Mobiliser des financements pour innover dans l’ESS
Quels sont les principaux modes de financement pour soutenir les projets d’innovation ?
On distingue habituellement trois modes de financement.
- L'autofinancement : il correspond aux ressources financières que l’entreprise peut mobiliser sans recourir à un tiers (revenus issus de l’activité, épargne, etc.).
- La dette : elle correspond à l’argent empruntée par l’entreprise auprès de ses créanciers. Il peut notamment s’agir de prêts contractés auprès de banques, d’avances remboursables ou de prêts à taux zéro mobilisés auprès d’acteurs dédiés.
- Les fonds propres (et quasi-fonds propres) : il s’agit de ressources financières qui appartiennent durablement à l’entreprise et sont ainsi utiles pour financer des investissements importants et amorcer de nouveaux projets. Au-delà de la mobilisation de capital, les fonds propres peuvent être augmentés grâce à un résultat net positif (en mettant en réserve les excédents dégagés par l’activité), des subventions d’investissement, des dons, des cotisations, des legs de particuliers, du mécénat d’entreprise, des apports en capital de la part des actionnaires (dans le cas des sociétés de capitaux ou des entreprises coopératives) ou via des apports associatifs (dans le cas des structures sous statut associatif).
Bien souvent, ces différents modes de financement sont utilisés de manière simultanée pour financer des projets d’innovation. Il s’agit alors de réaliser des arbitrages pour maintenir un certain équilibre financier tout en limitant les risques.
À chaque étape, attention à mobiliser le type de financements qui correspond au stade d’avancement de votre démarche d’innovation ! En phase de R&D et de pré-amorçage, privilégiez plutôt les financements non remboursables (subventions, crowdfunding en don, love money) ou les investissements de capitaux-risqueurs solidaires et patients (crowdfunding en equity, business angels). Les emprunts peuvent être mobilisés lorsque l’innovation entre en phase de commercialisation ; et à ce stade encore, attention à mobiliser des emprunts qui offrent des différés de remboursement suffisamment longs pour attendre le seuil de rentabilité, comme ceux de Bpifrance ou de France Active.
Typologie des différents financements de l’innovation
- Les aides à la création d’entreprise innovante, comme les appels à projets du ministère de l'Enseignement supérieur et de la Recherche, ou encore les aides de Bpifrance
- Les aides aux dépenses de recherche et développement des projets innovants, délivrées par Bpifrance, les conseils régionaux, l’Union européenne via le FEDER (fonds européen de développement économique régional)
- Les aides au développement économique, notamment celles de Bpifrance, de la Banque des Territoires ou encore de l’ADEME
- Les aides au recrutement de chercheurs pour renforcer les capacités de recherche et développement des petites et moyennes entreprises, notamment via les Cifre (Conventions industrielles de formation par la recherche) ou via des fondations qui œuvrent au financement de la recherche, telle que la Fondation Croix-Rouge
- La défiscalisation des investissements de recherche et développement, via le label jeune entreprise innovante (JEI) ou le crédit impôt recherche (CIR)
Les aides à l’innovation ont, pour la plupart, été conçues pour soutenir des approches technologiques et industrielles de l’innovation. Mais la prise en compte grandissante de l’impact social de l’activité économique ouvre aujourd’hui le champ de ces aides à une approche plus orientée vers les sciences humaines et sociales.
Les agences régionales d’innovation (ARI), qui aident les entreprises ou les futurs créateurs à structurer leur projet, peuvent vous accompagner pour accéder à ces financements.
Certaines fondations soutiennent également les démarches d’innovation sociale dans la mesure où l’innovation peut avoir un effet démultiplicateur de l’impact social créé par une entreprise de l’ESS : soyez donc attentifs aux thématiques d’intervention et aux appels à projet lancés par ces fondations !
Une pratique émergente pour financer l’innovation : le financement participatif, ou crowdfunding
Le développement de plateformes numériques permet de diversifier les modes de financement privés, comme le crowdfunding. Onnée et Renault, chercheurs en sciences de gestion, proposent la définition suivante : « Le financement participatif consiste pour un porteur de projet (quel que soit son statut : particulier, organisation marchande ou non marchande, etc.) à avoir recours aux services d’une plateforme de financement (généraliste ou spécialisée) afin de proposer un projet (finalisé ou non) auprès d’une communauté (large ou ciblée) de contributeurs qualifiés de soutiens (backers) en échange éventuellement de contreparties préalablement définies » (Le financement participatif : atouts, risques et conditions de succès, 2013).
Selon eux, le recours au crowdfunding présente plusieurs avantages en termes de management de l’innovation : il permet de tester l’intérêt du projet, de se nourrir de l’énergie des participants, d’obtenir des suggestions pour améliorer le projet, ou encore de se faire connaître et de renforcer son capital sympathie auprès des participants. Il faut néanmoins rester vigilant au temps qu’il est nécessaire de consacrer pour mener efficacement une campagne de crowdfunding ainsi qu’au risque de présenter un projet qui en est encore à ses balbutiements.