L’agriculture urbaine, un secteur largement investi par l’ESS
L’agriculture urbaine, un champ hétérogène
Depuis quelques années, l’agriculture en ville s’est considérablement développée : l’Association française d’agriculture urbaine professionnelle (AFAUP) dénombre ainsi environ 300 structures professionnelles recensées en 2019, dans un champ qui n’en comptait que 6 en 2013.
Si l’ADEME définit l’agriculture urbaine comme « tout acte maîtrisant le cycle végétal ou animal dans un but de production alimentaire ayant lieu en zone urbaine », les acteurs de l’agriculture urbaine et leurs objectifs sont très hétérogènes.
Sous cette même étiquette, on peut ainsi retrouver des projets d’agriculture sur les toits portés par des citoyens, en faveur du lien social et de la reconnexion avec l’alimentation, et des projets high-tech d’agriculture intensive en bâtiments, à vocation marchande. Toute l’agriculture urbaine ne s’inscrit donc pas dans le champ de l’agriculture durable.
Les formes d’agriculture urbaine
Dans un avis publié en juin 2019, le Conseil économique, social et environnemental (CESE) répertorie 4 types d’agriculture urbaine :
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L’agriculture urbaine à vocation marchande : caractérisée par une finalité commerciale et une recherche de productivité. Ce sont par exemple des fermes de production en pleine terre et des exploitations spécialisées high-tech localisées sur les toits, les murs ou en milieu fermé.
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L’agriculture urbaine servicielle : cas spécifique d’agriculture urbaine marchande qui concerne l’utilisation de techniques culturales ou d’élevage pour rendre des services sur le recyclage des déchets ou l’aménagement. Exemples : végétalisation productive, éco-pâturage d’entretien public, poulaillers urbains pour biodéchets, etc.
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L’agriculture urbaine à vocation non marchande : concerne les projets sans finalité commerciale, dont les productions sont directement utilisées par les producteurs ou données à d’autres dans une démarche de solidarité. Ces projets relèvent de dynamiques citoyennes ou sont portés par les acteurs de l’ESS. Exemples : jardins partagés, jardins collectifs à finalité sociale, etc.
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L’agriculture urbaine à vocation mixte : vise à produire des biens ou des services destinés à être commercialisés, tout en assurant des missions à caractère social, pédagogique ou environnemental. C’est le cas de nombreux projets de l’ESS comme les jardins d’insertion, les micro-fermes participatives, etc.
>> Découvrir l’avis L’agriculture urbaine : un outil déterminant pour des villes durables, publié par le CESE en juin 2019
Les enjeux de l’agriculture urbaine durable
Si l’agriculture urbaine peut contribuer à relocaliser une petite partie de l’alimentation, ce n’est pas son enjeu principal, la France ayant suffisamment de terres agricoles rurales et péri-urbaines. Au-delà de l’aspect productif, l’agriculture urbaine pourrait jouer un rôle complémentaire, notamment sur les plans écologiques et pédagogiques, au service d’une agriculture durable.
Pour ce faire, elle doit cependant répondre à différentes caractéristiques, lui permettant de s’inscrire dans une logique de durabilité :
- pratiques respectueuses de l’environnement (agroécologie, agriculture biologique, etc.) ;
- inscription dans l’économie circulaire et dans le métabolisme urbain (recyclage des effluents et des déchets organiques, compostage, etc.) ;
- intégration aux Projets alimentaires territoriaux (PAT) et approvisionnement de la population en produits locaux ;
- développement de liens avec les consommateurs (activités pédagogiques, vente directe, etc.) ;
- participation à des filières écoconçues (écoconception, optimisation des emballages et des transports) ;
- respect du bien-être animal et des règlementations administratives et sanitaires.
L’agriculture urbaine sociale et solidaire : des impacts multiples
L’agriculture urbaine sociale et solidaire semble répondre aux différents piliers du développement durable.
Comme pour l’agriculture durable au sens large
Comme pour l’agriculture durable au sens large, les organisations de l’ESS portent en effet des projets mêlant ancrage territorial, dimension pédagogique, utilité sociale, création de liens et attention portée aux retombées environnementales.
Ainsi, les impacts de ces projets sont multidimensionnels, en fonction des activités mises en œuvre, et peuvent concerner :
La sécurisation de l’approvisionnement alimentaire
- Production partielle des ressources alimentaires nécessaires aux populations urbaines ;
- Création de liens avec l’agriculture durable péri-urbaine et rurale (par la vente directe notamment).
La nature en ville et l’adaptation aux changements climatiques
- Végétalisation et désartificialisation de l’espace urbain ;
- Valorisation d’espaces délaissés ou inutilisés ;
- Régulation thermique et lutte contre les îlots de chaleur ;
- Réduction de la pollution ;
- Prévention et recyclage des déchets.
L’inclusion et la cohésion sociale
- Accès à des fruits et légumes de qualité, notamment pour des populations défavorisées ;
- Support d’insertion par l’activité économique pour des personnes éloignées de l’emploi ;
- Implication des citoyens via le financement, le bénévolat ou par la vente directe ;
- Pédagogie autour d’une alimentation saine et de qualité et réappropriation de la production par les consommateurs.