Innover avec les chercheurs
Vers une R&D sociale
Selon le Manuel de Frascati (manuel publié par l’OCDE en 2015 faisant office de référence méthodologique en matière de recueil et d’exploitation des statistiques de recherche et développement), les travaux de R&D englobent « les travaux de création entrepris de façon systématique en vue d’accroître la somme des connaissances, y compris la connaissance de l’homme, de la culture et de la société, ainsi que l’utilisation de cette somme de connaissances pour de nouvelles applications ». Ces travaux s’appuient à la fois sur la recherche fondamentale et le développement expérimental.
Si les démarches de R&D ont été, par le passé, principalement structurées par les approches technologiques, il est désormais acquis que :
- la R&D ne se résume pas seulement à une visée technologique, mais elle peut aboutir à des services, des modèles d’organisation, des politiques publiques, des modèles économiques qui ne sont pas réductibles à un produit ou un outil ;
- la R&D est applicable à l’ensemble des disciplines scientifiques, notamment les sciences humaines et sociales, qui interrogent les questions de société.
« La R&D sociale est un moyen de structurer, de guider sa démarche d’innovation à travers le recours à la recherche scientifique. »
Qu’est-ce que la R&D sociale ?
La notion de R&D sociale se développe au sein de l’ESS. Elle permet la rencontre entre le champ de la recherche scientifique et celui de la société civile.
La R&D sociale peut se définir comme une démarche qui a pour ambition de résoudre une problématique de société en s’inscrivant dans une approche scientifique.
La R&D sociale peut être portée par des acteurs socio-économiques locaux très divers : entreprises, collectivités territoriales, institutions de recherche, associations, collectifs de citoyens, structures et agences publiques…
Elle se déploie souvent dans une logique de coopération et d’échanges entre des acteurs aux compétences et expertises complémentaires.
Pour Sébastien Palluaut, consultant associé au sein de Ellyx, une agence de R&D et d'innovation sociale spécialisée dans la R&D sociale, s’engager dans une démarche de R&D sociale revient à « s’interroger sur les ressorts de son innovation, à en explorer les facettes, à en lever les freins juridiques, économiques, sociaux ou psychologiques ».
De ce fait, la R&D sociale se révèle « à la fois engageante sur le plan de la mobilisation des ressources d’une structure et exigeante méthodologiquement, ce qui fait qu’elle s’applique plus naturellement aux projets stratégiques des organisations souhaitant travailler dans une perspective d’intérêt général ». Pour se lancer, « il est important de partir du projet d’innovation ainsi que du besoin de connaissances et de ressources nécessaires à son développement », relève le consultant. De quoi éviter, selon lui, « l’écueil d’une R&D qui ne servirait que peu, voire pas, le développement du projet ».
Après avoir sécurisé les pistes de financement de la R&D sociale afin d’en assurer la réalisation, il est possible de la déployer en formalisant un programme de R&D sociale définissant le calendrier de la recherche, les axes du programme, les ressources à mobiliser en interne et en externe ainsi que les livrables attendus. « Des appuis peuvent être trouvés tout au long des différentes étapes du programme en fonction des besoins des porteurs de projets », rappelle Sébastien Palluaut.