Interview
Ruralités

La Fondation FACE, pour l'engagement des entreprises en milieu rural

Publié le 10 décembre 2020 - Mise à jour le 14 décembre 2020
La Fondation FACE réunit depuis 26 ans des acteurs publics, privés et associatifs dans la lutte contre l’exclusion, les discriminations et la pauvreté. En 2020, elle a engagé un cycle de travail sur l'engagement des entreprises dans les territoires ruraux, notamment en lien avec les acteurs de l'ESS. Retour sur la démarche avec Laurence Drake, Déléguée Générale de la Fondation Agir Contre l’Exclusion.

Pourriez-vous présenter brièvement la Fondation FACE et ses thématiques prioritaires d’action ?

La Fondation FACE, reconnue d’utilité publique, réunit des acteurs publics, privés et associatifs dans la lutte contre l’exclusion, les discriminations et la pauvreté. Depuis 26 ans, elle est un lieu unique de rencontre pour les entreprises et les acteurs publics agissant sur ces champs, constituant le plus grand réseau français d’entreprises engagées socialement. En 2019, près de 9 500 entreprises étaient engagées aux côtés de FACE dans une quête de solidarité, de cohésion sociale, d’égalité des chances et de traitement, agissant en faveur de plus de 357 000 personnes en difficulté.

FACE est un écosystème original composé de la Fondation et de son réseau : une cinquantaine de structures locales, ainsi qu’une quarantaine de fondations sous son égide. La Fondation répond aux besoins des bénéficiaires là où ils vivent, dans des lieux parfois enclavés, notamment dans les quartiers prioritaires de la politique de la ville (QPV) ou encore dans les territoires ruraux

Jeunes issus de milieux défavorisés, demandeurs d’emploi, réfugiés, migrants, femmes victimes de violences, personnes en situation de handicap, personnes âgées, isolées, dépendantes… FACE déploie des actions qui visent à répondre à la diversité des besoins rencontrés par nos bénéficiaires afin de recréer du lien social, leur garantir l’égalité des chances et le plein exercice de leurs droits et rompre l’isolement et la précarité

Dans une approche de tiers-lieu de l’action solidaire, FACE contribue à fluidifier les échanges entre acteurs publics, acteurs privés et acteurs de l’économie sociale et solidaire (ESS) dont font partie les fondations et associations. 

Vous avez initié des travaux sur l’engagement des entreprises en milieu rural, pourquoi ce thème ? 

Les territoires ruraux occupent plus de 70% du territoire national mais restent sous-investis en matière de dispositifs favorisant l’engagement des entreprises qui ont pourtant un rôle majeur à jouer aux côtés des acteurs dans les zones rurales. 

Les structures territoriales de FACE sont sollicitées pour travailler en concertation avec des acteurs privés et publics et lancer des initiatives solidaires dans et sur ces territoires. C’est le cas par exemple dans l’Aveyron, le Limousin, ou encore sur les territoires du Bourbonnais ou de la Thiérache. Au niveau national, la Fondation contribue à l’évolution des politiques publiques et constate que la plupart d’entre elles portent prioritairement sur les villes et notamment les métropoles. Si elles sont nécessaires, elles ne prennent que très rarement en compte les besoins spécifiques liés à la ruralité.

C’est tout cet ensemble d’actions qui nous a convaincus d’entamer une réflexion approfondie sur les zones rurales en partenariat avec la fondation Mutualia Grand Ouest, sous égide de FACE. Nous avons travaillé conjointement à l’élaboration d’un Livre blanc dédié à l’engagement des entreprises en ruralités, dans le cadre d’une étude de cas portant sur le Morbihan, alimentée par des ateliers réunissant acteurs nationaux et morbihannais (à Hennebont, Pontivy et Vannes).  

Nous avons pu partager le fait que, loin d’être des « territoires où il ne se passe rien », les zones rurales sont riches d’initiatives variées, portées par des structures de l’ESS, par des collectivités et parfois même par des entreprises. L’un de nos autres constats : l’engagement des entreprises ne peut pas se faire exactement de la même manière dans QPV et dans les villages. Pour maximiser son impact tout en maîtrisant les coûts de son action, l’entreprise doit mutualiser son intervention avec d’autres acteurs publics et privés et ainsi développer une stratégie d’alliance.

Quel est l’objectif de ces travaux ?

Ce livre blanc, nous l’envisageons comme une boîte à outils permettant de favoriser, mutualiser et enraciner l’engagement de partenariats sur les territoires ruraux. Nous souhaitons participer à la coordination d’actions et au renforcement des liens entre les différents acteurs.

Dans cette perspective, nous avons organisé 3 webinaires en novembre 2020 sur 3 thématiques issues des ateliers locaux :

15 intervenants (dont l’Avise) –  élus locaux, grands groupes, acteurs de l’ESS, petites et moyennes entreprises, établissements publics, fondations, associations – ont pris la parole durant ces webinaires pour partager initiatives, envies d’agir et projets pour 2021. Nous en profitons pour tous les remercier, ainsi que les 150 participants qui les ont suivis. 

La suite ? Fédérons un mouvement d’entreprises engagées sur les territoires ruraux en lien avec les acteurs locaux !

Votre dernier webinaire sur ce thème se focalisait sur l’économie sociale et solidaire (ESS), quel lien faites-vous entre ESS et engagement des entreprises en milieu rural ?

Nous l’avons souligné lors du webinaire, la lutte contre l’exclusion et l’isolement en milieu rural repose en grande partie sur le dynamisme des associations, entreprises de l’ESS, en lien avec l’ambition des élus locaux, les politiques publiques (agenda ruralité, la France une Chance, …) et les initiatives citoyennes

La Fondation FACE porte ces sujets de longue date et nous estimons que l’ancrage territorial est sans doute l’un des vecteurs d’engagement le plus puissant pour les entreprises. En tout cas, les entreprises FACE s’engagent en général dans la durée et contribuent autant qu’elles le peuvent en faveur du tissu local.  Elles permettent notamment à leurs collaborateurs de soutenir des associations de proximité, de faire valoir leurs compétences, de soutenir des initiatives qui donnent du sens à leur activité professionnelle, autant d’actes qui conduisent les entreprises vers une solidarité circulaire. Les allers-retours entre salariés ou chefs d’entreprises, demandeurs d’emploi, jeunes en réflexion quant à leur avenir, salariés d’associations, élus locaux… sont profondément créateurs de valeur à la fois sociale et économique. 

Mais le phénomène de l'exclusion ne tarit pas. Ceux qu’on appelle aujourd’hui « les invisibles » sont ceux-là mêmes qui étaient invisibles il y a 30 ans : les familles monoparentales, les chômeurs de longue durée, les personnes en situation de handicap… Le rôle des acteurs de l’ESS dans ce cadre est fondamental pour faire le lien entre les personnes en situation d’exclusion et les entreprises, pour faire se rencontrer des mondes qui ne se croisent que peu, et pour avoir un impact réel sur la vie des habitants rencontrant des difficultés multiples. C’est ce que font depuis 26 ans les clubs FACE, avec d’autres, sur leurs territoires, comme vous l’avez montré avec le projet TRESSONS

La crise que nous traversons met en lumière la nécessité d’agir de manière collective et locale, à la fois par des expérimentations menées en coalition, mais également en pérennisant des solutions qui ont fonctionné sur le temps long. C’est à cet aller-retour entre réflexion et prise d’initiatives concrètes que nous souhaitons inviter nos partenaires pour 2021. Ensemble, faisons face !
 

Propos recueillis auprès de Laurence Drake, Déléguée Générale de la Fondation Agir Contre l’Exclusion. 

> Découvrir le Livre blanc sur l'engagement des entreprises en ruralités

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