La Traverse, vers la transition écologique et solidaire
En quoi consiste le projet ?
Maxime Verdin, membre co-fondateur de La Traverse :
La création de l’association La Traverse, en mai 2019, a été le résultat d’une réflexion engagée par huit camarades de promotion (master Stratégies Territoriales et Urbaines de Sciences Po), sur la nécessité de penser de façon territorialisée les réponses aux enjeux écologiques et sociaux. Notre objectif est d’accompagner les territoires dans leurs démarches de transition écologique et sociale, pour accroître leur résilience face aux effets conjoints du dérèglement climatique et de la fin de l’accès à une énergie abondante et bon marché. Nous avons fait le choix d’agir principalement au niveau des territoires ruraux, souvent mis à l’écart des réflexions sur les stratégies territoriales et pourtant essentiels à la mise en place de modèles résilients de développement.
En parallèle de la série radio, nous développons un volet d’accompagnement des collectivités. Par exemple, nous travaillons en ce moment à la réalisation d’une grille d’analyse de la résilience locale, qui répertorie les axes stratégiques et actions à mener localement pour améliorer la résilience. Cet outil peut être repris et adapté en collaboration avec des acteurs locaux, dans le cadre de l’élaboration de projets de territoire. Sur un autre registre, nous organisons aussi des occupations temporaires d’espaces vacants, destinés à favoriser l’émergence d’usages correspondant aux enjeux de transition et aux besoins locaux.
Quel est l’intérêt de la série radio ?
Nous avons commencé en septembre 2019 un tour de France des territoires ruraux, dont le but est de comprendre les enjeux et besoins propres aux « campagnes », et de connaître les ressources à mobiliser dans une perspective de transition. Nous restons une semaine sur chaque territoire, au cours de laquelle nous interrogeons les agent.e.s, élu.e.s, responsables d’associations ou d’entreprises, et les habitant.e.s. Pour documenter et diffuser les enseignements de ce tour, nous réalisons une série radio, dans laquelle chaque épisode présente les dynamiques à l’œuvre sur ce territoire, sous un angle qui nous a semblé intéressant.
Même si nous intervenons dans le reportage (pour structurer le propos général de l’épisode, ou à l’occasion de rubriques), nous laissons très largement la parole aux personnes interrogées. Cette approche subjective et sensible permet de faire émerger un récit partagé entre les acteurs du territoire, et de montrer que les actions menées, quelles qu’elles soient, forment une cohérence d’ensemble qu’il est essentiel d’appréhender pour « conduire le changement ». Dans cette mesure, on aimerait se servir du podcast comme d’un outil de diagnostic territorial participatif et de narration, pour mobiliser les acteurs autour d’un récit commun de transition.
Quel type de sujet traitez-vous dans votre série radio ?
Pour donner un exemple, le dernier épisode en date s’intéresse à Pussay, dans le sud de l’Essonne. Nous y étudions la manière dont cette commune francilienne, qui regroupe les caractéristiques de la cité-dortoir, parvient néanmoins à agir et mobiliser autour de la transition. Car en raison de la concentration des activités économiques dans la métropole parisienne, les distances se sont étirées, les commerces ont fermé et le lien social s’est dégradé. Malgré tout, la volonté politique de l’équipe municipale, la mobilisation d’un petit noyau de personnes engagées autour des questions agricoles et alimentaires, et le coup d’accélérateur d’une subvention publique pour la création d’un Atlas de la Biodiversité, ont généré une dynamique prometteuse que nous décrivons dans l’épisode.
Y a t-il des grands enjeux, des problématiques qui remontent de façon récurrente lors de vos « traversées » des territoires ruraux ?
Chaque territoire a des spécificités (socio-économiques, politiques, géographiques, culturelles), qui nous engagent à systématiquement contextualiser nos conclusions. Néanmoins, notre travail consiste également à identifier des problématiques communes, qui existent bel et bien et dont la compréhension peut servir à la diffusion des bonnes pratiques.
Parmi ces enjeux communs, on retrouve le manque de moyens et le sentiment d’être exclu d’une politique nationale d’aménagement qui met le paquet sur les métropoles. La problématique de l’attractivité est également assez structurante, et beaucoup d’acteurs s’interrogent sur la meilleure manière d’éviter la « fuite des cerveaux » et d’accueillir de nouvelles personnes pour dynamiser le territoire, en évitant le piège de l’accueil conditionnel (par exemple en cherchant à attirer uniquement les cadres ou la « classe créative » urbaine). Autre exemple, les territoires ruraux subissent assez durement les effets du dérèglement climatique, et le sujet de l’adaptation des pratiques agricoles et alimentaires prend une importance grandissante.
L’ESS et l’innovation sociale représentent-elles des opportunités économiques et sociales pour les territoires ruraux ?
Nous avons constaté que les projets d’ESS se développent massivement dans les territoires ruraux. Les initiatives qui s’inscrivent dans une dimension sociale et/ou environnementale sont de plus en plus nombreuses, et prennent des formes variées : ressourceries, cafés, structures d’insertion, librairies, écoles alternatives, AMAP, merceries-friperies, entreprises de construction d’habitat alternatif, épiceries en vrac, etc.
Ces initiatives regroupent des caractéristiques communes qui en font des outils précieux de la transition. De façon générale, elles mobilisent les outils de l’éducation populaire pour convaincre sur la nécessité d’agir en proposant des alternatives crédibles, et transforment ainsi l’habitant en un citoyen véritablement acteur de la transition. Elles sont incarnées dans des lieux dédiés, et présentent souvent plusieurs portes d’entrée (par exemple, un café qui est aussi une librairie, un espace d’expositions, de débats, de projection de films, de concerts…), ce qui permet d’impliquer un large public. Enfin, elles prennent en compte les spécificités du territoire sur lequel elles se développent, et proposent ainsi des solutions adaptées aux besoins locaux.
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Contact : latraverse@ecomail.fr / 06 38 53 94 48 (Maxime Verdin)