Les recommandations de l’Avise pour développer l’évaluation de l’impact
Être précis quant aux termes utilisés vis-à-vis de l’impact et des pratiques d’évaluation
La notion d’impact d’une entreprise (changement généré à long terme sur ses parties prenantes et son environnement) est à différencier des notions de réalisations (produits obtenus suite aux actions menées), de résultats (effets immédiats des actions menées) et de moyens (ressources déployées pour mener les actions).
De la même façon, l’évaluation de l’impact d’une entreprise (l’évaluation du changement généré sur son environnement et ses parties prenantes) doit être différenciée de sa politique de responsabilité sociale (qui définit les pratiques mises en place pour « intégrer les préoccupations en matière sociale, environnementale, éthique […] dans [sa] stratégie. »), de sa politique qualité, des labels qualifiant ses activités, etc. (qui valorisent la mise en œuvre de pratiques responsables mais ne vont pas analyser l’impact généré par celles-ci).
Capitaliser sur les méthodologies et outils existants
De nombreuses démarches d’évaluation de l’impact ont été menées par des acteurs publics, des organisations non gouvernementales, des entreprises de l’ESS, etc.
Il existe ainsi un certain nombre de méthodes et de référentiels d’indicateurs déjà expérimentés et éprouvés sur le terrain (déclinaison française des indicateurs des Objectifs de développement durable par le Conseil national sur l’information statistique, outil Valor’ESS développé par l’UDES, référentiels sectoriels comme sur les projets alimentaires, les garages solidaires, etc.).
Néanmoins des secteurs ont encore été peu étudiés, des méthodes sont encore complexes à mettre en œuvre, etc. : il est primordial de ne pas réinventer la roue mais de concentrer les efforts pour améliorer l’existant et développer les pratiques.
Faire de l’évaluation un outil au service de l’innovation sociale et de la stratégie de l’entreprise et favorisant le dialogue entre partenaires
L’évaluation doit servir à des prises de décision stratégiques, pour l’entreprise et ses partenaires, et permettre de mieux en comprendre les activités et les enjeux. Au-delà de rendre des comptes, notamment sur les ressources utilisées, elle est avant tout au service de l’entité et du collectif.
Pour ce faire, on veillera à coconstruire une démarche participative, dynamique et apprenante, afin qu’elle soit utile et réaliste pour tous. Les critères choisis refléteront au mieux les aspirations des parties prenantes, avec, dans l’idéal, une coordination des partenaires vis-à-vis des critères d’évaluation pour ne pas multiplier les démarches. Le « droit à l’expérimentation » sera la règle.
S’assurer que les structures financées ont les capacités suffisantes pour évaluer et développer les financements dédiés aux démarches d’évaluation
Les financeurs ont un rôle à jouer pour encourager ce type de pratique, qui contribuera fortement à la consolidation et au développement des entreprises. Mettre en place une démarche d’évaluation nécessite la mobilisation de ressources et de compétences particulières, dont la majorité des structures d’utilité sociale ne dispose pas. Par ailleurs, trop peu de financements sont aujourd’hui disponibles pour les entreprises qui cherchent à évaluer leur impact.
Il est donc important de placer les exigences d’évaluation au regard des enjeux de l’évaluation d’une part et des capacités des structures d’autre part et de soutenir financièrement les études ou mettre de l’expertise à disposition pour en développer les pratiques.
Veiller à ne pas inciter les structures financées à se détourner des publics les plus vulnérables
La manière dont sont déterminés les indicateurs et les objectifs associés peut inciter les structures financées à cibler des bénéficiaires pour lesquels il sera possible d’obtenir des résultats positifs rapidement. Cela pourra se faire au détriment de publics plus en difficulté. Il est recommandé, le cas échéant, de bien déterminer les publics ciblés et de choisir des indicateurs et objectifs adaptés.
S’intéresser également aux domaines où des mesures tangibles sont difficiles à réaliser
De nombreuses structures cherchent à relever des défis en réponse à des problématiques sociales, sociétales ou environnementales très ancrées, où les preuves des résultats peuvent prendre du temps à se matérialiser. Cela peut être le cas, par exemple, lorsque l’on cherche à favoriser la cohésion sociale. Le fait que ces impacts ne soient pas, à ce jour, quantifiables ne signifie pas qu’ils n’existent pas. Une implication des financeurs dans le processus d’évaluation peut permettre une bonne compréhension du changement social opéré.