ESS et low-tech : des objectifs partagés ?
La low-tech contre le "techno-solutionnisme" des smart cities
L’association Low-tech Lab utilise le terme de low-tech pour "qualifier des objets, des systèmes, des techniques, des services, des savoir-faire, des pratiques, des modes de vie et même des courants de pensée, qui intègrent la technologie selon trois grands principes" :
- Utilité : la low-tech doit répondre en premier lieu à des besoins dans tout type de domaine. L’idée serait de « revenir à l’essentiel ».
- Accessibilité : la low-tech doit pouvoir être comprise par tout le monde. À l’inverse de la high-tech qui conçoit des objets et des systèmes complexes et difficilement compréhensibles pour qui n’a pas les connaissances requises, la low-tech doit pouvoir être fabriquée et/ou réparée localement. L’objectif est de favoriser l’autonomie des personnes et leur pouvoir d’agir.
- Durabilité : la low-tech doit être réfléchie dans une logique de durabilité en prenant en compte à la fois ses impacts écologiques et sociaux à toutes les étapes de son cycle de vie.
Le Low-tech Lab présente la low-tech comme un modèle de société alternatif qui s’appuie sur trois principes :
- questionner nos besoins ;
- changer notre relation à la technologie ;
- remettre en question le modèle de société.
Le mouvement low-tech souhaite voir advenir une société plus sobre, plus solidaire, résiliente d’une autre manière que les smart cities et où l’on serait finalement émancipé de l’intelligence artificielle qui gère et organise la société.
Low-tech et ESS : des objectifs communs ?
Le Low-tech Lab observe aussi ce nouveau modèle de société au sein de l’économie sociale et solidaire (ESS).
Dans un dossier consacré à la low-tech au prisme de l’ESS, le Labo de l'ESS confirme que "la low-tech n’est donc pas un refus total et borné de la technologie. […] Il s’agit plutôt de concevoir un usage raisonné de la technologie, proportionné à nos besoins réels et favorisant l’autonomie de chacun·e. Il s’agit surtout de rompre avec le discours 'techno-solutionniste', en privilégiant une écologie de la sobriété et une intelligence humaine et collective".
L’ESS correspondait ainsi, sans doute sans même le savoir, à la démarche low-tech : "Parce qu’elle s’engage en faveur d’une économie fondée sur la solidarité, l’égalité et l’autonomie de chacun·e, et parce qu’elle s’est très tôt affirmée comme une pionnière de la transition vers des sociétés plus durables, l’économie sociale et solidaire connaît des adhérences fortes avec la démarche low-tech. Faisant bien souvent de la low-tech sans le savoir, elle gagnerait à s’approprier ce concept et, en retour, à l’enrichir de son histoire et des modèles d’entrepreneuriat, d’innovation sociale et de coopération qu’elle développe au quotidien".
À noter que par leur proximité avec l’économie circulaire, les low-tech s’emparent également des enjeux de réemploi, de production durable, d’analyse du cycle de vie d’un produit, etc.