Comment faciliter l’accès des acteurs de l’ESS à l’immobilier ?

Après une multiplication d'espaces dédiés aux entreprises traditionnelles, c'est maintenant au tour des structures de l'économie sociale et solidaire d'accéder aux lieux mutualisés. Les collectivités locales, et notamment les Conseils régionaux, sont en première ligne dans la mise à disposition de projets immobiliers spécifiques. La Région Languedoc-Roussillon a été l'une des précurseurs en lançant il y a un an Réalis (Réseau actif pour l'innovation sociale). Installé sur 3 500 mètres carrés, ce lieu est consacré à la création et au développement de ces structures. Il propose une pépinière pour les jeunes pousses, des espaces d'affaires et de "coworking" pour les étudiants et porteurs de projets, un espace dédié aux entreprises les plus matures (hébergement, mise à disposition de services mutualisés, d'espaces communs), et un centre de ressources.

18 entreprises accompagnées à Réalis

Après un an de fonctionnement, le pôle a déjà reçu 25 000 visiteurs. 18 entreprises, dont Cleaning Bio, La feuille d'érable, Terres des Andes et D'ailleurs, y sont installées et 100 porteurs de projets ont été accompagnés. 900 000 euros de financement ont été distribués. "Ce pôle est à la fois un contenu et un contenant assez exceptionnel," assure ainsi Hélène Giral, vice-présidente déléguée au développement économique et à l'économie sociale et solidaire au Conseil régional de Languedoc-Roussillon. Il faut dire que la Région y met les moyens : une équipe de cinq personnes, issues du service ESS de la Région, est dédiée au pôle. Coût global du projet : 10,5 millions d'euros, dont 8 millions d'euros sont apportés par la Région, le reste est issu du Fonds européen de développement régional (FEDER). L'accompagnement prend une place importante dans le projet. "Nous savons statistiquement qu'un projet accompagné a un taux de survie à trois ans supérieur égal à 80% contre moins de 50% pour une entreprise non accompagnée," insiste Hélène Giral. La Région a même décidé d'augmenter la durée d'accompagnement des structures, qui est passée de trois à cinq ans.

Rendre plus visible, mutualiser et changer d'échelle

Autre exemple de projet d'envergure : la Cité de l'autre économie de Dijon, soutenue par la Région Bourgogne à hauteur de 36 000 euros. Le projet est destiné à faire émerger, d'ici 2017, un lieu inédit sur 3 500 mètres carrés, disposant d'un centre commercial éthique, de bureaux, temporaires et permanents, et de logements locatifs. De la même façon que Réalis, la Cité offrira des services d'accompagnement et des formations aux entrepreneurs sociaux pour les aider à se développer. Elle prévoit aussi d'accueillir des entreprises traditionnelles, pour favoriser les échanges entre les deux secteurs. Une démarche qui d'après le Conseil régional de Bourgogne permet de favoriser les coopérations économiques, de décloisonner et de mieux assurer la viabilité économique du projet. Les porteurs de la Cité de l'autre économie souhaitent ainsi trouver un modèle économique non dépendant de la subvention publique. Principaux atouts de la démarche : la création d'une vitrine de l'ESS avec une meilleure visibilité des acteurs en un lieu unique, la mutualisation des coûts, et la possibilité à terme pour les entreprises de changer d'échelle.

Les Villes se mobilisent aussi

Les Régions ne sont pas les seules collectivités à s'emparer de ces questions d'immobilier d'entreprises pour le secteur de l'ESS. Des Villes se mobilisent également. Paris, en partenariat avec la Région Ile-de-France, a ainsi mis en place récemment un espace collaboratif, LUTESS, dédié aux entreprises, associations, coopératives, mutuelles et fondations de l'ESS. 37 lots, de 20 à 68 mètres carrés font actuellement l'objet d'un appel à candidatures. Autres exemples : le nouveau pôle de l'ESS de Nantes, Solilab, de 9 000 mètres carrés, qui bénéficie du soutien de Nantes Métropole, et la nouvelle pépinière d'entreprises de Bordeaux, Le Campement, dédiée aux métiers de l'économie verte, du développement durable et à l'innovation sociale, soutenue financièrement par la ville.

Des projets originaux collectifs peuvent aussi émerger, comme le tiers-lieu Ici Montreuil. Ce lieu d'un nouveau genre accueille des artistes, artisans, entrepreneurs sociaux et start-ups de la création sur 1 700 mètres carrés. Objectif : créer une filière de production locale pour soutenir la communauté des créateurs. La Ville de Montreuil et la Communauté d'agglomération Est Ensemble sont entrées au capital de la société coopérative d'intérêt collectif (SCIC), Made in Montreuil, qui gère le projet, pour un total de 30 000 euros. Et les services techniques des collectivités interviennent pour simplifier certaines démarches. Espace de coworking, atelier d'artiste ou mini-usine, difficile de définir ce nouveau lieu qui préfigure peut-être l'espace de demain de l'autre économie.

Emilie Zapalski, journaliste

Pour aller plus loin

Cité de l'autre économie
Agostino Burruni, chef de projet
Tél. : 03 80 59 62 20, courriel : ab.citeautreeconomie@gmail.com
Découvrir l'article ESS en Région consacré à la Cité de l'autre économie.

Conseil régional de Bourgogne
Lucien Da Ponte, chef de service ESS, artisanat, RSE
Tél. : 03 80 44 33 61, courriel : ldaponte@cr-bourgogne.fr

Conseil régional du Languedoc-Roussillon
Hélène Giral, vice-présidente déléguée au développement économique et à l'économie sociale et solidaire
Tél. : 04 67 22 80 00, courriel : giral.helene@cr-languedocroussillon.fr