Gecco, entreprise sociale soutenue par la Région
Vous allez prochainement lancer une expérimentation avec la Ville de Lille. Demain, tous au biodiesel ?
La Ville de Lille nous a mis à disposition trois véhicules. Ils vont rouler avec notre biodiesel produit sur le territoire à partir des huiles usagées collectées dans des usines et des restaurants.
Jusqu’à présent, nous avons travaillé en laboratoire pour inventer un procédé éco-conçu. Nous passons à présent à la phase expérimentale, au sein d’une véritable unité de démonstration semi-industrielle.
Comment se sont développées vos relations avec le conseil régional ?
Nous faisons appel aux financements publics de manière générale car nous ne pouvons pas gérer toutes les opérations seul. Nos marchés ne sont pas extrêmement rémunérateurs, et si nous voulons maximiser l’impact social et environnemental de notre projet, il faut que tout le monde se mette autour de la table. Nous avons ainsi des financements de la Métropole lilloise, de la Caisse des Dépôts, de la Commission européenne, et de la Région.
Le conseil régional et Gecco se connaissent depuis longtemps, car nous sommes allés les voir à chaque moment important de notre développement. Ils ont vu notre évolution, constaté qu’on pouvait aussi les aider à favoriser un développement économique équilibré. Nous avons aussi développé des liens importants grâce à la Troisième révolution industrielle (« Rev3 »), un programme co-porté par la Région et CCI Hauts-de-France.
Justement, avez-vous également perçu des financements liés à la compétence « développement économique » de la Région ?
Le conseil régional des Hauts-de-France nous a financé plus récemment le démonstrateur pilote de production de biodiesel, ainsi qu’une étude pour analyser la faisabilité de mettre en place une filière complète en région. Le projet consiste à valider localement notre savoir-faire, pour ensuite pouvoir l’essaimer, grâce cette fois à des fonds de la Commission européenne. Le conseil régional nous a aidé à augmenter la puissance de frappe de Gecco.
Vous avez donc des projets d’essaimage dans d’autres pays ?
Nous sommes actuellement, avec un consortium d’acteurs français et belges, lauréats d’un appel à projets intitulé BIOHEC-LIFE, qui vise à mettre en place une filière d’économie sociale fondée sur le recours aux huiles alimentaires usagées pour la production de carburant respectueux de l'environnement. Les objectifs sont notamment de valider un prototype éco-conçu permettant de produire du biodiesel et de préparer son changement d’échelle en Europe. C’est ce sur quoi nous travaillons, en cherchant à augmenter notre capacité de production.
Diversifiez-vous les types de déchets que vous souhaitez valoriser ?
Nous cherchons à nous développer en France sous une bannière commune (« Gecovalim ») à travers des partenariats. L’idée n’est pas forcément d’aboutir à du biodiesel, mais de valoriser les flux locaux de déchets de la restauration pour produire de l’énergie locale. Il peut s’agir également de marc de café et de biodéchets visant à produire des combustibles ou du biogaz. Par exemple, en Ardèche, nous travaillons avec l’association Huilétic, pour produire de l’huile de chaîne de tronçonneuse, car il y a de nombreuses forêts sur le territoire. Nous sommes également présents en Ile-de-France avec la start-up Love your waste et à Lyon avec Ecovalim.
POUR EN SAVOIR PLUS
- Rencontre autour de la RSE avec Julien Pilette sur le site d’Alliances
- Vidéo de présentation
LE POINT DE VUE DE LA RÉGION
« Gecco a construit un modèle économique pérenne »
"La Région Hauts-de-France est intervenue directement auprès de Gecco à plusieurs reprises. Par exemple à travers le Contrat d’appui au développement de l’ESS (CADESS), nous lui avons accordé en 2010 une aide de 40 000 euros. Ce dispositif consistait à appuyer le développement des entreprises de l’ESS en leur accordant une aide à l’investissement. Elle était basée sur des critères liés à la création d’emploi. Gecco avait prévu d’embaucher 5 personnes, et c’est ce qui a été réalisé. Parallèlement, la direction de l’environnement a financé l’unité de production du biodiesel actuellement en expérimentation et une étude du gisement d’huile alimentaire usagée et des potentiels de consommation de biodiesel par les collectivités locales sur le territoire régional. Indirectement, la Région a également soutenu l’entreprise sociale car elle finance Nord Actif, structure du réseau France Active qui lui a accordé une garantie d’emprunt bancaire ainsi qu’un prêt.
Aujourd’hui, avec le nouveau périmètre de la Région, nous continuons de suivre et d’accompagner le développement de Gecco notamment dans le sud du territoire. Il est important, en tant que conseil régional, de poursuivre notre soutien, car l’entreprise sociale a construit un modèle économique pérenne en bénéficiant de financements publics. C’est un bon exemple à suivre et à essaimer !
Pour favoriser l’éco-système de l’ESS des Hauts-deFrance, la Région proposera prochainement de nouvelles aides afin de faire émerger ou se développer, comme pour Gecco, des entreprises de l’ESS pérennes et créatrices d’emploi."
Quentin Pille, Chargé de mission Economie Sociale et Solidaire à la Direction des Partenariats Economiques, Région Hauts-de-France
Propos recueillis par Sébastien Lévrier