Résultats de la seconde enquête du Mouvement Associatif
Dresser un état des lieux de la situation post-confinement
Afin d'approfondir les enseignements de la première enquête lancée le 20 mars, qui avait collecté les réponses de plus de 20 000 associations, le Mouvement Associatif et le Réseau National des Maisons des Associations (RNMA) ont diffusé un second questionnaire, construit avec l’appui de Recherches & Solidarités, en lien avec la Direction de la Jeunesse, de l’Education Populaire et de la Vie Associative (DJEVPA) du Ministère de l’éducation nationale et de la jeunesse et en partenariat avec le Conseil national des employeurs d'avenir (CNEA) et France Générosités.
12 248 associations ont répondu à la seconde consultation en ligne, lancée du 14 mai au 15 juin. Les résultats précisent les impacts de la crise sanitaire sur l'activité des associations et sur le bénévolat, et soulignent les perspectives et les besoins exprimés par les responsables associatifs pour les six mois à venir. Une partie de l'analyse des données de l'enquête traite également le cas des associations employeuses, pour lesquelles l'impact de la crise se révèle encore plus fort.
Les résultats : de lourdes conséquences pour l'emploi et l'avenir des associations
Les résultats de cette seconde enquête mettent en lumière quelques points clés concernant la situation des associations depuis le déconfinement, et confirment les tendances des premiers résultats :
- L'activité de la majorité des associations a été à l'arrêt ou presque
Pendant le confinement, 70% des associations ont fonctionné à moins de 20% de leur activité normale. Les plus touchées par cette mise à l’arrêt sont les plus petites associations et les structures dans la culture, le sport - plus de 90% des associations sportives se disent touchées - l’éducation populaire et l’animation. 57% des associations déclarent par ailleurs avoir dû repenser leur fonctionnement général, y compris dans le cadre de la reprise d'activité.
Les impacts du Covid-19 sur l'activité bénévole sont également lourds : 89% des associations déclarent avoir rencontré des difficultés concernant le bénévolat durant le confinement.
La tendance ne s'est pas totalement inversée depuis le déconfinement : 58% des structures interrogées pensent ne pas pouvoir reprendre leur activité habituelle dans des conditions acceptables avant septembre.
- L'impact économique de la crise compromet la relance du secteur associatif
Près de 56% des associations déclarent connaître des impact financiers négatifs, qui se révèlent plus importants dans les plus grandes structures. Près d’un tiers des structures répondantes sont dans l'incertitude concernant l'exécution de leur budget prévisionnel 2020, tandis que 16% pensent qu'elles n’exécuteront leur budget qu’à 40% ou moins.
Enfin, 2% n’excluent pas un dépôt de bilan, ce qui représente par projection environ 30 000 associations.
- L’emploi associatif est menacé
L’enquête révèle en effet que l'impact économique de la crise est plus fort sur les associations employeuses : la crainte d'un dépôt de bilan d'ici la fin de l'année concerne 2,5% d'entre elles, soit 4 000 associations employeuses. 66% des associations employeuses déclarent par ailleurs subir une perte de revenus d'activités significative ou totale depuis la crise, contre 49% de l'ensemble des associations.
Concernant l'emploi, 67% des structures ont toujours recours au chômage partiel depuis le déconfinement, ce qui rejoint les résultats de la première enquête menée pendant le confinement (69% des associations déclaraient y avoir recours). 40% d’entre elles envisagent par ailleurs de maintenir le chômage partiel le plus longtemps possible.
Enfin, elles sont environ un tiers à considérer le risque de ne pas pouvoir maintenir l'effectif salarié en l'état dans les prochains mois.
De fortes attentes pour la relance associative
Dans un contexte d'incertitude concernant la relance, de forts besoins sont exprimés par les associations, et plus particulièrement par les structures employeuses, pour assurer la reprise d'une activité normale.
- Une reprise d'activité conditionnée par les moyens mis à disposition
Les préoccupations immédiates depuis le déconfinement concernent dans une large majorité la mise en place des mesures barrières et la réouverture des locaux pour assurer la reprise de l'activité (69% et 64% des réponses). Viennent ensuite la poursuite des relations avec les adhérents (à 45%) et la (re)mobilisation des bénévoles (à 37%).
Pour répondre à ces préoccupations, les besoins prioritaires exprimés par l'ensemble des associations concernent avant tout l'obtention de ressources matérielles et financières en appui à la reprise : viennent d'abord les besoins en moyens de protection sanitaire (35% des réponses), puis la confirmation des subventions annoncées (31%) et l'annonce d'une aide financière exceptionnelle (23%).
Les associations employeuses font part des mêmes priorités dans une proportion encore plus grande, allant de 6 à 10 points supplémentaires. Selon les résultats de l'enquête, seulement 1 association employeuse sur 2 est actuellement en capacité de prendre les mesures nécessaires pour la protection des salariés.
- Une forte attente vis-à-vis des collectivités territoriales
L'enquête révèle que les solutions financières des pouvoirs publics ont été peu mobilisées, alors même que moins de 30% des associations les estiment "non nécessaires".
Seulement 14% des structures ont déjà bénéficié de ces aides : parmi les aides les plus activées, on retrouve les délais de paiement d’échéances sociales et/ou fiscales à 38%, le fonds de solidarité à 37%, et les aides mises en place par le Département (à 20%) et la Région (à 18%). Les associations employeuses ont également été plus nombreuses à activer les solutions financères proposées par les pouvoirs publics, à 36% - contre 14% de l'ensemble des associations.
Parmi les 6% prévoyant d'activer les aides, environ une association sur deux souhaite solliciter les dispositifs à court terme proposés par le Département, la Région et la commune ou intercommunalité.
En effet, de nombreuses associations jugent inadaptés les dispositifs mis en place par l'Etat et leur préfèrent les mesures prises par les collectivités territoriales : 60% des associations déclarent avoir rencontré des difficultés dans la mise en place des solutions financières. C'est également le cas de 20% des associations employeuses ayant activé les aides.
Les raisons évoquées sont multiples : le sentiment de solitude face à ces démarches (à 23%), des conditions peu adaptées aux statuts associatifs et la lourdeur des démarches (21%), la difficulté à joindre les services (à 20%) et les délais de réponse estimés trop longs (à 16%).
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