Wimoov et les Régions font bouger les lignes !
A quel besoin social cherchez-vous à répondre avec Wimoov ?
« Loin, c’est où » ? C’est l’une des questions que nos conseillers mobilité posent, lorsqu’ils reçoivent une personne qui est orientée vers nos services. Cette notion du « loin » est toute relative. La mobilité est une compétence qui n’est pas naturelle, qui s’acquiert en fonction de notre histoire individuelle. De nombreux jeunes des quartiers populaires de Marseille n’ont par exemple jamais vu le Vieux-Port. 50 % des personnes en insertion ont déjà refusé un emploi ou une formation pour des raisons de mobilité, et 25 % d’entre elles n’ont pas de solution pour se déplacer.
La mobilité est un facteur clé dans les processus d’inclusion sociale. Wimoov ne cherche pas à créer des emplois directement : notre rôle est plutôt de répondre aux besoins des employeurs qui n’arrivent pas à recruter à cause de problématiques de transport. Sur 500 000 offres d’emploi non pourvues chaque année, on évalue à 200 000 celles qui pourraient l’être en proposant aux candidats des solutions de mobilité adaptées.
En quoi consistent les accompagnements que vous proposez ?
Dans les territoires où nous sommes présents sous la forme d’une plateforme, nous commençons par réaliser une sorte d’« atlas » de la mobilité locale, afin de cartographier l’offre de transports et de connaître l’ensemble des partenaires locaux.
Nous organisons des accompagnements personnalisés sous la forme de « parcours mobilité ». Les personnes que nous suivons sont orientées par des prescripteurs, comme Pôle Emploi ou les Missions locales. Nous cherchons à comprendre, au cours d’un diagnostic, pourquoi elles ne se déplacent pas, quelles sont leurs habitudes et leurs freins, et nous concevons avec elles un projet de mobilité personnalisé.
On peut ensuite orienter nos bénéficiaires, selon leurs besoins, vers des formations et services pédagogiques (sensibilisation à la sécurité routière, accompagnement vers le permis), des solutions financières (accès aux droits comme les tarifs solidaires de transport, au micro-crédit) ou matérielles (mise à disposition de véhicules, réparations dans des garages solidaires grâce à notre partenariat avec Renault, etc.).
Les financements publics représentent 80 % de vos ressources. Qui sont vos différents partenaires ?
Nous avons des financements de plusieurs types de collectivités locales. Nous travaillons aussi bien avec les Départements qu’avec les agglomérations, les Communautés de communes ou les Régions. Au niveau de l’Etat déconcentré, nous avons des partenariats avec des préfectures notamment.
Nous sommes également financés par l’Europe, ce qui nous a permis de nous professionnaliser sur l’évaluation de nos impacts. Enfin, le financement privé est représenté par des partenariats de long terme avec la Macif ou Renault par exemple.
Plus récemment, nous avons signé un Contrat à impact social (CIS) avec l’Etat pour construire un nouveau modèle de parcours de mobilité dématérialisé. Ce projet va nous permettre de toucher beaucoup plus de bénéficiaires, avec pour ambition d’accompagner 30 000 personnes par an d’ici trois ans.
Vous appeliez lors des précédentes élections régionales à une plus grande implication des Régions sur le thème de la mobilité inclusive. Qu’en est-il aujourd’hui ?
Certaines Régions nous soutiennent activement. En Lorraine, nous nous sommes historiquement implantés grâce à la ville de Saint-Avold et à l’ex-Communauté de communes du Pays Naborien, qui ont financé notre diagnostic territorial. Tout de suite, la Région nous a soutenu avec un programme d’aide aux postes dédié aux acteurs de l’économie sociale et solidaire[, ce qui nous a permis de nous établir sur tout le territoire mosellan.
Autre Région importante pour nous, celle de Provence-Alpes-Côte d’Azur, qui nous finance depuis plus de dix ans sur des lignes budgétaires consacrées à la formation des jeunes. Le principe est simple : si les jeunes ne peuvent pas se déplacer, ils auront du mal à accéder à la formation, d’où un partenariat assez fort avec le pôle formation/emploi du conseil régional. La Région Hauts-de-France intervient également de manière similaire.
> Voir les propositions de Wimoov lors des précédentes élections
A l’avenir, comment souhaiteriez-vous développer vos relations avec les conseils régionaux ?
La numérisation de notre parcours mobilité grâce au contrat à impact social nous amène à concevoir une application, qui sera régionalisée. La Région sera donc plus que jamais, avec le déploiement de cet outil, un acteur essentiel pour nous. Avec sa compétence transport, elle est un chef de file territorial qui dispose d’une bonne vision locale et d’outils : accéder à l’expertise des conseils régionaux est donc très utile pour nous permettre de concevoir des services efficients. Par exemple, la Région gère les TER. Mais lorsqu’on arrive en gare, et qu’il n’y a pas de solutions de mobilité en milieu rural, que se passe-t-il quand on n’a pas de voiture ?
Wimoov a été financé directement à une seule reprise, pour une expérimentation, par une direction des transports : celle de la Région Ile-de-France, qui avait pour objectif de favoriser l’usage des transports en commun par des personnes en difficulté.
Nous aimerions à l’avenir développer plus de liens avec les services mobilité de tous les conseils régionaux, en complément de ceux dédiés à l’ESS ou à l’emploi et à la formation. C’est ce qui nous permettra de massifier notre action.
POINT DE VUE DE LA RÉGION GRAND EST
> Lire le témoignage d’Aurélie Marand, responsable du service ESS et vie associative de la Région Grand Est
En savoir plus sur la mobilité inclusive :
- Consultez le site du Laboratoire de la Mobilité Inclusive, cofondé par Wimoov et le Groupe Total : www.mobiliteinclusive.com
- Exemple d’un accompagnement « parcours mobilité » : www.youtube.com/watch?v=SWQ0H91zvm0
- Présentation du partenariat entre Wimoov et Renault : www.youtube.com/watch?v=JgnQrCJaEic
Propos recueillis par Sébastien Lévrier - "Les Petites Rivières" -