Fermes d'avenir

Propos recueillis en 2020 auprès de Marion Enzer, Responsable Programmes & Développement de Fermes d’Avenir  

Quels sont les constats à l’origine de la création de Fermes d’avenir ?

La France a perdu 1,5 millions de fermes en 50 ans. L’agriculture représente aujourd’hui 2% de l’emploi en France, 5 fois moins qu’il y a 50 ans. Sur les 700 000 agriculteurs en France, la moitié sont en âge de partir à la retraite d’ici 5 ans. 

En parallèle, dans la filière agricole française, l’efficacité énergétique a été divisée par 25 en 70 ans : là où il fallait 1 calorie fossile pour produire 2,4 calories alimentaires en 1940, il faut désormais 7,4 calories fossile pour produire 1 calorie alimentaire. Quand le prix du baril du pétrole augmente, cette équation devient intenable.

Enfin, en 40 ans, 52 % des animaux sauvages ont disparu de notre planète. L’agriculture industrielle a un impact négatif énorme sur l’environnement, le changement climatique et la biodiversité. Nous pensons qu’il y a d’autres options, inspirées de la nature plutôt que luttant contre elle, et c’est pour les promouvoir et les faire passer à l’échelle que nous existons.

Quels sont vos axes de travail et principaux projets ?  

Nous avons principalement 4 axes de travail :

• La production et l’accompagnement des fermes agroécologiques de notre réseau et des porteurs de projets qui souhaitent se lancer. Le but est de faire pousser des fermes partout en France, donc nous accompagnons des individus, collectivités et entreprises pour qu’un maximum de fermes puissent se lancer avec toutes les clefs de réussite en mains et qu’elles se pérennisent. 
• La formation sous différents formats : des formats « courts » d’une semaine pour des profils voulant lancer des microfermes ou devenir plus autonomes sur le plan alimentaire, mais également un Programme de Compagnonnage, véritable « Tour de France » de l’agroécologie de 8 mois, permettant de se former en itinérance sur le maraîchage biologique au sein des fermes de notre réseau. Le programme accueille depuis 2 ans des personnes réfugiées, ajoutant une dimension sociale au projet.
• Le financement : grâce à un concours national annuel récompensant des initiatives agroécologiques remarquables et une plateforme de financement participatif dédiée à l’agriculture et l’alimentation durable, appelée Blue Bees.
• L’influence : afin de sensibiliser grand public et politiques sur ces questions, nous avons notamment organisé le Fermes d’Avenir Tour à l’été 2017 ou sorti le film « On a 20 ans pour changer le monde » en 2018.

Pourquoi défendre l’agroécologie et la permaculture plus que l'agriculture bio ?

Contrairement à l’agriculture biologique, l’agroécologie n’est définie par aucun cahier des charges, il n’est donc pas évident de définir quelle ferme est agroécologique et quelle ferme ne l’est pas. Nous définissons de façon simple les fermes agroécologiques comme des fermes qui permettent de nourrir la population avec des aliments sains et qualitatifs (goût, maturité, etc.), en préservant le capital naturel planétaire (eau, sols, climat, biodiversité, etc.) et en garantissant une activité viable, vivable et résiliente pour les agriculteurs. 

Afin de présenter cette vision et définition de manière pédagogique, nous avons imaginé une « Fleur de l’Agroécologie » qui met en lumière les 12 aspects majeurs de ce type de production. Pour simplifier, on pourrait dire que nous mettons en avant une agriculture bio "plus plus" ! 

Quels sont vos principaux partenaires ?

Comme tout projet associatif, il est impensable de relever les défis que nous nous fixons sans le soutien de partenaires convaincus par le sujet et fidèles dans la durée. Nous avons la chance d’avoir à nos côtés des institutions et entreprises passionnées, légitimes et ambitieuses, que nous tenons à remercier : des collectivités territoriales, mais également des entreprises privées ayant des enjeux agricoles et des ambitions fortes en matière de RSE et de transition. Nous travaillons également avec plusieurs fondations, comme et avons rejoint le GROUPE SOS en 2016.

Quel est l’impact de Fermes d’avenir ?

Dès 2016, Fermes d’Avenir a souhaité développer une comptabilité qui intègre les capitaux naturels et humains. Souhaitant démontrer la contribution à la transition écologique de son réseau, nous avons décidé d’expérimenter la méthode de comptabilité multi-capitaux en se basant sur la méthode CARE-TDL développée J. Richard et A. Rambaud. 
> Pour en savoir plus : Retrouvez l’étude de cas réalisée par l’Avise sur l’expérimentation de la comptabilité multi-capitaux par Fermes d’Avenir