J'adopte un Projet : la finance participative au service de projets à fort impact social
J'adopte un Projet : le fruit d'une réflexion collective
Depuis sa création, la plateforme J'adopte un Projet a accompagné plus de 140 projets de territoire en Nouvelle-Aquitaine grâce à des campagnes de financement participatif. En 2017, les campagnes de la plateforme atteignaient en moyenne 3200€ récoltés par projet avec un taux de réussite de 73%. Ce montant rejoint les moyennes nationales pour les dons avec contrepartie, selon Justine Pelleray, directrice de la plateforme.
Initiée par la Région Nouvelle Aquitaine, l'Union régionale des SCOP, Insertion Poitou-Charentes Active (IPCA, réseau France Active), le Crédit Coopératif, la Chambre Régionale de l’Économie Sociale et Solidaire (CRESS), l'Association Régionale des Cigales et l'Association pour le Droit à l’Initiative Économique (ADIE), cette plateforme est portée par une association créée collectivement : l'ADEFIP (Action pour le Développement Économique par la Finance Participative).
Pascal Duforestel, Conseiller régional délégué à l'Economie Sociale et Solidaire en Nouvelle-Aquitaine, explique cette initiative : « Les plateformes de finance participative ont connu depuis quelques années une progression en nombre, en forme (don, prêt et equity[1]) et en montants mobilisés, mais essentiellement en dehors de l'ESS. C'est tout l'intérêt du projet de l'ADEFIP que de concilier la modernité et l'utilité des plateformes avec la solidarité et les valeurs inhérentes à l'ESS. » Cette plateforme souhaite en effet placer l'humain au cœur de l'économie et défendre des valeurs de démocratie et de solidarité.
Si tous les projets accompagnés par J'adopte un Projet ne relèvent pas forcément du domaine de l'ESS, ils sont pour la plupart des projets de TPE et doivent avoir une plus-value sociale, culturelle ou environnementale.
Une plateforme de financement participatif hors norme
Qu'est-ce qui différencie J'adopte un Projet des autres plateformes de financement participatif ?
Les projets, d'abord, sont repérés par les organisations membres de l'association, dont une vingtaine sont prescriptrices[2].
Ces organisations procèdent à un premier diagnostic de la situation financière du projet et de sa viabilité. L'accompagnement, ensuite, se situe bien au-delà de la récolte de la somme prévue. J'adopte un Projet met à disposition de chaque porteur de projet un-e chargé-e de mission dédié-e. Le porteur est ainsi guidé à travers différentes étapes de construction et de consolidation de son projet :
- identification des réseaux mobilisables autour du projet ;
- définition d'une stratégie de communication et d'un rétro-planning sur la période de la campagne ;
- définition d'un objectif financier.
Justine Pelleray défend une vision utile sur le long terme : « Lorsque nous accompagnons les porteurs de projet, nous voulons qu'ils montent en compétence. Notre accompagnement doit servir les objectifs de la structure au sens large, au-delà de la campagne. En particulier pour la TPE où le chef d'entreprise est bien souvent seul ou presque pour gérer aussi bien l'administration que la commercialisation ou la communication. »
La question du numérique et des réseaux sociaux est au cœur des stratégies de communication, mais aussi de la structuration des projets. Pascal Duforestel voit la dimension numérique avec une approche transversale au niveau de la Région : « L'ADEFIP accompagne les porteurs sur cette dimension du numérique en lien avec les partenaires apporteurs d'affaires. C'est incontournable. »
Un projet, une communauté
La finance participative permet aussi de générer des effets de communautés de citoyens sur le territoire, surtout lorsque les projets revêtent une dimension ESS. Parmi ceux qui ont été soutenus récemment par J'adopte un Projet, Justine Pelleray en retient quelques-uns pour leur engagement sociétal :
« Nous avons accompagné une coopérative qui s'appelle The Peak, à côté de la Rochelle, qui a levé plus de 10 000 €. C'est un espace-aventure en salle accessible à tous types de handicap. Il y a, par exemple, un parcours-aventure avec des tyroliennes accessibles aux personnes en fauteuil. Le projet Nerri, dans les Pyrénées-Atlantiques, porté par une jeune association oeuvrant pour la biodiversité dans les sources et les rivières, consiste en un voyage en canoë pour collecter des micro plastiques qui se trouvent dans les rivières et les analyser. L'année passée a aussi vu la naissance d'une épicerie vrac zéro déchet, L'Effet Bocal, ainsi que d'un chantier d'insertion, Serres Energies, pour permettre aux jeunes d'avoir un premier emploi. Le sens de pareilles initiatives au niveau local est évident. »
Tahar Mezhoud, Chef de service ESS Nord pour la Région Nouvelle-Aquitaine, ajoute : « Une plateforme comme J'adopte un Projet permet aussi de mobiliser les paroles citoyennes. ». L'aspect « participatif » prend ici tout son sens.
La plateforme J'adopte un Projet pourrait-elle constituer une autre façon d'être à l'écoute des aspirations des habitants pour les collectivités ? Comment ces projets pourraient-ils résonner au niveau régional ?
Pascal Duforestel explique : « A mon sens, une communauté de citoyens a du sens au niveau local uniquement, au même titre qu'un club Cigales. En revanche, cela aurait sans doute du sens de créer au niveau régional un réseau de porteurs ayant mené une collecte pour échanger, parler du financement de projets... » C'est d'autant plus le cas que l'influence de la plateforme essaime de plus en plus sur l'ensemble du territoire régional, avec de nouvelles antennes à Limoges et Bordeaux pour être au plus proche des porteurs de projets locaux. Affaire à suivre !
Marie Bohner
[1] Don, prêt avec ou sans intérêt et investissement en capital
[2] La liste complète des partenaires, précisant les prescripteurs, est à trouver sur le site de J'adopte un Projet