Les fondations et l'évaluation de l'impact social, 3 questions à Anne Fleury du CFF

Quels sont les enjeux de l’évaluation de l’impact social pour les fondations ?

Les fondations et fonds de dotation s’engagent de plus en plus nombreux dans des démarches d’évaluation de leur impact. Celle-ci est désormais bien identifiée par le secteur comme un moyen permettant à la fois de progresser et de valoriser son activité auprès de diverses parties prenantes, donateurs, partenaires privés ou publics, et auprès du grand public. C’est un outil stratégique qui contribue à la professionnalisation du secteur.

Depuis plusieurs années, le Centre français des Fonds et Fondations accompagne et documente cette tendance. En 2009, l’Atelier des Fondations s’intitulait « Défis et opportunités de l’évaluation pour les fondations » ; plus récemment, en avril 2018, nous avons organisé le séminaire « Evaluer son impact pour progresser et convaincre » avec la Chaire philanthropique de l’ESSEC et la Fondation Daniel & Nina Carasso. Enfin, le Cercle Stratégie de Soutien et Impact, ouvert en 2020 à l’attention des fondations et fonds de dotation distributifs et adhérents, a proposé un cycle de rencontres sur ce sujet.

Comment les fondations se saisissent-elles du sujet ?

Nous observons une grande diversité des pratiques parmi les adhérents du CFF. Tous n’ont pas la même maturité sur ce sujet, ni les mêmes besoins et moyens. Certaines fondations ont une expérience avancée et s’engagent dans des projets ambitieux. Quand elles souhaitent aujourd’hui renforcer leur impact, elles mettent en place, par exemple, une stratégie multi-acteurs et développent leur propre référentiel. C’est un travail qui demande un investissement collectif, structuré et long.
Cette démarche n’est pas adaptée à toutes les situations. Bon nombre de fondations font aussi appel à des cabinets experts ou s’équipent d’outils qui leur permettent de mener de façon autonome leur démarche d’évaluation.

Le Centre Français des Fondations a d’ailleurs dédié un cercle thématique sur le sujet, quels en ont été les enseignements ? 

En ouvrant, avec le soutien de la Fondation MACIF, le cercle « Stratégies de Soutien et Impact » dédié aux structures distributives, le CFF souhaitait mettre à disposition de ses adhérents un lieu de réflexions et d’échanges pour accompagner leur activité et leur professionnalisation. L’évaluation d’impact y a été abordée en plusieurs sessions, sous forme de tables rondes ou d’ateliers auxquels des experts de l’AVISE et de l’ESSEC ont participé.

A travers les échanges, nous observons que la très grande majorité se sent concernée et a besoin de formation. L’évaluation d’impact est avant tout perçue comme un outil de progression et de pilotage. Elle s’intègre dans une réflexion stratégique et se prépare en amont. Deux tendances se dessinent : la fondation évalue sa propre activité et son impact sur ses partenaires ou bien elle intègre l’évaluation des projets de ses partenaires.

Une autre préoccupation apparait nettement, celle de ne pas peser excessivement sur les partenaires. La démarche est alors travaillée en bonne intelligence avec eux et favorise une progression conjointe et une relation de collaboration, moins verticale.

Enfin, l’objectif du cercle est aussi de favoriser une réflexion collective sur des questions telles que les difficultés d’évaluer sur le temps long, avec des publics bénéficiaires peu ou non quantifiables, la nécessité de faire dialoguer des cultures d’évaluation différentes, dans le cadre de partenariats par exemple avec les acteurs publics, ou bien encore l’intérêt de mettre en place des outils, référentiels et plateforme, propres au secteur.