Groupe Colas : clauses sociales, GEIQ et intérim d’insertion
La démarche en 6 questions à Antoine Cristau, en charge de l’innovation RH et de la RSE au sein du groupe.
Comment est structurée votre politique d’achats socialement responsables vis-à-vis des acteurs de l’économie sociale et solidaire ?Notre direction achats a complètement intégré cette question dans ses activités. Il y a un travail en transversalité avec la mission diversité, dont l’objectif est de renforcer le rôle d’acteur et d’employeur responsable du groupe. L’insertion socioprofessionnelle relève donc à la fois des achats et des ressources humaines.
En ce qui me concerne, par exemple, j’anime un réseau de correspondants Diversité dans nos filiales, avec lesquels j'échange notamment à propos du suivi des conventions signées avec l’AGEFIPH. Le directeur des achats participe à nos comités de pilotage de la même manière qu’il m’invite à ses réunions achats.
Au niveau de l’évolution de notre politique, nous sommes passés depuis septembre 2014 d’une convention globale avec l’AGEFIPH à dix conventions terrain, c’est-à-dire déployées dans une logique inter-filiales, avec des plans d’actions précis construits localement.
Quelles sont vos actions en ce qui concerne l’Insertion par l'Activité Économique (IAE) ?
Nous avons signé en 2012 une convention de partenariat avec Adecco Insertion afin de mieux mettre en œuvre les heures d’insertion prévues par les marchés à clause sociale que nous remportons. Nous essayons à chaque fois de proposer des missions d’intérim d’insertion de trois ou quatre mois et, si c’est concluant, nous essayons de basculer la personne en contrat de professionnalisation.
C’est la raison pour laquelle nous nous sommes intéressés aux Groupement d'employeurs pour l'insertion et la qualification (GEIQ) et avons signé, en 2014, une convention de partenariat avec la Fédération française des GEIQ.
En quoi consiste cette convention ?
Le rôle du siège est d’impulser des démarches, d’ouvrir des voies, et d’aider les filiales à s’approprier certains sujets ; nous sommes dans une organisation très décentralisée. Quand nous avons signé le partenariat avec la Fédération française des GEIQ, nous avons élaboré une convention nationale, assez courte, qui avait en annexe un modèle de convention régionale. Ces documents ont des objectifs opérationnels non chiffrés, qui visent à rappeler les obligations respectives de chaque partie, détailler les procédures d’accueil et les modalités de l’accompagnement socioprofessionnel des personnes éloignées de l’emploi, expliquer comment se déroulent les phases de découverte des métiers, etc.
C’est une boîte à outils qu’on a mis au service de nos filiales et des GEIQ qui permet de structurer des partenariats déjà anciens avec ces acteurs associatifs.
La première convention en région a été signée par Colas Rhône-Alpes-Auvergne, mais d’autres ont suivi : Colas Centre-Ouest, Colas Est, etc. À partir du moment où le document est mis en place, cela signifie que nos établissements de travaux adhèrent aux GEIQ Batiment et travaux publics locaux.
L’idée derrière tout cela est de mieux répondre aux clauses sociales mais aussi de favoriser l’interconnaissance entre Colas et l’IAE. L’insertion, ça ne s’improvise pas ! Le GEIQ nous est apparu comme un bon moyen de mutualiser les ressources humaines relevant de l’IAE avec d’autres entreprises et de construire des parcours qualifiants pour les bénéficiaires.
Concrètement, qu'est-ce que ce partenariat a donné ?
Nous signons en moyenne une centaine de contrats de professionnalisation avec les GEIQ chaque année et avons réalisé en 2013, à travers les clauses, plus de 500 000 heures d’insertion. Au niveau régional, Colas Centre-Ouest a par exemple signé sur son périmètre 35 contrats de mise à disposition avec les GEIQ et réalisé au travers de ses clauses sociales plus de 90 000 heures d’insertion, soit l’équivalent de plus de 50 personnes à temps plein.
Concrètement, nous avons par exemple un contrat de professionnalisation qui s’achève sur un marché à Perpignan qui intégrait des clauses sociales. Nous avions plusieurs projets avec le conseil départemental et les heures d’insertion ont été globalisées, ce qui nous a permis de construire un parcours plus qualitatif par l’intermédiaire d’un GEIQ, avec un jeune qui a suivi une formation de compagnon.
Dès que le contexte le permet, nous essayons d’intégrer la personne en contrat de professionnalisation dans nos équipes, à l’issue de son parcours, notamment afin de valoriser le temps consacré à sa formation.
Comment évoquez-vous la mise en œuvre des clauses sociales auprès de vos responsables opérationnels ?
L’une de mes activités au sein de la mission diversité est d’animer, sur différents territoires, des ateliers-formations de réponse aux clauses sociales pour nos chefs d’établissement, nos responsables RH, les exploitants, etc. Ces événements associent des facilitateurs, des représentants de GEIQ et d’ETTI pour favoriser l’interconnaissance et les solutions concrètes. Je suis convaincu que l’on peut faire des choses intelligentes si on s’en donne les moyens, si on se rapproche des bons interlocuteurs.
Quels bénéfices tirez-vous de la mise en œuvre des clauses sociales ?
La clause sociale a déjà comme intérêt de représenter un vecteur de sourcing de candidats potentiels pour notre politique RH, mais ce n’est pas tout. Nous travaillons pour le secteur public, on ne peut donc pas se désintéresser de l’intérêt général. Ce dispositif nous permet ainsi d’être un véritable acteur de la vie économique et sociale locale, en participant au retour à l’emploi des personnes qui sont éloignées du marché du travail ; c’est notre engagement socialement responsable.
>> En savoir plus : consultez le site internet du groupe Colas et le communiqué de presse relatif aux conventions de partenariat avec les GEIQ en faveur de l’insertion professionnelle.