Chantiers Passerelles
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Les travaux d’intérêt général comme véritable opportunité d’insertion
En France aujourd’hui, 63% des personnes qui sortent du système carcéral récidivent dans les 5 ans qui suivent. Les peines d’emprisonnement, souvent coûteuses, ne sont pas systématiquement adaptées et nécessaires, et le Travail d’intérêt général (TIG) connait de nombreux freins comme la peur des personnes en insertion, les temps de formation et d’encadrement, la méconnaissance du dispositif…
Pourtant, les TIG peuvent être de véritables opportunités d’insertion professionnelle. Selon Sylvain Lhuissier, créateur de l’association Chantiers Passerelles, « Il appartient à la société civile, partiellement responsable de l’exécution de ces peines, de proposer à la personne des opportunités qui favorisent la prévention de la récidive : insertion professionnelle, lien social, accès aux soins et à la prévention des addictions, etc. »
C’est en cela qu’il a eu, avec Agathe Zebrowski, l’idée de construire des « peines passerelles », qui permettent à la fois de jouer leur rôle pénal, mais surtout d’accompagner les personnes en Travaux d’Intérêt général dans la construction d’un véritable parcours d’insertion.
Une plateforme de coordination du Travail d’Intérêt Général
Construite autour de cette conviction que la société civile a un rôle central à jouer dans la prévention des situations d’exclusion - que la sanction pénale risque parfois d’aggraver - Chantier Passerelles propose une plateforme de sensibilisation qui a pour objectif d’encourager les associations, les mairies et les entreprises chargées d’une mission de service public à proposer plus de postes diversifiés et professionnalisants.
Cette plateforme permet aussi de mieux faire correspondre les besoins de la structure qui accueille le TIG et le profil de la personne condamnée. L’association accompagne également les personnes condamnées dans l’élaboration de leurs projets professionnels, évite au tribunal de prononcer des peines d’emprisonnement qui ne sont pas indispensables et sensibilise les acteurs civils comme les collectivités et les associations pour augmenter les nombre de structures d’accueil de TIG.
Ainsi, la peine de Travail d’intérêt général est exploitée comme une véritable opportunité d’insertion professionnelle pour prévenir la récidive.
Deux questions à Sylvain Lhuissier, co-fondateur de Chantiers Passerelles
Comment vous est venue l’idée de Chantiers Passerelles ?
"J'ai fait partie, il y a 4 ans, de l'association GENEPI (Groupement Etudiant National d'Enseignement aux Personnes Incarcérées). Cette association intervient en détention pour donner des cours ou animer des ateliers avec les personnes détenues. Elle porte également toute une réflexion sur le sens que l'on donne à la peine et une activité de sensibilisation grand public (intervention dans les écoles, mobilisation des parlementaires...)
C'est là que j’ai réalisé à quel point le sujet pénal est méconnu et ignoré de notre société. Nous avons créé Chantiers-Passerelles avec l'ambition que les personnes condamnées ne soient plus écartées le plus loin possible de la société, mais qu'elles réalisent leur peine au cœur même de la société."
Où en est le projet aujourd’hui ? Et quelle perspective d’évolution ?
"Nous avons mené depuis plus d'un an une étude terrain qui nous a permis de comprendre les enjeux des acteurs, et de formuler le projet associatif de Chantiers-Passerelles : exploiter la peine de travail d'intérêt général (TIG) comme une vraie opportunité d'insertion sociale et professionnelle. Nous avons reçu le soutien et l'intérêt de personnes reconnues et impliquées sur les questions pénales, mais également le soutien d'institutions : la Croix-Rouge française.
L'association Chantiers-Passerelles travaille à la mise en place d'une expérimentation de ses deux axes d'activité (accompagnement et développement d'une plateforme de coordination). Ce projet pilote devrait démarrer en début 2015, et nous permettre d'accompagner une centaine de personnes."