Le Chênelet
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L'insertion, de la terre aux murs
« Nous ne travaillons pas sur les difficultés des personnes accompagnées mais sur leur capacité à aller vers l’emploi. Et des années d’expérience dans ce domaine nous ont appris qu’il n’y a pas de recette universelle », constate François Marty, fondateur du Chênelet.
Le groupe comprend une Scop Entreprise d'insertion (EI), leader en France de la palette hors standard pour la papeterie en flux tendu, un atelier d’insertion qui va du maraîchage bio à la fabrication de briques et au débardage à cheval, Chênelet SCI qui gère des logements sociaux et Chênelet développement pour chapeauter l’ensemble. « Au fil des années, nous avons vraiment mis en place une stratégie de groupe, avec tous les liens “capitalistiques” envisageables entre nos structures. Mais nous restons une entreprise d’économie sociale et solidaire ».
On peut s’étonner de ce développement « capitalistique » du Chênelet si on revient à ses origines : une communauté catholique du Boulonnais qui s’occupait de jeunes en difficulté et de réfugiés « que nous voulions remettre au travail », raconte François Marty. Ils cherchent « un métier volumineux, fatigant… avec des machines ». La production de palettes répondait parfaitement à ces exigences. La scierie est montée en 1992, un service de transport en 1996. Si le groupe traverse de graves difficultés en 2005, SPL est aujourd’hui la plus grosse entreprise de la filière bois du Nord–Pas de Calais et a su attirer des ingénieurs et des cadres « de haute volée, mais avec des salaires solidaires ».
La scierie ne pouvant accueillir tout le monde, l’atelier d’insertion Chênelet est mis en place pour ne laisser personne de côté. « Les jardins d’insertion constituent une bonne porte d’entrée pour redémarrer une activité professionnelle ». Les personnes accueillies peuvent ensuite passer à la fabrication des briques, puis à la scierie et, pourquoi pas, à l’éco-construction. C’est en effet la dernière extension des activités du Chênelet, à la jonction des différentes activités du groupe, car l’éco-construction est appliquée aux logements sociaux.
"Entre écologie, logement social et entrepreneuriat"
« Comme l’insertion, le logement « durable » est un vrai enjeu de société », assure François Marty qui poursuit : « le logement social tel que conçu aujourd’hui est une vraie catastrophe à très court terme puisqu’il engendre une grande précarité énergétique ».
Le projet trouve aujourd’hui son extension dans Chênelet construction, un réseau fondé autour du logement social sur le modèle du réseau Cocagne. De nombreuses opérations d’éco-construction sociale, soit une centaine de maisons, ont été entreprises, dans le Centre, l’Île-de-France, le Nord – Pas-de-Calais. « Nous revendiquons un vrai positionnement entre l’écologie, le logement social et l’entrepreneuriat ». Les matériaux utilisés pour les constructions sont en majorité locaux (argile des carrières du Boulonnais, bois provenant des coupes d’éclaircie des forêts du Pas-de-Calais, sous-produits inévitables de l’industrie locale).
Le coût de construction d’une maison type Le Chênelet est de 2 548€ par m². Pour financer ses projets, l'entreprise mobilise 40% à 45% de fonds propres à travers La Foncière (i.e. loyers et ventes des biens), les 60% restants provenant des collectivités locales, de l’État et de la Caisse des dépôts. Les communes mettent à disposition les terrains à travers un bail de 99 ans.
La dernière réalisation, achevée en 2015, porte sur la construction de quatre logements sociaux à Revin, dans les Ardennes. La démarche d'éco-construction passe par l'utilisation d'éco-matériaux (bois massif, brique de terre crue et isolation en paille), le choix de l’énergie (pôles à granulés et eau chaude sanitaire solaire), la ventilation (double flux collective) ainsi que la récupération de l’eau de pluie et la toiture végétalisée. Les charges mensuelles sont maîtrisées, estimées à 16€.
Le Chênelet a déjà construit 82 logements et a mis son expertise au service d'une quinzaine d'autres structures dont la coopérative Baraka et l’association Aurore. A la suite de la réforme territoriale, l'entreprise a obtenu l’agrément "bailleur social" dans de nombreuses régions (Hauts-de-France, Grand Est, PACA, Pays de La Loire, Centre-Val de Loire et Normandie).