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Décryptage
Entreprendre autrement

Pourquoi ont-ils choisi d’être entrepreneurs sociaux ?

Publié le 10 février 2016 - Mise à jour le 17 décembre 2018
Ils ont créé des structures dans l’habitat, la santé et le mieux-être, l’environnement ou encore l’insertion... Ils ont des parcours et des profils différents et ils ont tous choisi d’entreprendre autrement. Découvrez 5 entrepreneurs qui expliquent leur déclic pour l’entrepreneuriat social.

Jeudi 4 février dernier, se tenait au Salon des entrepreneurs de Paris la conférence sur l’entreprenariat social, organisée par l’Avise et la Caisse des Dépôts, qui a rassemblé plus de 600 participants. Un temps fort pendant lequel  5 entrepreneurs sociaux ont parlé de leurs initiatives, partagé leur expérience et expliqué au public les raisons qui les ont motivés à choisir l’entrepreneuriat social.

Changer les choses

Samuel Gautier a 18 ans lorsqu’il devient étudiant infirmier au sein d’une prison. Une première expérience qui a été le déclic. Il reprend ses études, travaille à l’Observatoire international des prisons où il rencontre un ancien détenu qui lui conseille de visiter la Ferme de Moyembrie. « Je devais y rester 15 jours, j’y suis resté deux ans », explique l’entrepreneur qui désire aujourd’hui dupliquer le modèle de la ferme qui accueille en permanence des personnes en fin de peine afin de les aider à réapprendre à travailler et à vivre librement. « On ne peut pas jeter des gens en prison et ne pas s’occuper d’eux à la sortie. Notre responsabilité ici est de donner une chance et d’ouvrir un avenir ».

Bernard Devert, qui vient d’être élu entrepreneur social de l’année par la fondation Schwab et le Boston Consulting Group, (prix remis le 3 février 2016 par Hugues Sibille, président de l’Avise) a créé Habitat et Humanisme, réseau de maisons de retraite médicalisées. « Notre société a besoin de créer des liens, et de bâtir des services autour de ces liens » explique-t-il. « Depuis une dizaine d’années, les temps d’hospitalisation sont devenus très faibles, rendant plus important l’hôpital hors les murs ». Résultat : les personnes âgées ayant besoin de soins se sont retrouvées isolées, parfois avec des revenus insuffisants pour accéder aux maisons médicalisées. Alors que beaucoup lui disaient que le projet n’était pas réalisable, il a réussi à convaincre et grâce à l’épargne solidaire il a construit ce réseau qui compte à ce jour 50 établissements, 2500 lits et 1000 salariés. « Ma fierté est d’être aujourd’hui un bâtisseur de liens. »

Se rendre utile

A 39 ans, Cécile Pasquinelli Vu-hong est touchée par un cancer du sein. Après une période difficile pour le combattre, elle déplore de ne pouvoir trouver des soutiens gorges adaptés que dans des espaces médicaux comme certaines pharmacies. Une situation qui la révolte. Elle décide alors de créer Garance pour accompagner les femmes touchées par le cancer du sein dans la reconstruction de leur féminité, en créant des lignes de lingerie post opératoire spécial prothèse mammaire. « Etre entrepreneur social, c’est travailler pour une vraie cause engagée. On est utile, et notre seul objectif est d’améliorer la vie de quelqu’un ».

Donner du sens

Emmanuel Soulias était cadre dirigeant dans une mutuelle. Il a laissé sa situation confortable pour rejoindre Enercoop qui fournit de l’électricité à partir d’énergies renouvelables. « Je voulais me rendre utile et travailler sur la question environnementale ». Aujourd’hui directeur général d’Enercoop, il met en valeur la transparence avec laquelle les fonds sont réinvestis dans le territoire, mais aussi les dimensions associatives et environnementales. « L’aspect humain est celui qui conditionne une initiative comme celle-ci : on peut aujourd’hui donner du sens à notre achat d’électricité. «  Un choix humain donc et environnemental qu’ont déjà fait 30 000 utilisateurs.

Christian Vanizette est l’un des fondateurs de Make Sense qui propose aux citoyens de donner du sens à leur temps libre en s’engageant sur des causes qui leur plaisent, en fonction de leurs compétences et de leur disponibilité. « Les problèmes sociaux et environnementaux sont immenses, et pour autant on n’a jamais eu autant de possibilités technologiques pour avoir un impact social. La technologie peut nous permettre aujourd’hui de mieux nous coordonner pour répondre à un objectif de manière plus durable» explique le dirigeant. Actuellement, 2 500 personnes dans le monde se mobilisent pour 1 000 projets.  A Make Sense, tout est collaboratif : « on part du principe que n’importe quel problème social ou environnemental a une solution ».

Construire un monde meilleur

Quels que soient les moteurs qui poussent tous ces entrepreneurs, quels que soient leurs secteurs ou leurs statuts, leur motivation est la même : « Les entrepreneurs sociaux sont des gens utiles qui innovent et essayent de construire un monde meilleur » explique Séverin Husson, journaliste dans le quotidien La Croix.

Selon Hugues Sibille, président de l’Avise : « Les entrepreneurs sociaux sont des fêlés qui laissent passer la lumière. Entreprendre socialement est le pari le plus motivant qui soit. Etre entrepreneur social, c’est créer bien plus qu’une entreprise ! ».

Thématiques

Entrepreneuriat social

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