Des formes coopératives pour des filières durables
Les coopératives agricoles, des acteurs historiques
Des principes communs
Les premières coopératives agricoles sont nées au 19ème siècle en réponse à la crise du phylloxéra, une variété de pucerons responsables d'une maladie redoutable touchant les vignes. Depuis, les agriculteurs ont souvent choisi la forme coopérative pour faire face aux crises agricoles.
Dans le secteur agricole, les coopératives, qui constituent l'une des composantes historiques de l'économie sociale et solidaire (ESS), répondent principalement à deux logiques :
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les entreprises coopératives, unions et Société d'intérêt collectif agricole (Sica) : pour organiser les approvisionnements et la commercialisation de la production sur une base mutualiste. Elles ne se limitent pas qu’au secteur agricole et existent aussi dans l'agroalimentaire et l'agro-industrie ;
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les Coopératives d'utilisation de matériel agricole (Cuma) : pour permettre aux agriculteurs la mise en commun leurs ressources afin d'acquérir du matériel agricole.
Le modèle d’entreprise coopérative repose sur trois piliers :
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des sociétés d’hommes et non de capitaux, ni opéables ni délocalisables ;
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une gouvernance démocratique « un homme, une voix », notamment pour élire les agriculteurs-administrateurs qui forment le conseil d’administration ;
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des fonds propres protégés par des réserves impartageables et abondés chaque année pour servir le long terme.
En pratique, une grande hétérogénéité
Les 2 750 coopératives agricoles et les 11 545 Cuma sont très différentes de par leur taille, leur répartition géographique et les pratiques agricoles de leurs membres (utilisation de pesticides de synthèse, production de plantes génétiquement modifiées...).
Les géants In Vivo, Tereos ou Limagrain (4ème semencier mondial) comptent parmi les coopératives agricoles les plus importantes.
Quelle est la part de l'agriculture biologique dans la coopération agricole ? La première coopérative 100% bio s’est créée dès 1983 en Bourgogne. De 350 coopératives engagées en 2009 à près de 550 aujourd’hui, près de 20% du tissu coopératif est concerné. Elles représentent 40% de la collecte laitière bio et 70% de la collecte bio en grandes cultures (chiffres clés 2015 – Coop de France).
La (ré)appropriation des statuts coopératifs pour structurer des filières durables et de proximité
Des coopératives de consommation pour organiser les filières agricoles bio
Né en 1986, le réseau Biocoop rassemble aujourd'hui 383 magasins bios en France. Biocoop est une coopérative dont les membres sont des producteurs agricoles, des magasins, des salariés et des consommateurs. Elle développe des filières agricoles biologiques en s'engageant auprès de groupements de producteurs, ce qui permet aux producteurs de mieux défendre leurs intérêts en s'organisant collectivement.
Trente ans après les premiers mouvements de citoyens engagés en faveur d'une consommation responsable, à l'origine du réseau Biocoop ou encore des Nouveaux Robinson, une nouvelle dynamique voit actuellement le jour avec le développement de supermarchés coopératifs. Le principe est simple : chaque coopérateur achète et possède une part du magasin et donne plusieurs heures de son temps tous les mois pour le faire fonctionner. Onze magasins sont ainsi en train d'ouvrir à Paris, à Grasse, à Nantes, à Lyon ou dans le Pays-Basque... (cf. Carte des supermarchés coopératifs et participatifs).
Des coopératives d’intérêt collectif pour répondre aux besoins du territoire
Aujourd'hui, près de la moitié des 24 plateformes de distribution de produits bio vers la restauration collective ont opté pour une structuration en Société coopérative d'intérêt collectif (Scic).
Ce statut permet d'associer des salariés, des bénéficiaires ou encore des collectivités territoriales autour d'un projet d'utilité sociale et il est donc adapté à ces plateformes dont la réussite repose sur l'ancrage territorial fort et l'implication de toutes les parties prenantes (cf. Note de synthèse réalisée par la Fnab sur le fonctionnement des plateformes, 2015 - PDF).
La Scic constitue une forme juridique adaptée pour répondre à d'autres besoins de territoire, comme la reprise des outils de production ou de transformation. Des abattoirs de proximité sont repris sous la forme de Scic par des partenaires du territoire pour assurer leur pérennisation.