Décryptage
Évaluation de l'impact social

Comment évaluer son impact social ?

Publié le 22 novembre 2019 - Mise à jour le 06 mai 2020
Dans un contexte de baisse des dépenses publiques, faire la démonstration de l’impact de son projet associatif devient un passage quasiment obligé. Ce n’est pas un exercice que les associations doivent subir. Il faut plutôt le considérer comme vecteur de de dynamiques collectives et d’innovation sociale. Un décryptage de l'Avise pour le magazine Associations Mode d'Emploi.

Cet article a été rédigé par Etienne Dupuis, chargé de mission à l'Avise pour Associations Mode d'Emploi, novembre 2019

Enjeu 1 : un exercice collectif

L’évaluation n’est pas un exercice neutre, c’est une démarche qui engage le projet de l’association et les personnes qui la composent. Évaluer, c’est avant tout interroger le sens de son action et de son engagement. La perception des impacts d’un projet ne sera pas forcément identique entre un bénévole, un salarié, un administrateur ou une personne accompagnée.

Une première bonne pratique consiste donc à mettre autour de la table ces différents points de vue pour répondre à une question simple : pourquoi faisons-nous tout ça ? De cet exercice doit ressortir une vision partagée et exhaustive des effets désirés du projet, ceux-là mêmes qui constitueront l’objet de l’évaluation.

Une deuxième bonne pratique consiste à associer dans la démarche ses partenaires (collectivités, financeurs, autres associations…), d’autant qu’il est difficile de concevoir l’impact de son projet de façon isolée. Confronter sa vision à celle de ses partenaires viendra compléter le spectre d’évaluation et être un levier fédérateur, notamment pour des collectifs d’associations.

Enjeu 2 : définir ses objectifs

Une évaluation est un projet en soi, devant définir des objectifs, un calendrier, et des moyens à consacrer. Elle doit faire l’objet de choix clairement explicités, notamment par l’équipe dirigeante et la gouvernance de la structure. La première question à se poser est celle de l’usage qui sera fait de l’évaluation, le « pourquoi évaluer ? ».

Dans une étude menée avec l’Agence Phare auprès d’une vingtaine de structures de l’économie sociale et solidaire, l’Avise a mis en avant deux grands usages de l’évaluation : un usage externe (recherche de soutiens, redevabilité vis-à-vis d’un financeur, communication…) et un usage interne (amélioration du projet, motivation des équipes et des bénévoles).

Sans surprise, l’usage externe est majoritaire au sein des structures. Un des principaux défis pour le monde associatif est donc de développer l’usage interne de l’évaluation.

Enjeu 3 : prévoir les moyens

La question des moyens à consacrer à l’évaluation est également primordiale car c’est souvent de ressources humaines ou financières dont manquent les associations. Des solutions existent comme le recours à des étudiants en sciences humaines ou le soutien méthodologique ou financier d’un partenaire. Les réseaux et fédérations associatives se saisissent également du sujet pour accompagner leurs adhérents et le conseil en évaluation d’impact social est en plein essor.

Il faut également établir clairement le calendrier de l’évaluation et ses grands jalons (par exemple la publication d’un rapport d’activité, une assemblée générale, le renouvellement d’un partenariat…) qui peuvent dépendre largement des moyens qui seront affectés.

Enjeu 4 : choisir une (ou plusieurs) méthode(s)

Rappelons ici un principe fondamental : il n’existe pas une seule et unique méthode pour évaluer son impact. On distingue généralement quatre grandes familles de méthodes, répondant à différents enjeux :

  • les méthodes qualitatives : entretiens individuels, groupes de parole, photo langage… Ces méthodes répondent à un enjeu de compréhension et de valorisation de l’action de l’association (par exemple chercher à mieux comprendre les effets d’un accompagnement sur des personnes bénéficiaires) ;
  • les méthodes quantitatives : elles se situent sur un enjeu de suivi d’indicateurs et de vérification de l’atteinte d’objectifs, fixés par la structure elle-même ou par un financeur (par exemple pour une structure d’insertion, il peut s’agir du taux de sortie positive vers l’emploi) ;
  • les méthodes de monétarisation : on trouvera ici l’analyse coût – bénéfice et le fameux « pour un euro investi, deux euros de retombées pour la société ». Mais la valeur monétaire n’est qu’un type de valorisation parmi d’autres, rien n’empêche d’en explorer de nouveaux ! (gains en temps, en ressources, valeur donnée par les personnes bénéficiaires…) ;
  • les méthodes par groupes de comparaison : on compare les résultats d’une action auprès de groupes de personnes bénéficiaires avec un groupe de personnes non bénéficiaires. Ces méthodes sont censées permettre d’établir un lien de causalité entre l’action de la structure et des résultats observés. Elles sont généralement utilisées dans le cadre d’expérimentations à grande échelle et peuvent s’avérer lourdes et coûteuses.

Ces méthodes ne sont pas exclusives l’une de l’autre, au contraire. Mais il faut savoir commencer modestement. Une petite structure peut par exemple suivre un nombre réduit d’indicateurs en parallèle de la conduite d’entretiens qualitatifs. L’évaluation doit se faire en adéquation avec ses moyens.

D’autre part, il est possible d’innover dans les outils de collecte de données et les mettre au service de l’accompagnement des personnes. L’Avise a par exemple réalisé une étude de cas sur l’outil « étoile de progression » utilisé par la fédération Adessadomicile dans le secteur de l’aide à domicile.

> A lire : Expérimentation de l’outil « étoile de progression des familles », étude de cas, Avise, 2016

Enjeu 5 : inscrire la démarche dans le temps

L’évaluation n’est pas un exercice ponctuel, c’est une démarche à entretenir. Afin d’éviter le syndrome du rapport finissant sur l’étagère, il est important de valoriser les enseignements de l’évaluation avec les parties prenantes à l’origine de la démarche et en déduire des actions concrètes : faire évoluer le projet associatif, développer de nouvelles actions, nourrir un travail de plaidoyer, embarquer des partenaires…

Un autre cycle d’évaluation peut alors débuter et une logique d’amélioration continue se met en place. En ce sens, l’évaluation devient un véritable outil au service des associations et du collectif.

> En savoir plus : le centre de ressources sur l'évaluation de l'impact social de l'Avise

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