Ferme de Moyembrie
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Découvrez La Ferme de Moyembrie, une initiative socialement innovante, selon les quatre grands axes de la grille de caractérisation de l’innovation sociale.
Réponse à un besoin social mal satisfait
Un passage en milieu carcéral entame profondément la confiance et l’envie de vivre. Reprendre sa place au sein d’un collectif, sortir de l’automaticité de la vie carcérale, devenir à nouveau responsable de soi-même s’anticipe. La découverte ou la reconquête de son projet de vie, le retour au monde extérieur et ses règles de vie en société sont des enjeux clés de réinsertion qui sont encore trop peu préparés pour les détenus en fin de peine.
La ferme de Moyembrie a la spécificité d’accueillir des personnes, encore sous écrou, en fin de peine, en vue de faciliter leur retour au monde extérieur. Ce sont exclusivement des hommes. Le projet se structure autour de trois volets :
> le travail : activités de maraîchage et d'élevage, réalisées selon les principes de l’agriculture biologique, avec 6 AMAP comme clients.
> l’hébergement : chaque détenu dispose de son propre logement à la ferme et s’acquitte d’une pension mensuelle. Il n’est pas autorisé à sortir du périmètre des 20 hectares de la ferme sans être accompagné d’un encadrant ou d’un responsable bénévole.
> l’accompagnement : problématiques sociales et administratives, appui à la recherche d’un emploi et d’un nouveau logement en fin de parcours.
Expérimentation et prise de risque
Nombre d’études et d’organisations internationales mettent en avant l’efficacité de l’accompagnement des détenus en fin de peine au sein de lieux alternatifs à la prison pour lutter contre la récidive, mais ceux-ci sont encore peu nombreux en France.
La ferme de Moyembrie est née au début des années 1990, à l’initiative d’un couple, Jacques et Geneviève Pluvinage. Ils ont vendu tous leurs biens, acheté le domaine de la ferme de Moyembrie puis commencé à accueillir des détenus appréhendant leur sortie de prison. Avec environ 66 000 détenus et 188 établissements pénitentiaires, l’absence de structures telles que la ferme de Moyembrie sur le territoire national limite les alternatives à la détention classique.
Ils se sont donc lancés dans une démarche expérimentale inédite en France : la ferme se distingue par son caractère non pénitentiaire et familial. Par rapport aux autres mesures d’aménagement de peine (bracelet électronique, par exemple), la spécificité de la ferme réside dans l’accompagnement social soutenu proposé.
Le projet de la ferme de Moyembrie nécessite le soutien et la confiance totale des autorités judiciaires et pénitentiaires. Cette confiance a pu être acquise par la ferme au fil des années, à travers la qualité de son action et de son implantation forte sur son territoire.
Evaluation de la démarche multi-partenariale
Le fonctionnement de la ferme de Moyembrie s’appuie sur un écosystème partenarial complexe. Une grande diversité d’acteurs publics la soutienne : Service pénitentiaire d’insertion et de probation de l’Aisne, Juge d’application des peines, DIRECCTE, Conseil départemental, Mairie de Coucy-le-Château-Auffrique, Pôle emploi…
Le projet est bien intégré dans son environnement et la ferme travaille en proximité avec les associations locales de son village d’implantation, les médecins et pharmaciens du village, les Communautés Emmaüs avoisinantes (depuis 2009, elle adhère au réseau Emmaüs)…
En interne, le fonctionnement repose sur une direction collégiale et un assemblage pluridisciplinaire de ressources humaines : professionnels de l’insertion, anciens résidents, ingénieurs. Le conseil d’administration est très impliqué et un nombre important de bénévoles se mobilise.
Impacts attendus
Une cinquantaine de détenus sont accueillis par an et l’Atelier Chantier d’Insertion permet en moyenne 60% de sorties positives par an.
Pour les proches des détenus, le passage par la ferme agit comme un sas où il devient possible de renouer le contact plus facilement qu’en prison. La multiplication de ce type de lieux pourrait permettre de désengorger les prisons, d’améliorer les conditions de vie en détention et de faciliter la réinsertion des détenus.
Face au potentiel de cette solution alternative, une première duplication du modèle est à l’étude dans le sud de la France, à proximité de Carcassonne, dans le village de Lespinassière.
La Ferme de Moyembrie a été lauréate, en 2015, de l'appel à projets P'INS, programme d'accompagnement au changement d'échelle porté par la Fondation MACIF et l'Avise.