Epiceries sociales et solidaires : demain, quel modèle ?
Après avoir étudié des expériences d'épiceries innovantes, le Pôle de l'économie solidaire Active a organisé un évènement de restitution le mardi 19 septembre à Chalon-sur-Saône. 30 épiceries sociales et solidaires de Bourgogne-Franche-Comté, les services de l'Etat et le Conseil régional ont répondu présents à l'invitation. L'occasion d'en savoir plus sur cette première phase d'expérimentation.
Pourquoi avoir entamé cette démarche de co-construction ?
Céline Lauvergner : Avec la crise économique et la baisse des subventions publiques, les besoins des épiceries solidaires augmentent en nombre de bénéficiaires, en qualité et diversité de produits. En parallèle, la Loi sur la lutte contre le gaspillage alimentaire offre de nouvelles opportunités en incitant les grandes et moyennes surfaces à donner leurs invendus. Tout cela vient réinterroger le modèle économique et social des épiceries.
Depuis 2014, nous avons donc commencé à travailler avec le collectif régional des épiceries sociales et solidaires de Bourgogne sur l'adaptation de leur modèle à ce contexte. Dans un premier temps, nous avons organisé des temps d'échange de pratiques, puis dans un second temps, des interventions thématiques sur des besoins spécifiques : ressources humaines, mécénat, etc. Ce travail a fait naître l'envie de coopérer entre les épiceries sur des sujets tels que l'échange de marchandises ou le bénévolat mutualisé par exemple.
En 2017, Active a travaillé sur la compilation de l’ensemble des bonnes pratiques visant à la pérennité de ces structures dans le cadre d’un guide (un outil utilisable « à la carte » et « par phase ») et a illustré le travail mené dans les commissions avec les épiceries à travers des vidéos.
Quelles sont les pistes identifiées pour rendre le modèle de ces épiceries plus viable ?
Première piste : les clients solidaires, qui acceptent de payer les produits à un prix plus élevé que les clients en situation de précarité. Cela amène à aller voir de nouveaux clients et à développer le métier de commerçant. Cela pose aussi la question du système juridique et fiscal de ces structures.
D'autres pistes sont envisagées : aller vers des financements privés - les épiceries solidaires disposent de l'agrément d'intérêt général -, développer des partenariats avec de nouveaux fournisseurs dans la grande distribution ou encore faire réseau entre les épiceries pour grouper les achats.
Le Pôle Active élargira l'expérimentation à la Franche-Comté fin 2017. A partir de 2018, nous accompagnerons une dizaine d'épiceries solidaires pour les aider à se développer. Attention, il n'y aura pas de modèle unique : chaque épicerie a ses spécificités et est adaptée à son territoire.
Cet accompagnement individualisé a pour support le guide et un mesureur de pratiques. Cet outil, en cours de réalisation, permettra aux épiceries accompagnées de déterminer les points à travailler et d'évaluer les marges de progression et les progrès accomplis au fur et à mesure.
Quels sont les partenaires impliqués ?
La démarche est cofinancée par la Fondation Carrasso, les services de l'Etat (la Direction Régionale de l'Alimentation, de l'Agriculture et de la Forêt sur le volet alimentation et antigaspillage et la Direction Régionale de l'Environnement, de l'Aménagement et du Logement sur l'axe aménagement du territoire et développement durable) et le Conseil régional Bourgogne-Franche-Comté.
La Région cofinance au titre de l'ESS. Son objectif est de pérenniser l’offre de services proposée par les épiceries avec un modèle économique et social viable sur le marché actuel. Elle participe à hauteur de 40% du budget global de l'expérimentation qui se déroule sur 28 mois, de septembre 2016 à décembre 2018. Au-delà du rôle de financeur, la Région nous appuie dans nos actions de communication et pour certains besoins techniques.
Propos recueillis par Pauline BIAN-GAZEAU
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Pôle Active
Céline Lauvergner, Chargée de projets
03 85 90 05 50
celinelauvergner@eco-solidaire71.org