L'évaluation d'impact social dans l'alimentation durable
Les démarches d'évaluation dans le secteur de l'alimentation
Dans le domaine de l’alimentation, les démarches d’évaluation d’impact se concentrent principalement sur les aspects environnementaux, en particulier ceux liés aux modes de production agricole, aux circuits de distribution et aux pratiques de consommation. Cependant, au-delà de ces préoccupations environnementales, un nombre croissant de structures, notamment issues de l’ESS, s’interrogent sur leur contribution sociale. Ces structures se mobilisent pour répondre à des enjeux cruciaux tels que l’accès à une alimentation de qualité, la lutte contre la précarité alimentaire et la création de liens sociaux à travers des initiatives inclusives.
L’impact social des structures de l’ESS dans le secteur de l’alimentation s’observe principalement à travers des dispositifs favorisant un accès équitable et digne à la nourriture pour des populations vulnérables. Ces initiatives prennent des formes diverses : distribution de paniers solidaires, fonctionnement d’épiceries sociales, accueil dans des cantines à tarif solidaire ou encore des programmes pour sensibiliser à l’importance d’une alimentation saine et durable. Ces actions ne se limitent pas à répondre à un besoin immédiat ; elles visent également à renforcer la résilience des bénéficiaires, à promouvoir leur autonomie et à encourager des dynamiques collectives et solidaires.
La synthèse des évaluations d’impact social présentée dans ce document repose sur une analyse approfondie d’un ensemble d’évaluations réalisées au sein de structures œuvrant pour promouvoir une alimentation durable.
Pour quels objectifs ?
L'évaluation d'impact social permettra d'analyser la contribution des structures de l'ESS à des enjeux majeurs tels que le changement des pratiques alimentaires, la création de liens sociaux, l'augmentation de la confiance en soi et la sensibilisation aux enjeux environnementaux.
Au-delà de ces enjeux centraux, l'évaluation peut également répondre à plusieurs objectifs essentiels :
- comprendre comment un programme d’aide alimentaire peut être un vecteur d’intégration sociale ;
- valider l’intérêt de l’action et faire émerger des premières pistes d’amélioration afin de répondre au mieux attentes et évolutions de nos bénéficiaires ;
- permettre de mieux valoriser l'activité des épiceries solidaires ;
- mesurer le bénéfice économique apporté par les épiceries solidaires à la société et les coûts évités pour les pouvoirs publics ;
- identifier les forces et faiblesses du territoire concernant l'alimentation durable.
Comment s'y prendre ?
Pour mener une évaluation d’impact social dans ce secteur, les structures adoptent majoritairement une méthodologie mixte pour la collecte de données, combinant des approches quantitatives et qualitatives :
- des questionnaires distribués aux bénéficiaires des programmes, sous format papier ou numérique ;
- des entretiens semi-directifs individuels, réalisés auprès des bénéficiaires, des bénévoles et des représentants de structures partenaires ;
- des temps d'observations menés "in situ" des ateliers.
De manière plus ponctuelle, certaines structures optent pour compléter ces démarches par une analyse coûts bénéfices (ACB) qui vise à objectiver la valeur financière de son action.
Qui impliquer ?
Par les différentes méthodes de collecte des données, les structures cherchent à impliquer un maximum de parties prenantes afin d'avoir une vision la plus exhaustive de leurs impacts.
- Les bénéficiaires directs des initiatives d’alimentation durable et solidaire forment un groupe hétérogène, reflétant la diversité des dispositifs proposés. Ils participent activement aux démarches d'évaluation, à travers des entretiens, des questionnaires et des focus groups. Ces outils permettent de mesurer les effets des programmes sur leur accès à une alimentation durable.
- Les bénévoles jouent un rôle central dans la réussite de ces initiatives. Présents à chaque étape, ils assurent une multitude de missions, de la préparation des repas dans les cantines solidaires à la logistique des paniers ou encore à l’accueil et à l’accompagnement des bénéficiaires dans les épiceries. Leur expérience de terrain permet d’identifier des points forts, mais aussi des axes d’amélioration pour renforcer l’impact des actions menées. Par leurs fonctions, ils sont en contact direct avec les bénéficiaires et jouent un rôle clé dans la mise en œuvre des actions. Leur participation aux outils de collecte est souvent sollicitée. Ces retours permettent d’identifier les points d’amélioration et d’optimiser les actions mises en œuvre dans le cadre des programmes.
- Les structures partenaires sont des acteurs indispensables à la réussite et à la pérennité des programmes. Leur contribution aux démarches d’évaluation permet de recueillir des perspectives stratégiques et opérationnelles. Ils apportent un éclairage sur les synergies développées dans le cadre des partenariats et sur les opportunités d’amélioration des dispositifs, notamment en termes de coordination et de complémentarité des actions.
Les quatre grands impacts évalués
Les impacts ciblés par les structures engagés dans l'accès à l'alimentation, et donc évalués par les structures font généralement émerger quatre grands impacts clés.
- Le sentiment pour les séniors d'avoir une meilleure compréhension des enjeux d'une alimentation adaptée pour leur santé (Silver Fourchette)
- Le sentiment pour les seniors d'être capables de choisir des produits frais, locaux, de saison et adaptés à leurs besoins (Silver Fourchette)
- La découverte de nouvelles recettes (Le Petit Ney)
- La découverte de nouveaux fruits et légumes (Le Petit Ney, 30 000 Paniers solidaires - Réseau Cocagne)
- L'amélioration des connaissances en nutrition (ANDES)
- A la suite de la fréquentation de la restauration scolaire de la commune, les enfants goûtent plus facilement les plats proposés par leurs parents (PAT Mouans-Sartoux)
- La diminution de la consommation de viande et de poissons chez les bénéficiaires (Le Petit Ney)
- L'augmentation de la consommation de fruits et légumes de saison (Le Petit Ney)
- La reproduction des recettes de la cantine par les bénéficiaires (ANDES)
- L'amélioration de la diversité de l'alimentation des bénéficiaires (ANDES)
- Plus grande proportion de légumes consommés par les bénéficiaires ( 30 000 Paniers solidaires - Réseau Cocagne)
- La consommation plus fréquente de produits cuisinés soi-même plutôt que des produits transformés (30 000 Paniers solidaires - Réseau Cocagne)
- La plus grande appréciation des légumes grâce aux paniers (30 000 Paniers solidaires - Réseau Cocagne)
- Les différentes actions menées par la commune ont amené les habitants à réfléchir sur leurs pratiques alimentaires (PAT Mouans-Sartoux)
- L'augmentation de la conscience qu'un autre modèle de société est possible, et de pouvoir changer les choses, seul ou en collectif (Les petites cantines)
- L'augmentation de l'envie de passer à l'action et de contribuer à construire une société plus conforme à leurs valeurs (Les petites cantines)
- L'augmentation de l'importance accordée à manger "bio" (Réseau Cocagne)
- L'augmentation de l'importance donnée à acheter des légumes produits localement (30 000 Paniers solidaires - Réseau Cocagne)
- L'augmentation de l'importance accordée au fait de consommer des fruits et des légumes de saison (30 000 Paniers solidaires - Réseau Cocagne)
- L'augmentation de la confiance en soi grâce aux ateliers (Silver Fourchette)
- Les ateliers donnent envie de partager les savoirs et les compétences acquis par les bénéficiaires (Silver Fourchette)
- L'amélioration savoir-faire en cuisine grâce aux ateliers (Silver fourchette)
- L'augmentation de la conscience et de la valorisation de ses qualités et de ses ressources (Les petites cantines)
- Le sentiment d'être accueillis comme ils sont, sans qu'ils aient besoin de jouer un rôle (Les petites cantines)
- L'augmentation de l'envie de sortir de chez eux depuis qu'ils y rejoint le dispositif (Les petites cantines)
- Le sentiment de reprendre de l'énergie pour affronter les difficultés du quotidien (Les petites cantines)
- Le sentiment de se faire respecter par sa participation financière (30 000 Paniers solidaires - Réseau Cocagne)
- Le sentiment pour les bénéficiaires que la cantine donne envie de sortir chez soi (Le Petit Ney)
- L'augmentation du temps passé à table depuis qu'ils sont inscrits au programme (30 000 Paniers solidaires - Réseau Cocagne)
- Le partage plus fréquent des repas avec des invités (30 000 Paniers solidaires - Réseau Cocagne)
- Le sentiment que la cantine permet d'expérimenter des relations de confiance au sein de la société (Le Petit Ney)
- Oser plus facilement aller vers les autres, et considérer que le repas est une occasion de lien social (Les petites cantines)
- La fréquentation à la cantine pour accueillir et se sentir accueillis comme ils sont (Le Petit Ney)
- L'envie d'entretenir des liens créés avec des personnes rencontrées à l'épicerie solidaire (ANDES)
- La présence d'échanges conviviaux et création de liens avec les intervenants et participants présents lors des différentes animations (ANDES)
- La prise de temps pour discuter lors de la récupération des paniers (30 000 Paniers solidaires - Réseau Cocagne)
- Le sentiment pour les bénéficiaires que la cantine est un moyen de lutter contre l'isolement et la solitude dans les villes et d'être mieux intégrés au quartier (Le Petit Ney)
- Le sentiment d'être mieux intégrés dans la vie de quartier (ANDES)
- La diminution de l'isolement depuis l'accès à l'épicerie solidaire (ANDES)
Évaluer l'impact environnemental de son projet
Au-delà de la mesure d’impact social abordée précédemment, l’évaluation de l’impact environnemental occupe également une place importante dans le domaine de l’alimentation durable.
Pour mener une telle démarche, il existe divers outils adaptés au secteur tels que :
- SYALInnov (Systèmes Alimentaires Localisés et Innovations) qui permet d’évaluer les filières courtes et locales en prenant en compte des critères tels que la biodiversité, la résilience des écosystèmes et la valorisation des circuits courts. Cet outil est notamment dans les Projets Alimentaires Territoriaux (PAT).
- L'Analyse du cycle de vie (ACV) est largement utilisée pour mesurer les impacts environnementaux tout au long de la chaîne de production d’un produit alimentaire, de l’extraction des matières premières à sa fin de vie.
Ces approches offrent des cadres d’analyse complémentaires pour mieux appréhender les enjeux environnementaux des systèmes alimentaires.
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