Wimoov
Du covoiturage aux plateformes territoriales de mobilité
En 1995, à la suite de mouvements de grève des transports en commun, un groupe d’étudiants de l’Université Paris-Nanterre organise un système de covoiturage sur leur campus. De cette première initiative, découle la création de Voiture & Co et le développement d’un ensemble d’activités autour de la mobilité, comme la sensibilisation des jeunes à la sécurité routière et la création d’une centrale de mobilité à Nanterre puis Marseille pour promouvoir l’utilisation de modes de transports alternatifs à la voiture individuelle.
25 ans plus tard, Voiture & Co est devenue l’association Wimoov, membre du groupe SOS, et référence en matière de mise en place de plateformes de mobilité en France. « Nous tentons d’apporter des réponses globales aux besoins des territoires, urbains comme ruraux, et non pas d’avoir une entrée par type de public spécifique », explique Florence Gilbert, directrice générale de Wimoov. Dans ces lieux physiques, des conseillers mobilité accueillent et accompagnent les personnes que leur envoient des prescripteurs (missions locales, Pôle Emploi, etc.) vers des solutions adaptées, notamment des alternatives à la voiture individuelle.
Depuis la première plateforme mise en place à La Ciotat en 2005, Wimoov a déployé cette solution dans 10 régions. Certaines voient le jour dans des zones urbaines, d’autres dans des zones rurales, comme dans le Gers, et, de l’avis de la directrice générale, « ça fonctionne ! ».
L’association observe un retour à l’emploi de 40 % en territoire urbain et de 60% dans les territoires ruraux. « Ces plateformes permettent d’imaginer des solutions alternatives de déplacement et de rendre plus inclusive l’offre des acteurs du transport », explique Florence Gilbert. Si des bénéficiaires n’ont pas de carte bleue et n’ont donc pas accès aux vélos partagés, l’association peut, par exemple, travailler avec ses partenaires locaux à une procédure pour faciliter l’accès à leurs services.
Un accompagnement aux nouvelles mobilités pour tous
« On a réussi à faire bouger la loi et on va pouvoir accompagner plus de territoires et plus de personnes par territoire ! », annonce Florence Gilbert.
La Loi d'Orientation des Mobilités (LOM), adoptée en décembre 2019, intègre la mobilité des publics fragiles dans les compétences des Autorités organisatrices de la mobilité (AOM). « Jusqu’à présent, les autorités organisatrices répondaient aux personnes qui savent se déplacer et ne prenaient que très peu en compte la mobilité des demandeurs d’emploi, car celle-ci dépendait avant tout de l’action sociale », explique la directrice générale. La LOM apporte des outils afin de mettre fin à cette distinction entre les politiques publiques de transport et celles d’action sociale, en matière de mobilité inclusive.
Ce changement majeur permet à Wimoov d’imaginer un accompagnement plus large, à l’heure où 84% de français subissent leur mobilité. L’association ambitionne de travailler au développement de nouvelles mobilités (covoiturage, vélo, transports en commun, intermodalité entre ces alternatives) et d’accompagner le développement de leur usage par tous.
La LOM ouvre aussi à Wimoov la possibilité de se positionner sur des délégations de service public, en travaillant avec les opérateurs tels que la RATP ou Keolis sur le volet inclusif de la mobilité.
Une transformation numérique des parcours mobilité pour plus d’impact
« Wimoov ne répond en moyenne qu’à 2% des demandeurs d’emploi sur ses territoires d’implantation, soit 14 000 personnes au total, alors que 7 millions de personnes ont des difficultés pour se déplacer. Un coup d’épée dans l’eau… », explique Florence Gilbert.
Depuis 2018, Wimoov a engagé la digitalisation de ses parcours mobilité, une manière d’augmenter le nombre de personnes touchées. Le numérique peut permettre de tester et diagnostiquer les problématiques de mobilité individuelles et d’assurer le suivi à distance d’un plus grand nombre de personnes tout en limitant l’impact sur le budget des plateformes.
Après la création d’un outil de diagnostic – le « test mobilité numérique » -, l’association continue son développement en proposant un suivi d’activité et de gestion des parcours des bénéficiaires et de collaboration entre les partenaires prescripteurs et les bénéficiaires. « On a créé ces outils avec nos publics pour qu’ils comprennent la manière dont on navigue sur le site », précise la directrice générale. « Il y a un test au départ pour savoir si la personne peut être accompagnée par le biais du numérique ou si le présentiel est préférable ».
Ce parcours mobilité numérique a été imaginé dans un souci de digiphysicalisation, un terme un peu barbare qui désigne la nécessité d’associer l’outil numérique à l’accompagnement humain. « Cette digitalisation ne remet pas en cause nos lieux et l’accompagnement physique, car c’est ce qui permet d’avoir 42% de retours à l’emploi et de trouver des solutions pour les personnes âgées ! », précise-t-elle. Même à distance, le conseiller mobilité n’est jamais loin : « Si la personne rencontre des difficultés personnelles ou cesse le suivi d’une formation, le conseiller mobilité est là, en arrière-plan. Le parcours n’est jamais 100% numérique ».
Que ce soit à travers son développement territorial, avec un nouveau déploiement en cours dans la région Bretagne, ou via le numérique, avec la création d’outils innovants, Wimoov continue et trace sa route.
Wimoov a été lauréat 2017-2020 de l’appel à projet « Changement d’échelle » du Fonds social européen, lancé par l’Avise.