hui, RézoSocial c'est une trentaine de collaborateurs, dont près d’un tiers en contrat d'insertion, plus de 150 clients professionnels et un chiffre d’affaires annuel de plus d’un million d’euros. Pierre Deleforge nous explique comment la combinaison de programmes d'accompagnement du monde entrepreneurial “classique” et de l’Economie sociale et solidaire (ESS) a permis à la structure d’avancer vite et bien.
Image schéma étapes accompagnement Rézosocial
Pierre Deleforge, co-fondateur de RézoSocial

"Plus il y a de mélanges mieux c’est !"

« Nous sommes des techniciens à la base. Quand on a lancé RézoSocial, nous nous sommes concentrés sur notre métier, la partie technique et une gestion en bon père de famille », explique Pierre Deleforge, 46 ans, ingénieur de formation et un des co-fondateurs de l’entreprise d’insertion qui propose des services informatiques à haute valeur ajoutée, réalisés par des personnes en insertion (infogérance, développement de logiciels et sous-traitance aux grandes entreprises du numérique). Résultat : la communication ou la commercialisation n’ont pas été dans les priorités au moment du lancement, en 2013. « Nous connaissions le métier, les clients et nous savions que l’insertion pouvait y avoir sa place. Et ça a marché ! On a rapidement dégagé des bénéfices ». La volonté des deux associés était d’aller vite. Ils n’ont pas rejoint d’incubateur et s’en sont très bien sorti sans. Notamment grâce à leurs expériences précédentes, Pierre Deleforge ayant déjà dirigé une structure de l’IAE (Insertion par l'activité économique).

Mais par la suite, à différentes étapes de leur projet, ils ont su aller chercher un précieux soutien quand cela a été nécessaire. Que ce soit dans les réseaux de l’Economie sociale et solidaire (ESS) ou en dehors. RézoSocial est ainsi hébergé par la pépinière d’entreprises de la Chambre de Commerce et d'Industrie (CCI) de Paris, Soleillet. La structure bénéficie depuis début 2015 de conditions facilitantes pour l’accès aux bureaux et de rendez-vous réguliers avec un conseiller de la CCI. « Nous avons ainsi eu un suivi régulier de notre projet, des mises en relation, de la presse et ponctuellement nous avons pu recevoir des avis d’experts sur des questions précises sur des thématiques RH ou juridique ». « Un acteur de l’insertion ne doit jamais s’interdire d’aller voir en dehors de l’ESS », ajoute Pierre Deleforge. « Notre crédo c’est de dire que l’ESS peut et doit bénéficier de l’économie traditionnelle et de tout ce qu’elle fait de bien ! L’expérience, les passerelles, etc. Plutôt que de rester dans son coin. Plus il y a de mélanges mieux c’est. »

"Permettre une prise de recul"

Cependant, sur des thématiques liées directement aux spécificités de l’ESS, RézoSocial a été appuyée par les acteurs du secteur. La structure a ainsi bénéficié d’un DLA - Dispositif local d’accompagnement - en 2015, qui portait sur l’accompagnement des salariés en insertion et leur formation. « Le format est vraiment intéressant. Il a permis une prise de recul sur la manière dont on forme ses salariés, ce qui est central chez nous. »

RézoSocial a multiplié les reconnaissances et les prix. Trophées ESS de la ville de Paris, Jeune entreprise innovante, French Tech, Prix CréEnSo, PM’Up… à chaque fois à la clé des financements mais surtout un gain en visibilité et un accès à un réseau. En outre, grâce à France Active et à Paris Initiative Entreprise (PIE), l’entreprise d’insertion a bénéficié d’un accompagnement à la réflexion sur le financement, fin 2015. « C’était assez puissant comme accompagnement parce que c’était un peu le premier regard extérieur sur nos comptes ! », se souvient Pierre Deleforge. France Active est entrée au capital mi-2017. « A partir du moment où on a convaincu le comité d’investissement de PIE, cela nous a permis aussi d’obtenir un prêt du même montant de la BNP, sans même nous rencontrer ! La banque a fait confiance à l’analyse de France Active. »

"Nous ne nous sentions pas prêts à accompagner des personnes voulant dupliquer notre structure"

RézoSocial a donc continué sa croissance, employant aujourd’hui 30 personnes, dont un tiers de salariés en insertion. Nouvelle étape pour la structure : la volonté d’essaimer. « Nous savions que l’essaimage était un moyen fort de démultiplier notre impact social, avec l’idée d’accompagner un maximum de personnes », explique Pierre Deleforge.

D’où la candidature de l’entreprise au programme P'INS, proposé par l’Avise et la Fondation Macif pour les stratégies de duplication. « Nous n’étions pas préparés à accompagner correctement des personnes qui auraient voulu dupliquer notre structure. Nous nous posions beaucoup de questions sur les mécanismes financiers, statutaires, la répartition des compétences, la marque, etc. Clairement, nous avions besoin d’un accompagnement sur toutes ces dimensions ». Pendant 6 mois, les deux associés de RézoSocial ont donc été accompagnés par une salariée de l’Avise, leur proposant un regard différent, des questionnements sur leur projet. « Elle nous a challengé régulièrement, se souvient Pierre Deleforge. Les journées d’accompagnement avec des intervenants extérieurs et des thématiques précises étaient aussi très riches. L’ensemble a été un véritable coup de boost. D’autant que le mécanisme de financement permet aux fondateurs de se dégager vraiment du temps pour pouvoir réfléchir à l’essaimage. Dans une boîte de 30 personnes, il est essentiel que les dirigeants puissent le faire ».

>Télécharger le schéma des grandes étapes d'accompagnement de RézoSocial

Thématiques

Insertion par l'activité économique
Numérique

Abonnez-vous à notre newsletter

Et tenez-vous informé.e.s des actualités de l’Avise et/ou de ses programmes

Sélectionnez la newsletter de votre choix