Le webinaire "Impact social : être informé, outillé, accompagné"
Etat des lieux sur l'évaluation de l'impact social
L'étude Expérience de l’évaluation d’impact social rédigée en 2017 par l'Avise et l'agence Phares ainsi que le Baromètre de la mesure d'impact social publié en 2018 par KMPG concordent pour identifier 3 freins principaux au développement de l'évaluation de l'impact social :
- Un frein stratégique, c'est-à-dire quand l'évaluation de l'impact social n'est pas une priorité
- Un frein politique, c'est-à-dire avec des réticences vis-à-vis de la démarche
- Un frein technique, c'est-à-dire résultant d'une méconnaissance de la démarche et de l'outillage associé
Les entreprises de l'ESS ont néanmoins depuis atteint un certain niveau de maturité, permettant de faire comprendre l'intérêt de la démarche et de réduire les freins stratégique et politique. Le frein technique en revanche reste fort, avec un besoin important d'outillage et d'accompagnement sur les premiers pas de l'évaluation de l'impact social.
Stéphane Goss, chargé de développement de la mesure d'impact social à l'UDES, souligne l'importance de l'évaluation de l'impact social pour les entreprises de l'ESS pour renforcer leur positionnement, tant économique (avec l'augmentation des appels à projets) que stratégique (avec la multiplication des démarches RSE & RSO, et la naissance des entreprises à mission), et que l'évaluation de l'impact social reste importante malgré les arbitrages de la crise sanitaire.
Ruth Manley, chargée de mission chez France Active, a partagé l'experience acquise dans le cadre du projet VISES depuis 4 ans. Elle relève 3 approches globales d'outillage sur le marché de l'évaluation de l'impact social :
- Une approche gestionnaire, avec des outils proches de ceux de gestion d'entreprise avec un angle de l'efficacité de l'action ; ceux-ci peuvent cependant nuire à la compréhension de l'impact social, par trop de simplifications
- Des démarches complexes pour démontrer les changements sociaux, mais qui peuvent se révèler fastidieuses
- Une troisième voie spécifique aux entreprises ESS avec des démarches appropriables et accessibles, alliant des méthodes quantitatives et qualitatives d'évaluation
Panorama des outils, ressources et accompagnements existants pour se lancer dans l'évaluation
Céline Gros, chargée de mission à l'Avise, a présenté le Centre de ressources national de l'évaluation de l'impact social, animé par l'Avise. Ce centre de ressources vise à sensibiliser et outiller sur les enjeux de l'impact social, et met en avant des démarches innovantes. La newsletter #ImpactSocial a été lancée en complément en juin 2020, pour diffuser à un rythme bimestriel des actualités et réflexions autour de l'évaluation de l'impact social.
Stéphane Goss a présenté l'outil en ligne Valor'ESS développé par l'UDES et opérationnel depuis juin 2020, dans le cadre de la création d'un programme de formation et d'outillage sur l'évaluation de l'impact social pour acculturer ses adhérents.
Elise Leclerc, directrice du Laboratoire de la mesure d'impact social de l'ESSEC, en a présenté les publications ainsi que le programme Size Up, programme d'accompagnement d'évaluation de l'impact social pour des entrepreneurs sociaux.
Ruth Manley a présenté le projet VISES et son centre de ressources. Celui-ci a pour objectif d'accompagner les structures de l'ESS dans leur l'évaluation de l'impact social en France et en Belgique.
Le tour de table s'est achevé par le témoignage de Sidane N'diaye, chef de projet DLA 94 à BGE ADIL, qui a présenté le programme Cap'impact, auquel il a pu participer. Ce programme a pour but de faire monter en compétences les accompagnateurs de structures de l'ESS sur l'évaluation de l'impact social.
Quelques conseils pour se lancer dans l'évaluation de l'impact social
Les intervenants ont relevé quelques éléments clés, à garder en tête pour se lancer dans une démarche d'évaluation.
- Veiller à ce que les personnes se saisissant de cet enjeu se sensibilisent et consultent les ressources existantes
- Trouver un moyen d'échanger avec un expert et de se faire accompagner peut également permettre à la structure d'identifier clairement les spécificités de sa mesure d'impact et les méthodologies adéquates
- Veiller à ce que l'évaluation interroge le sens et le projet de la structure, et que l'objectif final de l'évaluation ne vise pas uniquement par exemple une recherche de financement. Le coeur de la démarche d'évaluation est bien le sens du projet ; l'apport pour la structure ira ainsi au-delà de la seule mesure d'impact
- Veiller à ce que ses parties prenantes soient sensibilisées, et les impliquer dans la démarche. En effet, la démarche d'évaluation gagne en nuances et devient holistique quand elle est co-construite
Echanges autour des spécificités des démarches évaluatives
Les intervenants ont distingué les démarches d'évaluation de l'impact social de celles des Objectifs de Développement Durable (ODD) de l'ONU. Elise Leclerc note que les ODD donnent des objectifs macroscopiques au niveau d'un pays et donnent un cadre commun pour les structures (ESS et hors ESS) qui souhaitent s'y rattacher. Le Guide de bonnes pratiques ESS du Conseil Supérieur de l'ESS se rapproche quant à lui du regard introspectif de certaines démarches évaluatives, comme celle de l'outil Valor'ESS, avec des indicateurs de gestion et d'impact sur ses parties prenantes.
Les intervenants ont ensuite rappelé la nécessité d'avoir une démarche évaluative itérative afin qu'elle puisse s'ancrer dans le long terme. Une étude peut être réalisée dans le cadre de nouveaux projets à prospecter, une seconde étude étant lancée dans un second temps avec des questions évaluatives complémentaires. La question est alors de s'assurer de la montée en compétences de la structure sur l'évaluation de l'impact social, dans une optique d'amélioration continue.
Elise Leclerc a également dégagé 3 conseils pragmatiques :
- Vérifier la fiabilité des données en travaillant directement avec les collaborateurs qui les collectent
- Rester dans une démarche opérationnelle et connectée avec l'activité de la structure, afin que les collaborateurs restent motivés et comprennent l'utilité de la démarche
- Conserver une proportionnalité entre les ressources investies et le dimensionnement du projet d'évaluation autour de 5 à 10% maximum du budget annuel de la structure ou du projet évalué
Enfin, l'implication des parties prenantes est essentielle dans les démarches d'évaluation de l'impact social : celles-ci doivent être identifiées dès le début de la démarche, et les interactions prévues dans le cadre de l'évaluation, bien définies. L'implication des parties prenants permettra de comprendre les impacts générés dans les faits, au delà des impacts projetés par la structure au lancement de son activité. Par ailleurs, le nombre de parties prenantes concernées et impliquées dans le processus peut influer sur le choix des outils et des méthodes. Enfin, les démarches évaluatives permettent à la structure de sortir d'une relation de prestation avec ses parties prenantes en proposant plus de transparence, et en les amenant à être co-évaluatrices de ses activités.
Pour aller plus loin
>> Retrouvez le replay du webinaire.
>> Consultez le Centre national de ressources de l'Avise, l'outil Valor'ESS de l'UDES, le projet VISES, les publications du laboratoire de la mesure d'impact de l'ESSEC.