Nouveaux Robinson
Pionniers bio
Ancien informaticien sans emploi, déçu de ses diverses expériences de l’entreprise, Didier le Gars décide de lancer un projet entrepreneurial « où les relations humaines seraient différentes ». En discutant avec des militants de l’agriculture biologique, il prend conscience de l’absence de lieux de vente uniques de produits bio diversifiés. Avec l’aide de producteurs bio, de consommateurs avertis et de financeurs solidaires (Cigales et Garrigue) « par choix éthique », le premier supermarché de produits bio d’Île-de-France ouvre ses portes à Montreuil en 1993. « Le statut coopératif s’imposait car il permettait de mettre le salarié au cœur de l’entreprise et d’éviter que la structure ne soit dirigée que par une personne », explique Geneviève Lapauw, responsable de la communication des Nouveaux Robinson. Le succès est tout de suite au rendez-vous. Deux nouveaux magasins sont donc créés à Neuilly et Boulogne en 1996. Dans les dix ans qui suivent, la coopérative privilégie la diversification de l’offre (plus de 8.000 références) avant de revenir à l’ouverture de nouveaux points de vente aux portes de Paris (pour une question de prix, de surface disponible et de logistique), « pour faire face à une concurrence de plus en plus forte », explique Geneviève Lapauw. En plus d’une boutique Beauté-santé et d’un bazar des écoproduits à Montreuil, les Nouveaux Robinson ont inauguré un magasin à Ivry en 2008.
Éthique à tous les étages
Pour mettre l’homme au cœur du projet entrepreneurial, les Nouveaux Robinson décident d’aller plus loin que la convention collective en termes de politique sociale et de modalités de fonctionnement. À leur tête, on trouve deux organes de décision : un conseil de surveillance, élu parmi les sociétaires et qui nomme et contrôle le directoire, formé de 4 directeurs salariés qui portent la responsabilité légale de la coopérative et assurent sa gestion au quotidien.
Le partage des responsabilités vaut aussi pour les salariés, fortement encouragés à la polyvalence et à la prise en charge des fournisseurs, « ce qui évite d’être cantonné aux tâches les moins gratifiantes », note Geneviève Lapauw. Il faut ajouter une échelle des salaires limitée à un rapport de 1 à 3 (une situation rare même dans les Scop), une rémunération de la part travail plutôt élevée, un accord de participation et d’intéressement, une mutuelle prise en charge à 70 % par la coopérative, une cantine où chaque midi un cuisinier concocte un repas bio à 2,15 euros…
La responsabilité éthique s’applique aussi aux fournisseurs, payés à 30 jours et non à 90 jours comme l’impose le secteur « conventionnel ». « Sur nos 658 fournisseurs, 85 % sont de petits producteurs ou transformateurs. Ce choix peut être jugé anti-économique, mais il permet de diversifier l’offre et présente des garanties en termes de traçabilité ». Les produits sont tous labellisés avec une préférence pour Nature & Progrès et Demeter, dont les cahiers des charges sont plus stricts. La proximité géographique est recherchée autant que possible pour réduire l’impact sur l’environnement. Les Nouveaux Robinson s’impliquent dans les réseaux bio (Synadis, l’Agence Bio, Nature & Progrès, Demeter…), « pour que le bio ne soit pas dévoyé mais reste éthique. Nous avons certes une vocation commerciale, mais nous privilégions le développement durable à l’argent... ».