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Décryptage

Lisbonne : l’ESS au cœur de la cohésion sociale

Publié le 22 juin 2013 - Mise à jour le 21 avril 2021
Dans le contexte de crise économique, la direction du développement social de la Municipalité s’est lancée en 2011 dans une rénovation profonde de ses politiques publiques intitulée « Lisboa Solidaria ». La participation citoyenne s’inscrit au cœur de la démarche. Dans ce cadre, un programme d’action en faveur de l’entrepreneuriat social a été lancé.

A l’image du Portugal tout entier, les relations entre la Ville de Lisbonne et les acteurs de l’économie sociale sont d’abord fondées sur une répartition traditionnelle des rôles en matière d’action sociale et médico-sociale qui fait des associations confessionnelles (les Misericordias) ou laïques (Institutions privées de solidarité sociale - IPSS) des opérateurs importants sur le territoire. Certains de ces acteurs souffrent actuellement de la crise qui augmente sensiblement la demande de services sociaux de la part d’une population victime de la précarité.

Au cœur de la politique de cohésion sociale de Lisbonne, il y a la «  Rede Social » (littéralement, le réseau social), une instance rendue obligatoire par une loi nationale de 1997 pour favoriser la coconstruction des politiques publiques. La «  Rede social » est une instance de concertation qui réunit les collectivités publiques, les conseils de quartier, les associations de citoyens, mais aussi tous les acteurs de l’action sociale. Votée en 1997, la loi nationale a été progressivement mise en œuvre localement sur l’ensemble du territoire. En 2006, à Lisbonne.

Plutôt qu’une usine à gaz, la «  Rede social » tente d’accorder les modes de concertation avec les besoins du territoire. Un Conseil local d’action sociale (CLAS LX) associe 111 institutions publiques et privées non lucratives et établit les grandes orientations pour harmoniser les actions de terrain engagées par les 24 « Conseils de paroisse », subdivision administrative de la ville assimilable à des quartiers ou arrondissements. Un Plan de développement social, adopté en juin 2012 pour une durée de trois ans par le « Rede social », fixe les axes stratégiques. Si tout ne relève pas de l’économie sociale, la démarche globale tend à démultiplier les occasions de processus participatifs et citoyens.

Participer pour s’insérer

Par exemple, on peut noter un programme de requalification urbaine dans de nombreux quartiers défavorisés classés zones d’intervention prioritaire (nos ZUS et ZUP françaises). La cinquantaine de projets en cours se concentre tout particulièrement sur les solutions d’auto réhabilitation par les habitants que ce soit pour les logements ou pour les lieux sociaux du quartier, en lien avec les réseaux d’IPSS et autres ONG locales. La Ville finance jusqu’à 50 000 € les idées soumises par les habitants et les associations locales dans le cadre d’un appel à projets. Une telle méthode vise à faciliter la réappropriation par les habitants de leur cadre de vie puisqu’ils sont les initiateurs et les maîtres d’œuvre de la réhabilitation.

L’innovation sociale, un axe majeur

L’innovation sociale est l’un des cinq axes du plan stratégique. De manière très concrète, un fonds d’investissement social a été inauguré en avril 2013 et le Conseil municipal a formellement voté en avril l’ouverture d’un incubateur social d’ici la fin de l’année. Le partenariat à la base de ces actions nous ramène à l’organisation traditionnelle entre collectivités publiques et institutions médico-sociales.

Absolument incontournable sur la capitale portugaise, la « Santa Casa de Misericordias de Lisboa » (SCML) est l’une des chevilles ouvrières du « Rede social ». Cette institution catholique née au XVe siècle emploie plus de 4800 salariés sur la ville sur tous les champs hospitaliers et médico-sociaux. C’est le SCML qui a créé la Banque d’investissement social avec 25 autres partenaires, dont la Ville. La SCML a engagé 150 000 des 250 000 € de démarrage du fonds qui doivent financer des projets d’activités d’utilité sociale, orientées sur la prise en charge de la petite enfance et des personnes dépendantes et la revitalisation des quartiers. Les premiers projets sélectionnés devraient être connus fin juin.

Soutien d’urgence

En attendant, la Ville doit se préoccuper de la hausse de la demande sociale dûe à la crise et qui gonfle la fréquentation des IPSS et « Misericordias ». Ces dernières ont des difficultés à répondre à l’ensemble des demandes. Pour y remédier, la Ville a mis en place un fonds de soutien d’urgence destiné à apporter des moyens supplémentaires aux structures les plus touchées par cette évolution dans les domaines de la santé, de l’enfance, de la lutte contre les violences domestique notamment. Le 30 mai dernier, une dotation budgétaire de 1 million € a été votée pour financer ce fonds.

Philippe Chibani-Jacquot


Pour aller plus loin :

Ville de Lisbonne
Helena Roseta
Conseillère municipale déléguée à l’habitat et au développement social
+ 351 217 988 000
ver.helena.roseta@cm-lisboa.pt

Cet article a été réalisé en partenariat avec l'Association des Régions de France et la Caisse des Dépôts.

 

Thématiques

Innovation sociale
Politiques publiques Europe

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