Les Missions locales : au centre de l'accompagnement des jeunes pour l'emploi
Depuis 1982, les Missions locales accueillent, orientent et accompagnent au quotidien les jeunes de 16 à 25 ans. Quelle est la spécificité de leur action ?
Les Missions locales, associations loi 1901 présidées par les élus représentant les collectivités territoriales, sont des acteurs territoriaux et décentralisés des politiques d’insertion des jeunes.
Leur action s’inscrit dans une concertation étroite avec de nombreux partenaires, que ce soit les services de l’Etat, les Régions, les représentants des collectivités territoriales, les entreprises et d’autres acteurs comme Pôle emploi, ou encore les associations.
Les Missions locales ont une double fonction : elles sont acteurs politiques et opérateurs de la mise en œuvre des dispositifs publics d'insertion des jeunes. Cette spécificité est un atout essentiel à la réussite des politiques publiques, les Emplois d'avenir et la Grantie jeunes constituant des exemples reconnus.
En quoi ces associations sont-elles essentielles pour nos territoires ?
Le réseau des Missions locales - 446 structures et 5000 lieux d’accueil - est un service public de proximité qui maille bien le territoire national. Il est très souvent le seul service public encore présent dans certains territoires ruraux ou urbains.
La performance de l’action des Missions locales et la réussite des dispositifs qui leur sont confiés tiennent non seulement à leur professionnalisme mais également à leur implantation à proximité des jeunes comme des partenaires dans les territoires ruraux ou urbains.
Plus de trois ans après le lancement des emplois d’avenir, plus de 250 000 jeunes ont signé un contrat dans ce cadre, dont plus de 80 000 ont été signés en 2015. Près d'un jeune sur deux d’entre eux a signé un contrat en CDI ou en CDD de 3 ans. 91% des jeunes bénéficient d’un engagement de formation.
A noter également que près de 50 000 jeunes ont démarré un accompagnement personnalisé vers l’emploi et l’autonomie, dans le cadre de la Garantie jeunes.
Quelles sont les actions mises en oeuvre par les Missions locales pour favoriser l'insertion des jeunes ?
Les formes d’action des Missions locales sont très variées. Prenons trois exemples :
- L'organisation d'un parcours de mobilité progressif - Mission Locale Pays de Fougères (Ille-et-Vilaine – 35)
La Mission Locale de Fougères a développé un parcours de mobilité européenne en plusieurs étapes: un séjour court de proximité encadré, un départ en vacances autonomes, un séjour européen encadré et une expérience autonome de mobilité européenne. Chaque étape fait l’objet de préparation, notamment linguistique, et d’un bilan avec le groupe de jeunes. Cette action est réalisée en partenariat avec les acteurs du territoire dont l’association Jeunes à travers le Monde (JTM), créée et soutenue par le Conseil départemental d’Ille-et-Vilaine.
- L'accueil de volontaires en Service Civique au sein des collectivités – Mission Locale de Plaisir Val de Gally (Yvelines - 78)
Fin 2015, la Mission Locale Plaisir Val de Gally s’est engagée dans le développement du Service Civique sur son territoire. Une dizaine de jeunes sont actuellement accueillis dans des CCAS, maisons de quartiers et autres services des communes de Plaisir et des Clayes sous-bois. Les jeunes exercent leurs missions dans le champ de la solidarité (solidarité entre les générations, lien social dans les quartiers), de l’éducation (lutte contre la fracture numérique) ou encore de la santé (prise en compte du capital santé et sensibilisation sur ce thème). De faible niveau de qualification et, pour une partie d’entre eux, résidant dans des quartiers prioritaires relevant de la politique de la ville, les jeunes continuent d’être accompagnés par la Mission Locale tout au long de leur engagement de Service Civique. Un tuteur est également désigné au sein de la structure afin d’accompagner le jeune dans la réussite de sa mission.
- Les interventions de conseillers en économie sociale et familiale du Conseil départemental en Mission Locale (Eure – 27)
Une conseillère en économie sociale et familiale au Conseil Départemental de l’Eure anime des ateliers en collectif sur le thème du budget auprès des jeunes accompagnés par la Mission Locale de Val de Reuil. Pour cela, elle s’appuie sur le « café conso », atelier qui donne des clés pour mieux gérer son budget. Il s’agit d’un atelier qui s’appuie sur un support ludique, composé de 200 à 300 pictogrammes sur lesquels sont représentés tous les postes de dépenses et de ressources qu’un foyer peut rencontrer au quotidien. En groupes, les jeunes choisissent un scénario à partir duquel ils réfléchissent aux dépenses qu’ils intégreraient en priorité selon la situation. Ils ont le choix parmi de nombreuses dépenses et doivent les prioriser. Les situations évoquées ne sont pas déconnectées de ce que vivent les jeunes au quotidien.
Les dotations de l’Etat, de l’Europe et des collectivités locales au réseau des Missions locales connaissent une forte baisse. Comment réagissez-vous face à cette réalité économique ?
Mon objectif est de convaincre le gouvernement qu’il doit soutenir le financement structurel du réseau des Missions Locales en portant son budget de 190 millions d’euros à 220 millions dès 2016, car la réussite des politiques publiques qu’il a confiées au réseau en dépend.
Les Présidents d’Associations Régionales des Missions Locales (ARML) réunis au sein de la « Conférence Nationale des présidents » se mobilisent fortement pour interpeller les acteurs des politiques publiques sur la baisse des financements des Missions locales, que ce soit l’Etat, les Régions, les départements ou les collectivités locales, l’objectif étant de sécuriser les financement des Missions locales. Nous avons signé ensemble un Manifeste qui va dans ce sens.
Toutefois, la généralisation de la Garantie jeunes partie intégrante du parcours d’accompagnement contractualisé, devrait permettre de mobiliser des moyens nouveaux dans ce cadre.
Les Missions locaux construisent des réponses concertées avec les partenaires en région. Quelles sont les missions confiées par les Régions à ces acteurs de l'insertion et de l'emploi ?
Les Régions reconnaissent de longue date le rôle d’accompagnement global des Missions locales en direction des jeunes. Leurs attentes portent plus spécifiquement sur les actions en matière d’information, orientation et formation des jeunes. Cela se traduit de manière concrète chaque année par l’orientation de 200 000 jeunes vers des formations financées par les Conseil régionaux.
Selon les Régions, les Missions locales peuvent participer en amont à la conception du programme régional de formation à partir d’une analyse partagée des besoins. Ele participent égamement, de manière plus systématique, au suivi des jeunes, de l’entrée en formation jusqu’au bilan final, et en intermédiation entre l’organisme de formation et le jeune en cours de formation si nécessaire. La part de financement est variable, et représente en moyenne 19% du budget des Missions locales.
Les Régions siègent le plus souvenant dans les instances associatives des Missions locales.
Quels sont les changements induits par la Loi NOTRe sur les relations entre les Régions et les Missions locales ?
Il est encore trop tôt pour faire un état des lieux de l’évolution de cette relation dans le cadre de la reconfiguration des territoires et du projet de Loi Egalité et citoyenneté qui n’est pas encore stabilisé. On peut toutefois noter que l’ARF a souligné lors des Journées Nationales des Missions locales la place des Missions locales comme l’unique acteur d’un maillage territorial qui leur permet d’être au centre de la globalité de l’accompagnement pertinent pour les jeunes.
En qualité de conseiller régional, quels conseils donneriez-vous aux autres Régions pour construire des partenariats équilibrés et solides avec les Missions locales ?
Il faut continuer à travailler dans une logique de territorialité, transversalité et de sécurisation des financements, afin de garantir une continuité et une qualité du service rendu aux jeunes.
Avoir un réseau des Missions Locales ainsi constitué, avec un maillage territorial, des partenariats forts avec les acteurs économiques, institutionnels et associatifs, un savoir-faire, une reconnaissance par les jeunes eux-mêmes du service public qu’elles assument est une chance pour la France face à la situation de crise que nous traversons.
Toutefois, cet équilibre est fragile et il nécessite le maintien de l’engagement de chacun, en fonction de ses compétences et en articulation avec les autres acteurs institutionnels que sont l’Etat et les collectivités locales.