Première Brique participe à l’implantation du projet VRAC à Toulouse
VRAC, c’est quoi ?
VRAC (Vers un Réseau d’Achat en Commun) est une association de consommateurs qui offre la possibilité aux habitants de quartiers prioritaires de la Politique de la ville (QPV) de réaliser des achats groupés de produits bio et locaux.
Dans ces quartiers où les populations cumulent difficultés économiques et sociales, les choix de consommation courante s’orientent vers les produits les moins chers, généralement de moindre qualité pour la santé (et pour l’environnement). Les groupements d’achats permettent de réaliser des économies d’échelle pour rendre des produits de meilleure qualité accessibles au plus grand nombre.
Le projet cherche également à répondre aux enjeux de lutte contre la précarité et aux besoins de nouveaux lieux de socialisation dans ces quartiers populaires, en particulier à l’occasion des épiceries éphémères qui s’y installent au moment de la distribution des produits commandés.
Enfin, la démarche tend à être la plus responsable et participative possible. Elle favorise les circuits courts et incite les habitants à utiliser leurs propres contenants au moment de la distribution pour limiter les emballages et les déchets. VRAC invite aussi les habitants à s’impliquer dans toutes les étapes du processus de groupement d’achats, de la commande à la redistribution, ainsi que dans la gouvernance de ces associations locales.
A Lyon, l’association est présente dans 13 quartiers et compte près de 1200 adhérents. A ce jour, cinq de ces groupements sont autonomes, c’est-à-dire entièrement gérés par les habitants.
Rôle de Première Brique dans l’implantation de VRAC à Toulouse
Le conseil citoyen de Bellefontaine-Milan et le bailleur social Patrimoine SA Languedocienne se sont intéressés au projet lyonnais et ont souhaité qu’il puisse se déployer et bénéficier aux habitants de leur territoire. C’est donc Première Brique, incubateur d'innovation sociale co-porté par Toulouse Métropole et France Active MPA-Occitanie, qui a accompagné l’implantation de VRAC à Toulouse grâce à son dispositif Fabrique à Initiatives (FAI). Présent aujourd'hui dans 7 régions, le dispositif Fabriques à Initiatives, animé par l'Avise au niveau national depuis sa création en 2010, transforme les défis sociétaux et atouts d'un territoire en solutions entrepreunariales à impact.
Dans un premier temps, Première Brique a réalisé une étude exploratoire sur Toulouse afin de déterminer quels étaient les potentiels quartiers d’expérimentation sur lesquels développer le projet. A travers ses techniques d’animation territoriale, dont la mise en place d’ateliers collaboratifs, la Fabriques à Initiatives a ainsi pu impliquer les citoyens, les renseigner sur l’approche et les objectifs de VRAC et construire la méthodologie d’implantation avec eux.
Après plusieurs mois de travail de terrain et de recherche, cinq quartiers (sur les neuf en QPV de la ville) ont été choisis. Emilie Losse, chargée de mission à Première Brique, explique que « la démarche a duré environ 18 mois, ce qui peut paraître long. Cependant, cela a permis de rassembler de nombreux partenaires sur le territoire et dans les quartiers choisis. La plus-value de la Fabrique à Initiatives, c’est de pouvoir ancrer le projet sur le territoire, de mobiliser toutes les parties prenantes et d’identifier les habitants prêts à s’impliquer ». D’autre part, l’étude d’opportunité menée par Première Brique a notamment consisté à solliciter les potentiels financeurs du projet, tout en vérifiant qu’il ne faisait pas concurrence à d’autres dispositifs préexistants dans les quartiers concernés.
Boris Tavernier, chargé du projet VRAC depuis sa création, assure qu’en s’installant systématiquement dans les QPV, la démarche VRAC est « nécessairement complémentaire des structures telles que les AMAP ou les jardins partagés et peut même s’y adosser ».
Avec un budget d’environ 50 000€ prévu pour la première année, la prochaine étape de la nouvelle association toulousaine consistera à recruter un(e) salarié(e) en 2019 pour assurer la mobilisation des producteurs locaux et gérer le projet.
Quelle plus-value de la Fabrique à Initiatives pour l’essaimage de projets ?
Portée localement par des structures de l'ESS, la Fabrique à Initiatives est une interface entre les acteurs publics, les entreprises (sociétés, associations) et les citoyens. Elle repère les besoins prégnants (mobilité, santé, alimentation, inclusion, etc.) qu'elle transmet à ses partenaires et conçoit des réponses à travers l’étude d’opportunités économiques et la modélisation d’activités nouvelles.
Dans ce cadre, la Fabrique à initiatives est régulièrement amenée à étudier des solutions viables présentes sur d’autres territoires, repérées grâce à sa veille et aux échanges dans le réseau des FAI. Si le projet repéré répond bien à un besoin sociétal non couvert par une structure sur place, ce que la FAI vérifie, elle peut ensuite lui proposer d’essaimer et de s’implanter ou de tisser un partenariat, en fonction des intérêts de chacun.
Les Fabriques à Initiatives sont « des connecteurs, des facilitateurs qui possèdent la capacité d’adapter des projets aux spécificités locales », conclut Emilie Losse. Le projet qui s’implante via la Fabrique à initiatives bénéficie ainsi de sa connaissance précise de l’écosystème local et de son réseau de partenaires soutenant les projets qu’elle développe.