Le numérique, un levier d’innovation sociale
Le développement des nouvelles technologies a fait émerger de nouvelles formes de projets d’utilité sociale. D’une part, les nouvelles technologies ont permis l'envol de projets dont l’objectif est d’accompagner la transformation et de lutter contre la fracture numérique. D’autre part, elles ont permis à certains projets de se lancer grâce à des solutions numériques.
Jaccede.com, par exemple, permet de mobiliser une communauté pour identifier et référencer les lieux accessibles pour les personnes à mobilité réduite partout en France. SINGA s'est également appuyé sur le numérique pour développer une plateforme de mise en relation entre réfugiés à la recherche d’un accueil temporaire et particulier disposant d’une chambre pour les accueillir.
Les outils numériques font évoluer les modèles économiques des entreprises de l’ESS
La révolution numérique est aussi l’occasion pour les entreprises de l’économie sociale et solidaire (ESS) d’interroger leurs modèles économiques. Elle est porteuse de nouvelles solutions pour penser la pérennité économique des structures mais également pour démultiplier leur impact social et environnemental de manière efficace.
Les entreprises classiques appréhendent de différentes manières l’évolution de leurs business models face à l’influence du numérique :
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développement de nouveaux services (extension de la gamme de services commercialisés, diversification et développement de nouveaux produits ou services digitaux) qui permet de créer de la valeur ajoutée hors du cœur de métier ;
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développement de logiques de partenariats et de cross-selling (vente additionnelle) par le biais notamment d’inclusion de leurs offres au sein d’un écosystème de partenaires ;
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évolution du positionnement au sein de la chaîne de valeur rendue possible par la dématérialisation (Internet, plateformes en ligne, applications mobiles…). Par exemple, une structure productrice de biens ou de services peut dorénavant se passer d’un intermédiaire pour commercialiser ses produits ou services et se positionner également en tant que distributeur.
On retrouve ici le développement de plateformes de vente en ligne (ou e-commerce), devenues quasiment incontournables dans l’économie classique, qui tendent aussi à se développer dans l’ESS. Par exemple, Label Emmaüs a créé le site e-commerce du réseau Emmaüs. L'association y propose des objets, vêtements et meubles d’occasion à acheter en ligne.
Utiliser les technologies numériques pour répondre aux besoins sociaux
Au-delà de l’amélioration de services déjà existants, le numérique peut être facteur d’innovation sociale. De plus en plus de startups sociales se créent autour d’un outil numérique particulier comme une plateforme ou une application. Le terme Tech for Good qualifie les solutions digitales inventées pour un monde plus juste et durable. La Tech for Good est avant tout un mouvement qui rassemble entrepreneurs, structures de l’accompagnement et financeurs qui croient à ces projets associant numérique et solidarité.
Avec le développement de ces solutions digitales, les entrepreneurs sociaux ont besoin de nouvelles formes d’accompagnement incluant une approche technique pointue. Les acteurs de l’accompagnement développent peu à peu leurs offres sur le sujet. Ashoka a lancé son programme ShareIT.io, en lien avec le monde des startups classique ; La Ruche a pour sa part créé le programme Les Ambitieuses à portée nationale.
Ces deux formes d’accompagnement offrent des réponses concrètes sur l’ingénierie digitale et des mises en relation avec des grandes entreprises du numérique (Microsoft, Orange, Eventbrite, Intech, etc.).
Des technologies comme le big data ou la blockchain sont amenées à étendre l’influence du marketing digital. Le big data est l’ensemble des données publiques disponibles en ligne, la masse de ces données rend leur exploitation difficile.
Néanmoins, des acteurs tels que Datactivist cherchent à rendre ces informations utiles et utilisées. La blockchain est la technologie – de stockage et de transmission d’informations, transparente, sécurisée, et fonctionnant sans organe central de contrôle – à l’origine de la cryptomonnaie Bitcoin. Cette technique peut être utilisée au service de projets solidaires comme Reconnect, une plateforme qui permet aux sans-abri de dématérialiser leurs papiers administratifs. Ces deux technologies offrent des réponses simples aux besoins de transparence et de partage d’information de l’ESS.
Répondre à la fracture numérique
Toutes ces transformations liées au numérique ont entraîné un clivage au sein de la société appelé fracture numérique. Cela regroupe les inégalités dans l'accès à un ordinateur et à Internet, les inégalités dans l'usage des outils et les inégalités dans l'usage des informations issues de ces outils. Aujourd’hui, 13 % des Français se disent en pénibilité sur le numérique. Il existe une corrélation entre précarité sociale et difficultés numérique puisque 40 % des publics en précarité sociale sont en difficulté numérique (source : Emmaüs Connect).
Notre société se dématérialise de plus en plus et les démarches administratives (Pôle Emploi, CAF, impôts, etc.) ne se font désormais plus que sur Internet. Les publics en difficulté face aux technologies du numérique ont donc besoin d’être accompagnés.
Pour répondre à ces nouvelles problématiques, de nombreux projets se créent et luttent contre ces disparités : cours d’informatique, créations d’objets numériques simplifiés, médiation numérique ou encore partages de bonnes pratiques. Par exemple, le GRDR a lancé le projet « E-migrés, des seniors connectés » qui consiste à sensibiliser les personnes âgées immigrées aux usages du numérique pour les aider à réaliser leurs démarches en ligne pour bénéficier de leurs droits sociosanitaires.