Spectacles vivants : calculer son empreinte environnementale
Présentation de ARVIVA
Créée en 2020, ARVIVA est une association qui œuvre à une transformation écologique du secteur du spectacle. Engagé sur les questions de transformations écologiques, son réseau de 400 adhérents est composé de structures et d’acteurs très hétérogènes de la filière du spectacle vivant : d’une scène nationale aux organisations professionnelles jusqu’à des indépendants spécialisés sur l’écologie et le secteur culturel du spectacle vivant.
Les actions initiales visaient à informer et outiller via un centre de ressources, aujourd’hui ARVIVA déploie des actions de plaidoyer pour favoriser un cadre qui permet la transformation écologique des activités et structures du secteur.
Quels sont les objectifs de l’outil SEEDS porté par ARIVA ?
L’idée est née conjointement entre l’équipe et le conseil d’administration. Le projet a pour finalité de répondre à deux enjeux : un enjeu interne destiné à répondre aux besoins des adhérents d'un outil accessible, gratuit et open source de mesure de l’empreinte environnementale d’activités de spectacles, ainsi qu'un enjeu externe, qui est de générer des données sectorielles et de produire de la connaissance sur les impacts des spectacles via un outil utilisé par tous et ainsi alimenter un plaidoyer.
La principale difficulté a été méthodologique sur la construction de l’algorithme de calcul à partir d’indicateurs diversifiés qui a donné lieu à un important travail collaboratif. De plus, la principale volonté était d’élargir les dimensions de mesure habituelle (comme le calcul du bilan carbone) vers la mesure de l’impact sur la biodiversité ou l’utilisation des ressources naturelles.
SEEDS est un projet très collectif avec les adhérents qu’ils soient acteurs culturels, des prestataires qui ont appuyé au développement avec des expertises sectorielles et de transformation écologique, les développeurs tout cela orchestré par un comité de pilotage.
Quelles sont les principales caractéristiques de cet outil de simulation d’empreinte environnementale ?
SEEDS est l’acronyme de Simulateur d'Empreinte Environnementale du Spectacle. SEEDS est un outil de mesure d’empreinte environnementale de spectacles vivants avec une estimation carbone, un score biodiversité et un score ressources. L’outil est gratuit et accessible à tous. L’ensemble des éléments qui le compose est mis à disposition en open source. Il existe plusieurs façons de s’en saisir, que ce soit en logique prévisionnelle ou réalisée ou sur un projet ou l’ensemble des activités de la structure.
Dans tous les cas, un certain nombre de données sont à collecter en amont afin de les saisir dans l’outil. SEEDS questionne à la fois le bâti, les pratiques de fonctionnement et les pratiques des équipes. Au-delà des résultats, SEEDS propose un plan d’action avec un chiffrement des impacts à réduire, ce qui permet aux structures de passer de la phase de diagnostic à la mise en action.
Aujourd’hui, + 2120 utilisateurs enregistrés avec 2800 projets de mesures d’empreinte créés, une étude approfondie sur les modalités utilisations de l’outil, ainsi qu’une analyse des données enregistrées va être menée en 2024. L’enjeu est d’analyser en quoi l’outil permet aux utilisateurs de se poser les bonnes questions et si l’objectif transformatif est confirmé.
En parallèle, le projet Seedy a vu le jour, il propose une version simplifiée avec une dizaine d’indicateurs – notamment dans une logique de sensibilisation et de pédagogie.
Quelles sont les prochaines étapes du projet ? Qu’est-ce que va vous permettre le soutien du FSE+ ?
Les prochaines étapes pour l’équipe d’ARVIVA sur ce projet SEEDS sont le développement de l’outil SEEDS et ses nouvelles versions en 2025 avec l’objectif de développer des ouvertures avec d’autres systèmes d’information pour faciliter au maximum la récolte et le transfert de données. Nous allons également concevoir de nouveaux indicateurs et nouveaux scores d’impact, encore à définir et produire une étude visant à la fois des améliorations de l’outil et des analyses des données existantes, dont le positionnement des structures et de leurs activités sur les questions de biodiversité et de consommation des ressources. L’ensemble des enseignements de cette étude alimenteront le plaidoyer d’ARVIVA et les réflexions sur la place des outils de mesure d’impact dans une logique transformative des structures.
Un potentiel développement européen avec des adaptations de SEEDS vont être réalisées au Luxembourg et en Belgique. En effet, ARVIVA est sollicité par d’autres structures du secteur culturel comme les arts visuels ou le livre, mais également par d’autres secteurs comme le social. Par exemple, les bases de codes et de calculs ont été mobilisés par le secteur du jeu vidéo (Jyros).
Plus globalement, quelle est votre lecture de l’écosystème de l’évaluation ? quels seraient les leviers pour faciliter cette démarche à l’ensemble des structures de l’ESS ?
Il existe de nombreux outils, de la formation, des ressources sur le sujet de l’évaluation. Cependant, pour passer de l’évaluation aux questions de transformation écologique, cela prend du temps. Le secteur culturel et des arts du spectacle ont pour caractéristiques une activité dense et des contraintes qui complexifient la mise en œuvre de la collecte de données par les équipes, avec des enjeux de formation, pour pouvoir exploiter les résultats de manière utile.
Un autre point de vigilance à souligner est la prise de recul indispensable lors de l’analyse des résultats avec une tentation de simplification de certains impacts : il faut être en capacité d’émettre un jugement de valeur. Le besoin d’accompagnement, la disponibilité des ressources humaines comme financières sont indispensables si on veut que ces démarches produisent les bénéfices attendus.
L’autre enjeu est de pouvoir construire collectivement des indicateurs qui soient utiles à un secteur. La question de la transparence des méthodes, des calculs et des démarches est indispensable pour que l’évaluation soit au service de la transformation des organisations.