Retour sur l’événement de l’UDES : Face à l’incertitude, le choix social et solidaire
Les acteurs de l’ESS apportent des solutions pertinentes à la crise sanitaire et économique
Soulignant la nouvelle lecture sociale amenée par la crise sans précédent du COVID-19, notamment la conscientisation de l’importance du secteur du « care » (soin en français), le sociologue Jean Viard nous invite à tirer des enseignements de cette crise afin de construire ensemble le monde de demain, résolument social et écologique.
La question de la place de l’économie sociale et solidaire (ESS) dans l’après–crise fut alors naturellement adressée, d’abord sous l’angle de la relance économique et de l’emploi.
En effet, à travers leur intervention au cœur des territoires, leur action en faveur de la cohésion sociale, leur attrait pour les jeunes travailleurs en recherche de sens et leur ancrage territorial, vecteur d’emplois durables et de proximité, les entreprises de l’ESS apportent des solutions solides à la crise.
D’ores et déjà, de nouvelles formes de solidarité ont émergé, et l’ESS, par nature créatrice d’emplois et, a su également faire preuve d’innovation et de capacité d’adaptation. Cela s’illustre notamment par la mise en œuvre par ses acteurs d’actions en première ligne, à l’image des structures ayant réorienté leurs activités pour produire du gel hydroalcoolique, comme l’entreprise adaptée SAPRENA à Bouaye.
De nombreux défis à relever pour aller plus loin dans la relance
Selon Hugues Vidor, Président de l’UDES, les deux enjeux immédiats sont le maintien des emplois et des structures de l’ESS. Pour y répondre, les employeurs de l’ESS soulignent l’insuffisance des prêts et l’importance de recevoir une aide financière sous forme de quasi fonds propres.
Plus généralement, trois grandes difficultés subsistent :
- Le lien entre le niveau national et le niveau territorial – afin d’appliquer les politiques publiques mises en place en urgence de manière efficiente,
- Les « oubliés de la crise », qu’il s’agisse des plus précaires frappés, notamment au niveau de l’emploi, ou des soignants ayant agi en première ligne sans recevoir une reconnaissance à la hauteur de leurs attentes,
- Les jeunes, particulièrement touchés au moment de leur entrée sur un marché du travail au ralenti.
La Ministre déléguée à l’insertion, Brigitte Klinkert, a appelé l’ESS à construire une relance créatrice d’emplois, et invite également les structures à participer au nouveau service public de l’insertion et de l’emploi – une des réponses gouvernementales apportées contre la crise, en complément du plan de relance de l’inclusion. Un Appel à Manifestation est d’ailleurs ouvert pour les acteurs de l’insertion ou de l’emploi avec l’accord du conseil départemental.
La cohésion sociale et territoriale, réelle opportunité de relance en régions
À l’approche des élections régionales et départementales, le sujet des coopérations de territoires pour soutenir les acteurs de l’ESS fut également abordé. Renaud Muselier, président de Régions de France et de la région Provence-Alpes-Côte-D’azur, ainsi que Marie-Louise Kuntz, vice-présidente du département de la Moselle et représentante de l’Association des Départements de France (ADF) au Conseil supérieur de l’ESS, ont présenté les réponses mises en place par les collectivités dans l’urgence afin de soutenir au mieux l’ESS au cœur des territoires : création de fonds d’urgence, important travail sur l’amélioration de la lisibilité des outils et dispositifs existants, etc. Au cœur de leurs préoccupations, la relance d’une économie de proximité et proche des citoyens est l’un des axes forts de leurs politiques de redynamisation en région.
Pour créer des synergies partenariales entre élus locaux et acteurs de l’ESS, chacun doit trouver sa place et travailler de manière complémentaire. Afin de faciliter l’émergence de ce type de partenariats, l’UDES co-construit avec ses membres un plaidoyer en direction des candidats aux élections régionales.
Lors de l’évènement, furent présentées par Manuella Pinto (membre du bureau de l’UDES en charge du développement territoire), quelques recommandations sur les sujets de :
- la gouvernance, notamment à travers la mise en place d'une délégation spécifique à l’ESS, rattachée au comité économique afin de donner plus de visibilité à cette économie particulière, et l’accompagnement des acteurs de l’ESS sur les territoires d’outre-mer ;
- l’emploi et la formation, à travers l’augmentation des salaires pour rendre l’ESS plus attractive et renforcer la reconnaissance des travailleurs du secteur du « care » ;
- les politiques territoriales dédiées à la solidarité, à l’économie circulaire, à la transition écologique et à l’environnement.
L’ESS s’attache à développer un véritable ancrage territorial, en concevant des réponses aux besoins du territoire, en défendant une logique d’insertion et en soutenant celle des circuit-courts, en sollicitant les citoyens, etc., au point de devenir, sur certains bassins économiques, le premier employeur en nombre d’emplois. Cette caractéristique des acteurs de l’ESS en fait des partenaires précieux pour les acteurs publics, qu’il s’agit de valoriser et de soutenir - notamment face à des enjeux tels que la baisse de l’engagement bénévole - afin de favoriser une relance durable sur les territoires.
L’intérêt de la coopération territoriale fut une fois de plus rappelé par la Secrétaire d’état à l’économie sociale, solidaire et responsable, Olivia Grégoire, notamment à travers les Pôles Territoriaux de Coopération Économique (PTCE).
>> Pour en savoir plus sur les PTCE, consultez le rapport « Relancer les PTCE, diagnostic et propositions du Labo » de l’ESS.
Une diversité d'intervenants mobilisés pour partager leur vision de l’ESS et du monde d’après
Mêlant les perspectives d’élus locaux de différentes échelles, de jeunes employeurs qui démarrent leur activité, de représentants du gouvernement et de groupement d’employeurs ainsi que de leurs partenaires, cette matinée d’échanges a parmi de souligner le rôle que l’ESS peut jouer dans la relance économique, ainsi que les différentes mesures mises en place pour appuyer les acteurs de l’ESS dans cette ambition. Olivia Grégoire a notamment rappelé le renforcement du Dispositif Local d’Accompagnement (DLA) d’environ 30% pour permettre aux acteurs de l’ESS d’être accompagnés, pour par exemple mieux répondre aux appels à projets.
>> Pour aller plus loin, retrouvez le replay de l’événement « Face à l’incertitude : le choix social et solidaire » de l’UDES