Comment adapter mon accompagnement pour les projets de l’ESS dans les QPV ?
Bien connaître les profils et besoins des entrepreneurs issus des quartiers prioritaires
Les quartiers prioritaires sont des territoires sur lesquels les habitants cumulent généralement de multiples difficultés : taux de chômage élevé, problématiques de mobilité, manque d’accès aux services y compris publics, etc. Cela constitue notamment des freins à l’entrepreneuriat dans les quartiers.
Ainsi, si les besoins d’accompagnement des entrepreneurs en QPV et hors QPV sont relativement similaires (construire son modèle économique, se former à la gestion d’entreprise, etc.), les spécificités de l’accompagnement en QPV reposent principalement sur les moyens mis en œuvre pour lever ces barrières d’accès à l’entrepreneuriat.
Il n’est pas forcément nécessaire de proposer un dispositif dédié aux entrepreneurs en QPV pour prendre en compte ces spécificités dans la construction de son dispositif d’accompagnement. Certaines structures privilégient par ailleurs des programmes ouverts à toutes et tous, basés sur des pratiques inclusives visant à garantir une mixité de publics dans leurs programmes.
Développer des outils et méthodes d’appui adaptés
En particulier pour des publics qui connaissent des problématiques financières, la phase de construction et d’expérimentation nécessaire au démarrage d’une nouvelle activité peut s’avérer difficile à surmonter. Elle l’est d’autant plus dans le cadre de projets de l’ESS, dont la rentabilité est avant tout sociale ou sociétale et les actions à destination de publics peu voire non solvables. En réponse, de nombreuses structures d’accompagnement mettent en œuvre un certain nombre de mécanismes pour une meilleure inclusion, qu’il s’agisse de :
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privilégier un accès gratuit ou quasi gratuit à leurs programmes grâce à des financements publics ou privés ;
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ou encore de proposer des solutions de financements solidaires et des outils financiers adaptés (à l’instar du Pacte Émergence de France Active, ou du fonds Paris Amorçage ESS de Paris Initiative Entreprise).
D’autre part, les porteurs de projet les moins diplômés peuvent avoir besoin d’un accompagnement plus rapproché et personnalisé que d’autres. L’accompagnateur doit alors prendre plus de temps pour mettre en place des démarches pédagogiques permettant d’aider les porteurs de projet à :
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prendre confiance dans leur capacité à entreprendre (coaching individuel, ateliers de mise en pratique, etc.) ;
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maîtriser des compétences professionnelles essentielles (écriture de mails et préparation à des rendez-vous partenariaux, prise en main d’outils informatiques, etc.) ;
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monter en compétence sur la gestion de projet.
Bien connaître les priorités d’action du territoire
Pour une structure d’accompagnement de l’ESS implantée localement, bien connaître les priorités d’action du territoire, les acteurs impliqués et leurs périmètres d’intervention est une condition quasi sine qua none pour aider les porteurs de projet à créer ou déployer leur projet de façon cohérente et complémentaire avec l’écosystème local.
Pour connaître le projet de territoire et les axes de développement stratégique prioritaires, une première étape consiste à consulter et étudier les différents documents-cadres qui régulent l’action publique en faveur de la politique de la ville. À ce titre, chaque intercommunalité abritant un ou plusieurs quartiers prioritaires a l’obligation de signer un contrat de ville, dans lequel sont inscrits les orientations politiques et stratégiques et les modalités de mise en œuvre du contrat (gouvernance et pilotage de la politique publique, objectifs détaillés, modalités d’action, etc.).
Les délégués du préfet, qui représentent l’État dans les QPV, sont l’animateur de la politique de la ville et leurs compétences concernent l’ensemble des thématiques du contrat de ville (développement économique, habitat et cadre de vie, participation citoyenne et lien social, etc.). Ce sont donc des interlocuteurs privilégiés pour se mettre en réseau avec les collectivités, établissements publics, associations et autres entreprises locales.
Renforcer son ancrage local
Au-delà de la connaissance des axes d’action du territoire, il est nécessaire de rencontrer les autres acteurs de l’accompagnement à la création ou au développement d’entreprises présents, mais aussi de s’appuyer sur les ressources locales. Cette connaissance sera précieuse dans l’accompagnement des porteurs de projet, notamment pour :
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croiser des expertises et données du territoire pour mieux comprendre les besoins à couvrir (profil des porteurs de projet, filières et débouchés prioritaires pour de nouvelles activités, etc.).
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mettre en lien ses entrepreneurs sociaux avec de potentiels partenaires pour leur projet ;
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découvrir des lieux ressources et propices aux rencontres professionnelles tels que des tiers-lieux, espaces de coworking ou autres lieux significatifs pour les habitants des quartiers ;
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fluidifier les parcours d’accompagnement d’entrepreneurs qui suivent souvent plusieurs programmes d’aide ; etc.
Cet ancrage va de pair avec un effort de communication autour des programmes d’accompagnement, pour veiller à ce que les principes et les valeurs d’action de l’ESS soient bien compris et intégrés, mais aussi pour mieux cibler ses bénéficiaires. Il peut s’agir de démystifier l’entrepreneuriat, de sensibiliser à des causes qui touchent les publics ciblés, mais également d’aller à leur rencontre dans des lieux de vie.