Tour d’horizon des politiques régionales autour de l’innovation sociale
Avec Catherine Zuber, conseillère régionale Grand Est à l’Economie sociale et solidaire, à la Vie associative et à la Création d’entreprise, Marie Meunier-Polge, conseillère régionale Occitanie déléguée à l’ESS, Pascal Duforestel, conseiller régional Nouvelle-Aquitaine délégué à l’ESS, Christine Moebs, conseillère régionale Nouvelle-Aquitaine déléguée à l’innovation sociale et Marie-Martine Lips, présidente du CNCRESS.
Innovation sociale, de quoi parle-t-on ?
Témoignage de M.M. Lips« L’innovation sociale est constituée de réponses nouvelles apportées aux besoins qui sont peu ou mal traités, et notamment dans les conditions du marché par les politiques publiques. Elle comprend les notions de participation et de coopération des acteurs concernés, y compris les consommateurs et citoyens. Elle concerne aussi les modes d’organisation et de production.
Enfin, et c’est essentiel, il s’agit d’un processus : ça comprend l’émergence, l’expérimentation mais aussi la diffusion et l’évaluation, et c’est vraiment des points sur lesquels on passe un peu trop vite et qu’on ne s’approprie pas suffisamment. Cette notion doit guider la façon dont on prend en compte la politique d’innovation sociale. »La politique de soutien à l’Innovation sociale en Occitanie
Point de vue de M. Meunier-Polge« Elue depuis 2004 sur l’ESS, je voudrais avoir des propos encourageants : nous avançons en effet beaucoup sur les territoires et nous n’avons pas attendu que les idées nous viennent d’en haut. Nous allons les chercher au plus près des territoires, et c’est justement là où se situe l’innovation sociale. Quatre points me paraissent structurants pour la politique régionale d’Innovation sociale :
- La reconnaissance de l’innovation sociale se fait d’abord avec l’Union Européenne et les fonds structurels votés pour 2014-2020 ;
- La Loi Hamon a clairement identifié l’ESS et il faut s’y attacher ;
- La création du fonds dédié à l’innovation sociale, le FISO de Bpifrance, est le premier fonds à l’IS pour la stratégie régionale ;
- Les SRDEII ont été mis en place et cadrent cette politique d’IS.
- Le Pôle d’innovation sociale Réalis, première pépinière d’innovations sociales en France sur Montpellier et qui prévoit d’être dupliquée dans le toulousain, directement gérée par la Région.
- La Yess académie, outil de détection des projets. Il s’agit de deux jours à Réalis réunissant des porteurs de projets et des partenaires de tous horizons pour mettre en place des projets.
- Coventis, salon d’affaires en place depuis une quinzaine d’années, favorisant l’interconnaissance et le développement d’affaires entre certains partenaires.
Côté financement, la Région soutient France Active via l’Airdie. Nous avons également créé une SCIC à capital-risque pour soutenir les plus petits projets sur les plus petits territoires, et la Région Occitanie y est sociétaire. Enfin, deux incubateurs (Catalys et Alter’Incub) et un accélérateur (Alter’Venture) sont soutenus pour accélérer les projets. »
La politique de soutien à l’Innovation sociale en Nouvelle-Aquitaine
Témoignages de P Duforestel et C. Moebs« En Nouvelle-Aquitaine, nous avons décidé d’essayer d’aller vite en besogne pour inscrire durablement l’ESS dans nos politiques publiques. Mécaniquement, cela s’est traduit par un enchainement, avec une conférence régionale dès juillet 2016 qui a infusé dans la constitution du SRDEII, et qui fait de l’ESS l’un des deux axes majeurs du développement économique de la Région, évitant les possibles marginalisation. A la suite, nous avons mis en place des règlements d’intervention en les co-construisant avec les acteurs eux-mêmes.
Malgré cela, la tentation de fonctionner en silo restait présente et même si nous avons des règlements d’intervention très souples et que nous sommes toujours en veille, n’en demeurait pas moins le souhait d’avoir une délégation en propre sur l’innovation sociale rattachée à l’ESS. » P. Duforestel « Afin de soutenir l’innovation sociale, nous avons lancé un AMI avec un budget d’environ 1 million d’euros, afin d’aller chercher les projets sur des thématiques très transversales. Le jury est composé de tous les partenaires autour de l’ESS/IS : CRESS, mutuelles, incubateurs, départements, etc. Les lauréats peuvent bénéficier d’un soutien financier allant jusqu’à 40 000€. Enfin, la lecture des projets est réalisée par tous les services de la Région en fonction des thématiques, et si le projet n’est pas retenu, nous l’orientons ainsi vers d’autres dispositifs ! Nous essayons, et nous devons réussir à trouver un outil pertinent, car nous ne sommes pas forcément là pour soutenir la création d’emplois mais aussi le bien-être, des modèles de vivre autrement, etc. En Nouvelle-Aquitaine, notre direction dédiée à l’ESS est composée de 16 personnes sur les12 départements, avec une personne référente dans chaque département, au plus près des besoins. L’innovation sociale émane en effet de problématiques de territoire, et si nous prévoyons d’appuyer les projets sur l’essaimage, nous savons qu’il est impossible de faire du copier-coller car il s’agit avant tout de personnes, de besoins, etc. Enfin, nous soutenons bien sûr l’incubateur ATIS, ainsi que la Chaire CRISALIDH, centre de ressources sur l’innovation sociale. Notre soutien comprend également un volet recherche, car si le financement est essentiel, l’accompagnement l’est tout autant : ce sont des expérimentations et il est donc important de comprendre ce qui fonctionne et ce qui ne fonctionne pas, pour quelles raisons, et de capitaliser sur ces apprentissages. » C. MoebsLa politique de soutien à l’Innovation sociale en Grand Est
Point de vue de C. Zuber « En Grand Est, nous avons travaillé avec 6 élus autour de ce Schéma, et y avons élaboré une fiche « Coopérer pour innover » qui pose les bases de notre politique ESS. Cette politique repose sur la coopération et la co-construction, pour innover à la fois économiquement et socialement. Notre ambition régionale repose sur trois piliers qui restent notre fil rouge :- Accompagner les associations dans leurs transitions : territoriale, citoyenne, économique et numérique ;
- Encourager les initiatives collaboratives dans les territoires ;
- Développer l’esprit d’entreprendre et faire croitre les entreprises sociales.
- Un AMI Initiatives de territoires : une trentaine de projets ont été soutenus par la Région sur l’accompagnement et l’essaimage.
- Un AAP Fabriques à projets d’utilité sociale : s’inspirant de la Fabrique à initiatives, ces Fabriques analysent les besoins sociaux non couverts et voient comment accompagner les projets émergents.