Biocycle

Lutter contre le fléau du gaspillage alimentaire

Chaque seconde dans le monde, 40 tonnes de produits alimentaires sont jetées à la poubelle. En tout, c’est un tiers de la production mondiale qui est gaspillée. La France, au même titre que les autres pays riches, est parmi les moins bons élèves, avec près de 150 kg par an et par habitant. Loin d’être une fatalité, ce phénomène est avant tout le fruit de pratiques peu vertueuses chez les producteurs, les consommateurs et les distributeurs.

Pour répondre à cet enjeu écologique et social majeur, Biocycle a mis en place il y a quatre ans un système de collecte des invendus alimentaires. D’abord récupérés auprès des restaurateurs, commerçants, supermarchés et collectivités, ces produits sont ensuite redistribués en circuit-court, par des cyclo-livreurs en insertion, à des associations caritatives qui luttent contre la précarité alimentaire.

C’est ainsi plus d’une demi-tonne qui est collectée chaque semaine, profitant directement à 300 bénéficiaires et indirectement à plus d’un millier de personnes en situation de précarité alimentaire. Cela n'est, en outre, pas sans bénéfice pour les professionnels puisque leur don donne lieu à une défiscalisation de 60% et à une baisse de la taxe sur la collecte des déchets.

Des outils et des méthodes innovants

En plus de conjuguer lutte contre le gaspillage et contre la précarité alimentaire, Biocycle s’inscrit dans une démarche écologique en faisant livrer à vélo. L’association s’inscrit également dans une démarche sociale car ses deux livreurs sont employés dans le cadre d’un programme de réinsertion par le travail.

Leur action passe par des outils innovants, comme le « vélo triporteur » qu’utilise les livreurs pour transporter les denrées, ou les « VéloMixeurs » créés à partir d’épaves de vélo pour permettre de mixer des aliments à la force de ses jambes, afin de proposer de délicieux jus de fruits et de légumes. Cet « outil de sensibilisation participative » sert à entretenir leur gamme de produits artisanaux (jus, compotes…) destinée à récupérer les aliments inadaptés à la distribution directe car trop abimés ou en trop grand nombre.

Sensibilisation et plaidoyer en faveur de l'"antigaspi"

Pour porter la cause de l’« AntiGaspi » le plus loin possible, l’action de Biocycle comporte enfin un volet pédagogique à travers des actions de sensibilisation et de plaidoyer institutionnel.

Biocycle porte sa voix notamment auprès des pouvoirs publics. L’association a ainsi participé en 2016 à la rédaction d’un rapport à l’origine de la loi sur le gaspillage alimentaire, qui depuis impose aux surfaces de plus de 400 m2 de nouer des partenariats avec des associations afin de valoriser leurs invendus et interdit les pratiques destinées à rendre les invendus alimentaires impropres à la consommation, ce qu’ils considèrent comme une première avancée encourageante.

La sensibilisation auprès du grand public est aussi un volet important : les évènements participatifs de l'association permettent la sensibilisation de plus de 6000 personnes par an. Les « VéloMixeurs » sont alors au centre du dispositif et sont associés à des ateliers en tout genre : brassage de bière, initiation au compost, fabrication de teinture naturelle… ces animations permettent de récupérer même les denrées impropres à la consommation, le tout dans une démarche ludique. Ces événement grand public prennent place tout aussi bien dans le cadre des espaces publics qu'au sein d’évènements d’entreprises ou auprès de jeunes enfants.

L’expertise développée par Biocycle lui permet aujourd’hui de proposer ses conseils aux collectivités, notamment à propos de l’identification des gisements d’invendus et des besoins des individus précaires sur leur territoire.

Des micro-franchises pour dupliquer son activité

Face au succès de leur démarche et aux souhaits exprimés par de nombreux citoyens de rejoindre le projet, l’association, pilotée depuis les Grands Voisins (Paris 14) compte densifier son action et s’implanter sur de nouveaux territoires. Pour cela, Biocycle expérimente un système de micro-franchises destiné à faciliter la duplication de son activité, une fois les besoins et les spécificités du territoire identifiés.

L’association s’implantera certainement à Ermont d’ici peu, les premières études de faisabilité ayant montré des résultats concluants. Après ce premier pas en dehors de Paris, ce projet multi-dimensionnel compte passer de 0,5 tonne hebdomadaire aujourd’hui collectée à 3,5 tonnes par semaine d’ici 5 ans, ce qui porterait le nombre de bénéficiaires directs à environ 2 000 personnes. Une nécessité à l’heure où de plus en plus de gens sont touchés par la précarité alimentaire et où les ressources de la Terre sont plus que jamais surexploitées.

Biocycle a été lauréat 2019 de l'appel à projets P'INS, programme d'accompagnement au changement d'échelle porté par la Fondation MACIF et l'Avise.

>> Pour en savoir plus sur l’essaimage, la duplication et le changement d’échelle, consulter le dossier Stratégies pour changer d’échelle de l’Avise.

>> Pour en savoir plus sur l’évaluation d’impact social, consulter le dossier Impact Social de l'Avise.