La Tricyclerie

Les déchets organiques, une richesse dilapidée

En France, 30% des poubelles individuelles et 50% des poubelles des professionnels de l'alimentaire sont constitués de déchets organiques. L'incinération de ces déchets alimentaires, composés à 90% d'eau en moyenne, est une véritable fuite énergétique et une perte importante pour les sols urbains et péri-urbains, qui sont pourtant de plus en plus artificialisés et apauvris.

Cette importante quantité de déchets organiques, aujourd'hui transportée par camion en dehors des villes pour être incinérée, pourrait pourtant, grâce au procédé écologique du compostage, se présenter comme une solution avantageuse à l'enjeux majeur de végétalisation des villes et de fertilisation des sols péri-urbains.

Forte de ces constats, l'association la Tricyclerie a souhaité développer une solution de valorisation des biodéchets, sur la métropole Nantaise, en se positionnant comme le dernier maillon entre les professionnels de l'alimentaire producteurs de biodéchets (restaurateurs, épiciers, etc.) et les gestionnaires de jardins et maraîchers désireux d'enrichirs leurs sols.

Loi de Transition Énergétique et territoire Zéro Déchet

Depuis 2015, la Loi de Transition Energétique pour la Croissance Verte impose que l'ensemble des territoires aient mis en place, à l'horizon 2025, une politique de collecte et de tri des biodéchets. Les collectivités sont donc déjà encouragées à mobiliser les acteurs de leur écosystème territorial pour expérimenter des solutions.

À Nantes, la Métropole s'est engagée dans une politique forte de gestion des déchets et a été reconnue territoire “Zéro Déchet Zéro Gaspillage”, en 2014, par le Ministère de l'écologie, du développement durable et de l'énergie et par l'ADEME.

Il était ainsi évident pour la Tricyclerie de s'établir sur ce territoire comme acteur incontournable de la valorisation des déchets alimentaires. A vélo-remorque, la Tricyclerie propose ainsi une solution douce de collecte en centre ville dense, là où les camions ne peuvent se rendre, et crée une émulation autour de la gestion des déchets au sein des professionnels mais aussi de leur clientèle.

Pourtant, la politique publique de la Métropole nécessite encore quelques ajustements pour permettre le développement et la consolidation de solutions anti-gaspillage telles que celle de la Tricyclerie. L'association mène notamment une action de sensibilisation de la collectivité quant à la réduction de la taxe d'enlèvement des ordures ménagères pour les professionnels engagés dans leur circuit de valorisation.

Une stratégie appuyée sur l'évaluation de l'impact social

L'association, extrêmement attentive au développement d'indicateurs de suivie de son activité et de son impact social, est engagée avec l'Université de Nantes et la Fondation Carasso - qui la finance - dans un processus d'évaluation continu de son impact social, environnemental et économique.

La structure mène ainsi son travail d'analyse autour des trois axes suivants qui lui permettent de construire sa stratégie de développement d'activité :

• Mesurer la réduction des déchets permise à la Métropole et l’évolution de la valorisation écologique locale de ces biodéchets ;
• Evaluer les nouveaux écosystèmes créés et la diversité des bénéficiaires de l’action de l'association : maraîchers/jardiniers et restaurants/entreprises ;
• Mesurer la création d’emplois (et de nouveaux métiers) générée sur le territoire ainsi que l'enrichissement des liens sociaux au sein des quartiers grâce à cette action.

En parallèle, avec le Master Economie de l’environnement de l’Université de Nantes, la Tricyclerie s'attèle plus particulièrement à évaluer son impact écologique, notamment en terme de production de CO2, et mesure ainsi, chaque année, le nombre de kilomètres évités pour le transport des déchets par camion, le nombre d'hectares de terre enrichie, le nombre de tonnes de biodéchets valorisés et non incinérés ainsi que le montant total des coûts évités à la Métropole de Nantes.

Accompagner les territoires pour que l'initiative essaime

Sollicitée par une cinquantaine de territoires (porteurs de projets, syndicats mixtes, communautés de communes), la Tricyclerie engage actuellement un processus de duplication sur deux axes : l'accompagnement de porteurs de projets et la sensibilisation des collectivités territoriales.

Côté pouvoirs publics, de nombreux territoires s'intéressent à la démarche de l'association et celle-ci souhaite développer une action d'accompagnement des collectivités territoriales dans la mise en place de politiques publiques incitatives en matière de collecte et de tri des déchets organiques.

En parallèle, l'association travaille à un format d’accompagnement collectif ou individuel pour les porteurs de projets qui souhaiteraient développer des initiatives similaires sur leur propre territoire et s'attèle à la rédaction d’un “guide Tricyclerie” à diffuser largement. A terme, l'association envisage aussi d'initier un réseau “Tricyclerie - compostage à vélo” qui permettrait aux structures d'échanger autour de leurs techniques, savoirs et bonnes pratiques mais également d'amplifier leur capacité d'influence sur le développement de politiques publiques au service de l'environnement.

L'association La Tricyclerie a été lauréate 2018 de l'appel à projets P'INS, programme d'accompagnement au changement d'échelle porté par la Fondation MACIF et l'Avise.