Décryptage
Les Universités d’été de l’économie de demain

Structurer sa démarche d’innovation dans une entreprise de l’ESS

Publié le 01 octobre 2021
Vendredi 27 août 2021, Mickael Barth, responsable de pôle à l'Avise, a animé la masterclass "Comment structurer sa démarche d’innovation sociale dans une organisation de l’ESS ?" aux Universités d’Eté de l’Économie de Demain organisées par le Mouvement Impact France. Retour sur les principales pistes de réflexion partagées lors de cette table ronde.

L’innovation sociale au cœur de l’ESS

L’innovation sociale, qui fut pour la première fois définie légalement par la loi sur l’Économie sociale et solidaire (ESS) du 31 juillet 2014, se définit généralement comme l’élaboration de réponses nouvelles à des besoins sociaux peu ou mal satisfaits auxquels ni l’État ni le marché ne peuvent répondre seuls.

Ainsi, l’innovation sociale est toujours associée à un ou plusieurs autres types d’innovation (technologique, de produit, de service, d’usage, d’organisation, de marketing, de modèle d’affaire, etc.).

Avec les témoignages de Laure Vicard, responsable du service Innovation chez Emmaüs France, Fabien De Castilla, co-directeur général chez ARES et Stéphane Duval, responsable des partenariats chez Bpifrance, nous allons revenir sur la manière dont se structure le processus d’innovation dans les organisations de l’ESS.

Les enjeux de l’innovation sociale

Pour les entreprises de l’ESS, l’innovation sociale est avant tout un moyen de trouver de nouvelles solutions aux problématiques auxquelles font face leurs bénéficiaires ou de répondre aux défis sociétaux futurs. Ainsi, contrairement aux autres types d’innovation, l’objectif de l’innovation sociale n’est pas prioritairement d’augmenter les profits de l’entreprise mais avant tout d’augmenter son impact social.

C’est en ce sens que le pôle innovation du groupe ARES travaille à identifier les signaux faibles sur le terrain et à étudier puis développer de nouvelles solutions en interne ou avec des partenaires, toujours dans l’optique d’accompagner des personnes en situation d’exclusion dans leur insertion socio-professionnelle. C’est dans cette démarche que sont nés des projets tels que Log’ins, une entreprise adaptée d’insertion en joint-venture sociale avec XPO Logistics, Après, un chantier d’insertion en milieu carcéral, ou RépareSeb, une joint-venture sociale créée avec le Groupe SEB.

De même, pour trouver des solutions adaptées aux problématiques auxquelles elle fait face, le Mouvement Emmaüs innove quotidiennement en partant du terrain. C’est pourquoi la fédération nationale d’Emmaüs a choisi, en 2017, de développer un pôle innovation dont le rôle est d’accompagner le développement de ces innovations de terrain et de les diffuser au sein du mouvement.

De ce fait, l’enjeu du pôle innovation d’Emmaüs France est d’accélérer l’innovation, en l’accompagnant sur la recherche de financements, en mettant à disposition des porteurs du projet innovant les moyens matériels, les expertises spécifiques et le réseau de la fédération, et en partageant cette innovation au sein du Mouvement Emmaüs.

Structurer son processus d’innovation

Face à cet enjeu d’augmentation de l’impact social et de diffusion de l’innovation en interne comme en externe, les entreprises de l’ESS sont amenées à penser la structuration de leur processus d’innovation sociale.

Si le groupe ARES et Emmaüs France ont tous deux choisi de développer un pôle innovation au sein de leur organisation, ils ont des approches et des positionnements différents.

En effet, au sein d’Emmaüs France, le processus d’innovation est structuré en appels à projets : tous les ans, les porteurs de projet issus des différentes structures Emmaüs sont invités à postuler pour être accompagnés dans le développement de leur projet innovant. Ensuite, le pôle innovation sélectionne puis accompagne 12 projets par an aux sujets et stades d’avancement très divers. Cette approche « bottom-up » permet également à la fédération de réfléchir aux stratégies de développement du mouvement en fonction des innovations qui émergent le plus fréquemment. Le service Innovation intervient en support et propose un parcours d’accompagnement, du parrainage et une aide à la modélisation afin d’essaimerau mieux l’innovation dans le réseau par la suite.

Dans le groupe ARES, le rôle du pôle innovation s’adapte en fonction du projet innovant et est tantôt animateur, conseiller ou chef d’orchestre.

Ainsi, pour structurer son processus d’innovation, Fabien De Castilla, co-directeur général d’ARES conseille aux dirigeants de :

  • accepter une forme d’incertitude très forte car les projets innovants évoluent constamment;
  • savoir arrêter quand on observe que ça ne fonctionne pas ;
  • accepter que l’innovation prend du temps.

De son côté, Stéphane Duval, responsable des partenariats chez Bpifrance, invite les porteurs de projet innovant à :

  • ne pas hésiter à rêver ;
  • bien phaser leur projet pour ne pas brûler les étapes ;
  • ne pas se décourager car l’innovation est un processus long et dans lequel on apprend par l’échec ;
  • ne pas totalement autofinancer le développement de l’innovation au risque de fragiliser sa structure financièrement et éprouver de grandes difficultés pour financer la mise sur le marché notamment par les prêts bancaires.

Dans ce contexte, le rôle de Bpifrance est d’accompagner et de conseiller les projets durant leurs phases d’émergence et de création. En plus de l’accompagnement au fil de l’eau, Bpifrance lance régulièrement des appels à projets sur des thématiques particulières.

>> Découvrez les nombreux appels à projets de Bpifrance sur :https://www.bpifrance.fr/nos-appels-a-projets-concours.

Financer sa démarche d’innovation

Selon Emmaüs France, l’accompagnement par une fédération de l’innovation sociale reste difficile à financer, surtout pour les dépenses liées à l’ingénierie généraliste et les fonctions de support que représente un pôle innovation. Les offres actuelles de financement privilégient majoritairement le financement de projets, souvent sur un an, et des thématiques précises d’innovation. Aussi, le travail généraliste de veille, d’accompagnement et de qualification des projets, reste encore peu soutenu.

Néanmoins, de plus en plus de fondations mesurent l’importance de l’accompagnement et du financement d’une fédération et co-construisent des programmes d’accompagnement, comme cela a été le cas sur l’agriculture chez Emmaüs France.

Chez ARES, l’innovation est notamment financée par les fonds propres du groupe, alimentés par les marges générées par l’activité commerciale, ainsi que par des subventions publiques et des dotations privées.

C’est pour répondre à cet enjeu que Bpifrance milite aujourd’hui pour faire évoluer les référentiels de l’innovation vers une meilleure prise en compte des dimensions sociales et environnementales dans l’accompagnement et le financement des entreprises.

Bpifrance accompagne les entreprises avec différents outils en fonction de la maturation de leur projet :

  • en phase d’amorçage par des subventions ;
  • en préparant la mise sur le marché par le changement d’échelle grâce à des avances remboursables ;
  • en phase d’accélération par des prêts à taux 0.

Bpifrance s’est par ailleurs alliée aux régions afin de proposer le Fonds d'innovation sociale (FISO 2), une solution de financement sous forme d’avance récupérable particulièrement adaptée aux projets d’innovation sociale.

>> Pour en savoir plus :

Thématiques

Innovation sociale

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