Un rapport de l'OCDE brosse un panorama de l'internationalisation de l’ESS
Les grandes tendances de l’internationalisation de l’ESS
Selon l’analyse de l’OCDE, le changement d’échelle peut prendre deux directions :
- Tourné vers l’intérieur : transfert de savoir-faire, culture organisationnelle, collaboration, etc.
- Tourné vers l’extérieur : production marchande/ investissement à l’étranger, promotion des valeurs du projet dans un autre pays, etc.
Ce changement d’échelle peut concerner trois grands domaines : les biens et les services, l’investissement ou les actifs incorporels (ressources intangibles, non monétaires, détenues par l’organisation).
Trois grandes considérations permettent d’expliquer le changement d’échelle des structures de l’ESS à l’international :
- l’approche par l’action : elle peut être proactive, en capitalisant sur une opportunité (augmenter les financements grâce à des investissements internationaux) ou réactive, en réponse à un risque (compétition accrue, augmentation des coûts) ;
- le niveau d’intervention : il peut concerner l’échelle locale ou internationale : recherche de fonds, collaboration pour augmenter l’impact social sur un groupe de bénéficiaires initial, sans qu’il y ait pour autant de mobilité géographique ;
- la motivation pour le passage à l’action : d’origine substantielle ou instrumentale, elle permet de poursuivre l'objet social initial de la structure, en le diffusant le plus largement possible.
Deux points d’attention sont à prendre compte concernant la forme du changement d’échelle opéré : le niveau de contrôle de la structure initiale et celui des ressources allouées.
En mobilisant ces deux éléments, trois grands types de stratégies se dégagent pour une organisation de l’ESS souhaitant se développer à l’international :
- La stratégie de « contrôle » : le degré de contrôle et le niveau de ressources sont importants (ex : ouverture d’antennes, duplication centralisée).
- La stratégie « détachée » : le degré de contrôle et le niveau de ressources sont faibles (ex : fertilisation ouverte, formation).
- La stratégie hybride : Issue des deux premières, elle donne un certain niveau d’autonomie à chaque entité, tout en apportant des ressources (ex : franchise sociale, diversification horizontale/verticale).
Forces et faiblesses de l’internationalisation de l’ESS
Au travers de son étude, l’OCDE relève plusieurs facteurs empêchant l’internationalisation de l’ESS :
- le cadre légal différent d’un pays à un autre, empêche une internationalisation facilitée d’une structure au niveau transnational. Cette problématique concerne surtout les statuts mutualistes et coopératifs ;
- le manque de reconnaissance de l’ESS de façon homogénéisée, et qui touche plus particulièrement les coopératives ;
- un accès limité aux instruments financiers et aux financements adaptés, à l’échelle internationale ;
- le manque de données sur l’internationalisation des organisations de l’ESS, qui ne facilite pas sa reconnaissance.
Toutefois, le rapport répertorie aussi les forces et opportunités en faveur de ce développement :
- L’innovation, représentées par les stratégies de changement d’échelle opérées.
- La digitalisation, qui encourage la participation à des projets internationaux, en déployant de moindres ressources (notamment pour les zones rurales et isolées).
- L’augmentation de la finance solidaire et des investissements à impact.
- Une reconnaissance accrue de l’ESS, et plus particulièrement depuis la crise sanitaire. Cette reconnaissance s’illustre par une amélioration notable des politiques nationales et des cadres juridiques.
- Un écosystème favorisant, doté de plateformes et de réseaux incitant la collaboration et l’échange de savoirs.
Le soutien des politiques publiques au changement d’échelle de l’ESS
Afin d’améliorer la visibilité, l’accompagnement et la mise à l’échelle de l’ESS au niveau international, l’OCDE préconise plusieurs recommandations :
- au niveau supranational, la réalisation d'actions de sensibilisation, de partage d’informations et de création de programmes de soutien, ce, en faveur du développement d’une vision commune de l’ESS ;
- promouvoir la compétitivité et favoriser l’accès aux marchés publics aux organisations de l’ESS ;
- créer et organiser des forums et évènements régionaux/internationaux, dans le but d’acculturer l’ensemble des acteurs aux pratiques de l’ESS, et favoriser des partenariats public-privé ;
- créer des clusters régionaux pour faciliter l’échange de biens et de services ;
- établir des feuilles de route dédiées à l’internationalisation de l’ESS, avec des plans d’actions précis ;
- intensifier la recherche sur la diversité dont l’écosystème de l’ESS est composé, dans la mesure où le modèle d’internationalisation ne sera pas le même selon l’entité étudiée.