Un réseau de l'ESS pour coopérer et accompagner la création d'initiatives locales

PLOUCS 

La genèse du projet

C'est dans le centre et le nord du département des Landes, partie la plus rurale du département, qu'est né le réseau PLOUCS. Le territoire est confronté aux problématiques traditionnelles liées à ce contexte de ruralité profonde : isolement, difficultés de mobilité, manque d’équipements. Au début des années 2010, des jeunes de 18 à 20 ans décident de répondre eux-mêmes aux besoins de leur territoire en créant les lieux et services dont ils rêvent. Ils fondent des associations socioculturelles qui animent des cafés, des lieux d’échange, de création et d’expérimentation dans des domaines variés (art et artisanat, agriculture, éducation, etc.). 

Une association coopérante

En 2015, ces structures (quatre associations et une CAE) dessinent collectivement un projet de coopération afin de faciliter la rencontre et la coopération entre différentes structures, en vue d’un développement territorial en accord avec les valeurs de l’ESS. Formalisé à travers une réponse au deuxième appel à projets de l’État visant à soutenir des pôles territoriaux de coopération économique (PTCE), le projet n’est pas retenu (les Landes disposant déjà d’un PTCE à Tarnos, dans le sud du département) mais suscite l’intérêt de la région Nouvelle-Aquitaine et du département des Landes. En commençant à financer le réseau, les deux collectivités permettent le démarrage des activités.

Aujourd’hui, les structures membres du réseau montent collectivement des projets et mutualisent des ressources et des formations. Unique salariée du réseau, Clémence Lartigue organise des rencontres, telles que des commissions thématiques, facilite le dépôt de dossiers et la coordination de projets. 

La sensibilisation à l’ESS

La première mission de PLOUCS est de sensibiliser le grand public, notamment les jeunes, à l’ESS. Comme il n’est pas possible de réaliser des études supérieures sur le territoire, les jeunes s’en vont et ne reviennent pas toujours. L’enjeu est donc de montrer, dans le cadre scolaire, que le territoire landais peut être un lieu attractif d’innovation, que l’on peut y créer son travail en répondant aux problématiques du territoire que les jeunes connaissent bien.

Les structures membres de PLOUCS ont créé ensemble le jeu de rôles K’ESS ESSA comme support de sensibilisation et d’éducation aux principes et aux modalités entrepreneuriales de l’ESS. En 2020, une coopérative jeunesse de services (CJS) a été mise en place pour que des jeunes du nord du département expérimentent la création d’une entreprise de l’ESS. En 2021, l’opération a été reconduite dans deux territoires du nord du département. 

L’accompagnement de projets de l’ESS

Régulièrement sollicitées par différents porteurs de projet pour leur expertise, les structures de PLOUCS ont créé un parcours d’accompagnement pour soutenir l’émergence de projets d’ESS. Depuis 2018, l’incubateur de PLOUCS permet l’éclosion de 10 à 12 projets par an. Le fonctionnement en promotion facilite l’indispensable coopération et le coportage de projets dans ce territoire très rural. 

« C’est un segment de projet que nous avions du mal à accompagner, notre regard étant trop institutionnel pour des projets émergents, qui n’ont par exemple pas encore de support juridique. L’incubateur répond à ce maillon manquant et vient appuyer les projets pour qu’ils s’inscrivent dans la durée et sur le territoire. Je crois fort en ces modèles pour nos villages qui voient leurs petits commerces fermer faute de modèle économique. Avec ses formats plus hybrides de portage, l’ESS peut apporter des réponses collectives, impliquant la collectivité, des associations, des bénévoles, plutôt que de tout faire porter à une seule personne. » Clémentine Ollivier, cheffe de projet Économie, Emploi, Formation, Pôle Haute Lande

Pour être accompagnés par l’incubateur, les projets doivent être portés par un collectif, avoir une visée d’utilité sociale et s’inscrire en complémentarité avec ce qui existe déjà sur le territoire. Les sessions collectives d’accompagnement ont lieu chaque mois, dans différents endroits du département pour répartir les temps de déplacement et mettre en avant des lieux et projets gérés par des structures accompagnatrices et des porteurs de projet. 

Par exemple, deux femmes portant le même type de projet visant à aider les communes à structurer des politiques de compostage ont été mises en relation et accompagnées dans le montage d’un projet devenu collectif et déployant ses activités de part et d’autre du département.

Les impacts

30 à 40 projets de l’ESS ont été accompagnés par l’incubateur depuis 2018. Implantés dans des communes très rurales, ces projets conduisent au développement de nouvelles offres de biens et de services répondant aux besoins du territoire, notamment en termes de revitalisation. 

Grâce à PLOUCS, la coopération et la mutualisation entre acteurs permettent de répondre collectivement aux défis locaux et de mettre en lumière l’existence de nombreuses initiatives sur le territoire. Ces projets s’inscrivent dans une logique de développement local sur le long terme, autour d’activités non-délocalisables et utiles pour le commun.

Autre force : la philosophie de PLOUCS repose sur l’éducation populaire, qui permet aux personnes accompagnées de prendre conscience de leur potentiel, de leur imagination et de leur créativité.

PLOUCS en 6 projets

1. Un café associatif Le café de la Poste Herm a été créé dans la commune de Herm, à la place de l’ancien bureau de poste. « Le projet a suscité toute une dynamique citoyenne dans un village où il n’y avait plus du tout de café, alors qu’il y en avait sept il y a une cinquantaine d’années », souligne Clémence. La collectivité a été particulièrement impliquée et le projet a été lauréat du budget participatif du département, ce qui a permis de financer ses travaux. Dans le cadre de l’incubateur, le projet a été accompagné par la Smalah, un café associatif de Saint-Julien en Born « très reconnu sur le territoire ».

2. Dans la commune de Vert, un autre café associatif est destiné à être un lieu de distribution de paniers de légumes préparés par des producteurs faisant partie du collectif, et d’activités diverses telles que des cours de yoga, pour lesquels la commune met à disposition une auberge-restaurant. 

3. Le projet d’insertion par l’agriculture Lider a vu le jour à Luxey. « Sur un territoire complexe qui offre peu d’opportunités, il s’agit de recréer de l’emploi local pour des personnes en difficulté, isolées, ou ne pouvant pas se déplacer ».

4. Un projet de recyclerie de décors de théâtre et de cinéma est en cours d’émergence. L’objectif est de travailler avec les ressourceries du territoire, notamment pour récupérer du matériel pouvant servir à la fabrication de décors. 

5. Un projet de tiers-lieu artisanal à Lesperon vise à proposer, dans un lieu mutualisé, des outils d’artisanat mis en partage. 

> Découvrir 20 autres exemples d'initiatives dans le Guide "Ruralités - Comment accompagner le développement de l'innovation sociale sur les territoires ?" publié par l'Avise en partenariat avec le RTES