Interview
Alimentation durable

C'est dans la MARmeet que naissent les meilleurs projets

Publié le 25 janvier 2021
Le Germoir (anciennement Afip), acteur reconnu de l'accompagnement ESS des Hauts de France depuis 20 ans, tient son nom d'un tiers-lieu nourricier situé à Ambricourt (62). On y trouve, entre autres, un espace test pour maraîchers en herbe, des ateliers de cuisine, mais aussi le projet MARmeet : une maison de l'alimentation qui accompagne la coopération et l'émergence d'idées en stimulant l'intelligence collective, soutenue par la Région Hauts-de-France dans le cadre du dispositif ACTE (accélérateur de coopérations territoriales économiques). Décryptage avec Noémie Hilmoine, du projet MARmeet.
Noémie Hilmoine du Germoir, Hauts-de-France
Partenaires de MARmeet, le Germoir

*Légende du schéma ci-dessus : bleu = collectif local informel ; orange = collectif régional d'acteurs de la sensibilisation et la formation ; rouge = consortium de l'AMI La Fabrique des territoires ; violet = partenariats spécifiques

Qu'est-ce que le projet MARmeet ?

Noémie Hilmoine : MARmeet est une Maison de l'alimentation en milieu rural, pour se rencontrer et partager. Une maison faite pour tous. Car tout le monde mange et donc tout le monde peut avoir quelque chose à dire concernant l'amélioration de l'alimentation sur son territoire. Mais au-delà d'un simple lieu, la MARmeet se définit plutôt comme un réseau informel d'acteurs qui font vivre l'alimentation durable en milieu rural.

Qui trouve-t-on dans ce réseau MARmeet ? 

Il y a d'abord un collectif de structures diverses du sud Pas-de-Calais qui s'est soudé autour de l'opération MARmeethon, un évènement de co-créativité organisé le 10 octobre 2020 avec l’agence Exaeco et soutenu par la Fondation de France, la région Hauts-de-France dans le cadre du dispositif INS'pir (Innovation numérique et sociale, projet d'initiative régionale), l’entreprise Desmazières, le conseil départemental du Pas de Calais et la communauté de communes du Haut Pays du Montreuillois. Ce groupe actif d'une quinzaine de structures compte continuer en 2021 un travail collectif d'animation et de mise en œuvre des projets issus du MARmeethon, en prenant soin d'aller vers les habitants et de leur donner l'opportunité d'agir, eux aussi, aux côtés des acteurs existants. Nous avons également initié une réflexion collective regroupant différents opérateurs régionaux autour des questions de sensibilisation et de formation comme BIO Hauts-de-France, A PRO BIO, Les sens du goût, De La Graine à l'assiette, le Groupement Qualité et la Maison Régionale de l'Environnement et des Solidarités afin de repenser ensemble nos modes d'action auprès des territoires, notamment dans le cadre des Projet Alimentaires Territoriaux (PAT) émergents.

Le consortium les Places à Vivres, composé du Ménadel, du Germoir et du Pop Café, s'est aussi créé autour d'une réponse commune à l'appel à projet de la Fabrique des territoires, dans une logique de compagnonnage et d'essaimage d'initiatives qui font vivre l'alimentation durable. Nous avons enfin noué des partenariats avec des acteurs spécifiques comme La Compagnie des Tiers-lieux, Pas de Calais Tourisme, le Centre Ressource du Développement Durable (CERDD) régional, l'entreprise Exaeco, l'association Croisons le Faire, etc. (voir schéma ci-dessus). La MARmeet a bien entendu vocation à s'ouvrir à d'autres acteurs partageant les mêmes valeurs et nous préparons une charte qui va dans ce sens.

Quel lien entre la MARmeet et l'accompagnement de projet ESS ? 

Le Germoir est reconnu depuis une vingtaine d'années sur l'accompagnement de projets ESS au sens large. Nous sommes aussi un facilitateur de collectifs qui met en lien des acteurs qui ne se parleraient pas forcément et accompagne le volet humain de projets collectifs agri-ruraux. Notre implication sur l'alimentation vient du fait que Le Germoir comprend entre autres un espace-test agricole et une production maraichère avec vente en circuit court. La MARmeet est née de ce lien entre l'émergence d'idées au sein du collectif et la thématique de l'alimentation.

Comment se concrétise la démarche de MARmeet ?

Nous avons lancé le projet en septembre 2019, en nous appuyant sur l'écosystème local et régional. Petit à petit, malgré les difficultés, nous avons fédéré ce groupe d'associations locales, dont les équipes ont toutes été formées à l'animation de temps de co-créativité. Nous avons pu réunir une soixantaine de personnes de tous horizons à l'automne pour le MARmeethon d'où sont sorties dix idées pour la transition alimentaire.

Désormais nous sommes dans la phase deux qui prolonge cette mobilisation citoyenne en allant chercher les porteurs de projet, en les accompagnant dans la connaissance de l'alimentation durable. C'est une démarche de co-construction qui part du terrain : on pressent l'idée, on teste et on construit ensemble pas à pas.

Autrement dit c'est l'idée qui précède le porteur de projet ?

Les groupes de travail étaient constitués de personnes issues de milieux très différents - alimentation, santé, tourisme, numérique, social, agriculture - ou parfois de "mangeurs" tout simplement. Passer d'abord par l'idée doit permettre d'entraîner un mouvement positif et actif autour de l'alimentation pour que des collectifs d'habitants s'en emparent. Nous voulons donner les moyens de faire à des porteurs de projet qui n'auraient pas forcément été repérés au préalable. La transition n'avancera qu'en donnant aux gens la capacité d'agir et l'envie de s'impliquer. L'objectif n'est pas d'emmener tout le monde, mais ce lien social est vraiment important. 

Comment identifier les porteurs de projet et quel impact sur l'accompagnement ?

Suite au MARmeethon, nous avons questionné notre cercle d'experts en formation et accompagnement sur les 10 idées émergentes : freins, facteurs de succès, partenaires potentiels. Nous avons ainsi pu formaliser des fiches-projet que nous espérons soumettre prochainement à toute personne intéressée lors d'un Temps de l'engagement. Notre message sera : "Une idée vous intéresse ? Venez et nous vous accompagnons par la mise en réseau et des visites inspirantes, jusqu'à la formalisation d'un premier groupe projet". 

Pour les porteurs de projet, le fait d'avoir accès à des lieux et des collectifs où il est possible de prendre la parole et de s'impliquer est très motivant. Bien sûr, il faut dénicher les gens qui vont souhaiter conduire ces projets. Mais il faut commencer par une démarche amont de rassurance. C'est l'externalité positive de ce type de mouvement : le sentiment d'appartenance à un collectif, un territoire. Cela permet de se mettre en mouvement personnellement au-delà de la simple volonté individuelle et d'incarner ensemble la transition.

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