Quels enjeux à moyen et long terme ?
Le capital santé
Comment permettre à chacun de préserver et de développer son capital santé ? Entre le sport et le domaine du bien-être, entre le développement personnel et le care, de nouveaux services peuvent émerger, et des services existants se développer. Ces services pourraient notamment être intégrés par les professionnels de l’aide à domicile à leur offre d’accompagnement plus classique.
Par ailleurs, la mise en œuvre d‘un suivi personnalisé, permettant de prévenir les risques et de retarder l’entrée en dépendance, semble être cruciale. Comment développer les démarches de prévention ? Et comment, par ailleurs, éviter que ce suivi personnalisé ne conduise à une complète individualisation de la protection contre les risques de l’existence ? Comment repenser la mutualisation des risques à l’heure de la massification de la collecte et du traitement automatisé des données individuelles ? Il s’agit ici d’un défi crucial pour les mutuelles de prévoyance.
L'activité des seniors
Comment permettre aux personnes vieillissantes de rester actives, dès lors que leur santé le leur permet ? Alors que la mise en retraite, jadis passage brutal d’un statut d’actif à un statut d’inactif, est devenue plus progressive, de nouvelles solutions au maintien des seniors dans le marché de l’emploi sont à imaginer.
En outre, la possibilité offerte aux seniors de participer à des activités bénévoles comme à d'autres activités créatrices de valeur représente un enjeu majeur, notamment lorsqu’il s’agit de transmettre leur capital culturel aux plus jeunes.
Revenus et patrimoine
La tendance à la détérioration du rapport entre revenus des retraités (transferts et patrimoine) et revenus des actifs semble destinée à s’accentuer. Existe-t-il une voie mutualiste pour la retraite par capitalisation, qui ne soit pas une simple assurance-vie privée ? Comment articuler transferts intergénérationnels publics (ascendants) et transferts intergénérationnels privés (essentiellement descendants) ? Comment mobiliser le patrimoine des seniors ?
Les relations sociales
Alors même que quatre générations sont désormais amenées à coexister, les phénomènes d’isolement concernent une partie grandissante de la population, et notamment de ses classes d’âges les plus âgées. Comment améliorer la situation des générations pivots, et plus généralement celle des proches aidants, sur lesquels repose la prise en charge des personnes âgées en perte d’autonomie ?
Le développement des rapports intergénérationnels représente également un défi majeur. Comment faciliter les regroupements familiaux, qu'ils soient temporaires (fêtes, vacances, etc.) ou définitifs (organisation des parcours résidentiels, habitats intermédiaires, etc.) ? Comment de nouvelles formes d’entraide intergénérationnelle, qui se développent hors de la famille, du voisinage ou de l’action caritative, peuvent-elles être mobilisées dans le combat contre l’isolement des personnes âgées ?
Le soutien aux aidants
Hommes, femmes, membres de la famille mais également voisins, amis ou proches : ils sont 4 millions à aider régulièrement, financièrement ou psychologiquement, une personne de 60 ans et plus, vivant à son domicile, en perte d’autonomie et parfois atteinte d’une maladie. Comment permettre à ces aidants, lorsqu’ils sont actifs, de concilier l’aide qu’ils apportent à un tiers avec leurs vies familiale et professionnelle ? Comment améliorer l’articulation de leur action avec celle des aidants professionnels ? Comment leur fournir un accompagnement dans leurs tâches administratives ?
Les lieux de vie
À l’échelle du quartier comme à celle du logement, les personnes âgées ont besoin que leur environnement quotidien puisse évoluer et s’adapter à chacun des différents moments de leur vie.
Outre celui de leur accessibilité financière, les innovations technologiques contribuant à la sécurisation des lieux de vie (vidéosurveillance, domotique, self-monitoring, visites médicales en ligne, etc.) posent également le problème de leur acceptation et de leur appropriation par les personnes âgées en perte d'autonomie et par leurs aidants. Comment impliquer les personnes âgées dans la conception de ces outils ? Et comment permettre à l’ensemble des personnes âgées, notamment à celles disposant de ressources limitées, d’accéder à cette offre ?
En outre, en vue de dépasser l’alternative entre maintien à domicile et placement en établissement médicalisé, quelles formules d’habitat intermédiaires, notamment intergénérationnelles, peuvent être imaginées ?
Enfin, comment renforcer l’intégration sociale des personnes âgées, à l’échelle du quartier ou du village ? Sur ce plan, quelles formes de coopération peut-on imaginer entre les acteurs œuvrant dans des domaines aussi divers que ceux du logement des personnes âgées, de leur accompagnement médico-social, ou encore des loisirs et de la culture ?
La mobilité
Les enjeux liés à la mobilité des personnes vieillissantes impliquent de mieux appréhender les obstacles, structurels (sociaux, géographiques, économiques, cognitifs, etc.) comme fonctionnels à cette mobilité.
Un défi majeur est celui de la coordination entre les services de transports, l'action sanitaire et sociale et les acteurs de la vie culturelle, à partir d’une conception moins segmentée des besoins des seniors. Il se pose avec une acuité particulière pour les personnes âgées habitant en zone rurale ou périurbaine.
La participation citoyenne
Les personnes vieillissantes doivent être renforcées dans leur rôle de citoyen ayant la capacité de s’exprimer, d’être entendu et d’agir.
Comment permettre aux personnes âgées de contribuer à la vie démocratique de leur territoire ? Comment les inclure dans la construction, la mise en œuvre et l’évaluation des politiques publiques dont elles sont les sujets ? Comment multiplier les lieux d'échanges, de partage et de construction de projets communs, pouvant notamment permettre de tisser des liens intergénérationnels ?
La fin de vie
L’accompagnement des personnes en fin de vie engendre des besoins particuliers et soulève des enjeux spécifiques. Comment former les aidants, professionnels comme informels, à des formes d’accompagnement adaptées aux besoins des personnes en fin de vie ? Comment développer l'accès aux soins palliatifs, notamment à domicile ? En outre, comment offrir un cadre démocratique à des réflexions collectives sur les problématiques liées au droit à mourir dans la dignité ?