Les Petites Cantines
Répondre au mal de la solitude
Contrairement aux idées reçues, l’isolement est un problème qui ne touche pas uniquement les personnes âgées. Il concerne tous les âges et toutes les classes sociales. Selon des enquêtes réalisées par la Fondation de France en 2016 et TNS Sofres-Fondation Monoprix en 2014, 26% des français se sentent exclus, abandonnés ou inutiles et 70% des citadins reconnaissent avoir souffert de la solitude.
C’est pour répondre à ce constat saisissant que Diane Dupré La Tour, ancienne journaliste économique, et Etienne Thouvenot, responsable innovation du groupe Seb, ont décidé d’ouvrir la première cantine en septembre 2016, dans le quartier de Vaise à Lyon. Des cuisines éphémères avaient précédemment étaient testées en 2015, toujours à Lyon. Devant leur succès, le projet de créer une première structure est apparu comme une évidence.
Un restaurant participatif
L’objectif est de profiter du moment du repas, qui est un formidable vecteur de partage afin de faire se rencontrer des personnes qui parfois se croisent sans vraiment se voir. Une Petite Cantine est un lieu de quartier qui brasse les générations, les milieux sociaux, et les parcours de vie, permettant ainsi de rompre avec la solitude.
Sur place, on adopte les codes du restaurant participatif. Il n’y a pas de cuisinier professionnel, ce sont les habitants du quartier qui cuisinent, qui s’accueillent les uns les autres, et qui font le service et la vaisselle. Chaque convive paye une participation libre à la fin du repas, ce qui permet à chacun de participer à hauteur de ses moyens. Tout est fait pour créer de la convivialité et faciliter les échanges : une cuisine ouverte et de grandes tablées où l’on mange tous ensemble. Le maitre de maison, salarié de la structure, est là pour accueillir les convives, faire en sorte que chacun se sente à sa place et superviser la cuisine participative.
Enfin, l’approvisionnement est pensé dans une logique d’alimentation durable : on cuisine avec des produits frais et de saison, provenant d’agriculteurs de la région ou d’invendus des boutiques bio du quartier.
Un concept en plein essaimage
Le succès de la première cantine à Vaise fut immédiat. Un an après sa création elle comptait 4 000 adhérents. Parmi eux, 20% de retraités, 23% de cadres, 10% d’étudiants et 20% de personnes en précarité économique (RSA, demandeurs d’asile, aide alimentaire…). Face à ces résultats encourageants, l’objectif des Petites Cantines est de dupliquer son modèle.
Deux nouvelles cantines ont d’ores et déjà vu le jour à Lyon au cours de l’année 2018 dans les quartiers de Perrache et Paul Santy. Par ailleurs, l’objectif est d’essaimer sur le reste du territoire. Quatre cantines sont en cours de création à Dijon, Lille, Strasbourg et Annecy avant de dupliquer vers d’autres villes en 2019 en vue d’atteindre un objectif de 20 cantines dès 2020.
L’ambition pour chaque nouvelle cantine reste d’impliquer au maximum les habitants du quartier et de garantir une gouvernance de proximité. Cela permet que chaque Petite Cantine soit vraiment à l’image de son quartier et de ses habitants. Afin d’outiller et d’encadrer les nouveaux porteurs de projets souhaitant développer une cantine dans leur quartier, une fédération des Petites Cantines a vu le jour. Elle vise à accompagner la création de chaque nouvelle cantine (montage de projet, travaux, recherche de partenaires), former ses salariés et pérenniser son fonctionnement sur la durée. Chaque nouvelle cantine permet la création de deux nouveaux emplois de maître de maison.
L'association Les Petites Cantines a été lauréate, en 2017, de l'appel à projets P'INS, programme d'accompagnement au changement d'échelle porté par la Fondation MACIF et l'Avise.