Une coopérative de territoire en Aveyron : la Scic Résilience
Quand et comment est née la société coopérative d'intérêt collectif (Scic) Résilience ?
Florent Tarrisse : En plein confinement, au printemps 2020. Après divers échanges téléphoniques avec des chefs d'entreprise et quelques élus, l'enjeu a été vite identifié : comment soutenir des initiatives économiques fragilisées par la crise mais dont l'impact sur le territoire va au-delà de leur strict objet et qui, de ce fait, relève d'un intérêt collectif ?
En milieu rural, un commerce qui ferme peut faire sombrer une rue, voire un village. Pour ces activités qui, en temps normal, sont déjà assez fragiles, la crise peut être la goutte d'eau qui fait déborder le vase. De plus, certaines d'entre elles, un peu atypiques, passent à travers les mailles des dispositifs généraux qui ont été mis en place par le Gouvernement.
Nous avons voulu trouver une solution locale pour réunir des capitaux et soutenir ces entreprises sous trois formes possibles : immobilière, mobilière ou en capital. Avec une règle : nos capitaux seront patients et frugaux, c'est à dire que le retour sur notre investissement ne se fera qu'en fonction de l'entreprise bénéficiaire et lorsqu'elle aura réussi à se remettre à flot.
Votre action va-t-elle au-delà du soutien financier ?
Le nom de la Scic est exactement « Résilience pour un territoire fort et durable ». La démarche s'inscrit dans un objectif d'attractivité et de développement local en cohérence avec les valeurs coopératives. Elle réunit des sociétaires différents – d'où le choix de la Scic.
Certains professionnels qui, déontologiquement, ne pouvaient pas rentrer dans le capital, comme des experts comptables, se sont engagés dans la démarche en offrant un crédit d'heures. Nous avons conventionné avec des structures d'accompagnement (comme l'Adefpat, par ailleurs sociétaire) pour, qu'à côté de notre investissement financier, les entreprises puissent être soutenues en termes de formation et de conseil sur une période de 24 mois.
Autour de la Scic c'est tout un réseau d'acteurs qui s'est constitué avec également les chambres de commerce ou les agences de la Région. Lorsqu'un producteur de confitures s'est retrouvé avec ses stocks sur les bras pendant le confinement, c'est à l'intérieur de ce réseau qu'il a pu tout vendre, parcequ'on se connaît et qu'on échange ensemble, avec une force supplémentaire liée à notre organisation : la vitesse dans la prise de décision.
Comment est composée votre gouvernance justement ?
La Scic est née juridiquement en août 2020 avec 52 sociétaires répartis en quatre collèges :
- des collectivités (dont la Région et toutes les communautés de communes du PNR),
- une quinzaine d'entreprises,
- des citoyens déjà acteurs engagés du territoire,
- des citoyens usagers que nous avons appelé des « consomm'acteurs ».
Nous avons réuni 1 million de capital détenu pour moitié par les collectivités et pour moitié par les privés. Un conseil coopératif de 14 membres bénévoles décide des investissements qui seront réalisés. Notre premier dossier a été approuvé le 23 décembre et concerne un groupement de 62 producteurs de lait dont le plan de développement a été obéré par la crise et dont la trésorerie se retrouvait à sec.
Comme nous l'avons écrit dans nos statuts, la finalité de la coopérative est « de permettre le maintien et le développement des entreprises présentant un intérêt dépassant leur objet social, en matière de vivre ensemble, d'attractivité des cœurs de ville ou village, de maillon indispensable à la filière touristique ou tout autre filière structurante. »
Pour aller plus loin
- Contactez Florent Tarrisse : florent.tarrisse@parc-grands-causses.fr