Décryptage

Jeunes : de qui parle-t-on ?

Publié le 19 mars 2024 - Mise à jour le 29 octobre 2024
Loin de se limiter à une simple classe d’âge, la jeunesse constitue une population hétérogène, dont les membres font face à des enjeux différents selon leur situation personnelle ou professionnelle, leur lieu d’habitation ou encore leur niveau de diplôme.

Qui sont « les jeunes » ?

Bien qu’il n’existe pas de définition officielle et standardisée de la jeunesse, la plupart des travaux scientifiques ainsi que l’Organisation des Nations Unies (ONU) s’accordent à définir les jeunes comme des personnes âgées de 15 à 24 ans. L’Institut national de la statistique et des études économiques (Insee) retient pour sa part un intervalle compris entre 15 et 29 ans.

 

Selon les études ou les dispositifs, la catégorie des jeunes peut être étendue ou réduite, pour retenir d’autres intervalles compris entre 16 et 24 ans, 18 et 24 ans, etc. Selon les derniers chiffres de l’Insee, la France comptait 11,9 millions de personnes âgées de 15 à 29 ans sur son territoire au 1er janvier 2023, soit près de 17,5 % de la population totale.

 

Alors que la France fait face à un vieillissement de sa population, cette part devrait baisser dans les prochaines années. Selon les projections de l’Insee, la France comptera 10,9 millions de personnes âgées de 15 à 29 ans à horizon 2050, soit 15,7 % de sa population totale.

Au niveau mondial, l’ONU chiffre pour sa part à 1,2 milliard le nombre de personnes âgées de 15 à 24 ans, ce qui représente 16 % de la population mondiale. D'ici à 2030, le nombre de jeunes devrait augmenter de 7 %, pour atteindre près de 1,3 milliard d’individus.

Des situations hétérogènes

Un des principaux enjeux concernant les jeunes réside dans l’hétérogénéité des situations rencontrées par cette catégorie de population, selon son lieu de résidence, son niveau de diplôme, sa situation professionnelle ou personnelle, etc.

  • 46 %

    des 15-29 ans étaient scolarisés en 2020-2021

  • 36,4 %

    des 15-24 ans étaient en situation d’emploi en 2022

  • 32 %

    des 15-29 ans résidaient en zone rurale en 2019

Une population confrontée à de nombreux enjeux

Les 18-29 ans peuvent être étudiants, jeunes travailleurs, sans activité, avec un niveau d’autonomie financière nul ou total, etc.

 

Par ailleurs, la jeunesse ne disposant pas d’un cadre légal défini, il existe peu d’aides inconditionnelles destinées spécifiquement à l’ensemble de cette tranche d’âge, mais plutôt des leviers activables selon les situations de chacun.

 

Les jeunes font face à des difficultés accrues sur plusieurs dimensions, qui souvent s’entretiennent l’une l’autre.

 

Un accès au logement entravé

Selon le Rapport d’information de l’Assemblée Nationale sur le logement et la précarité des étudiants, des apprentis et des jeunes actifs, publié en décembre 2021, les jeunes sont en première ligne dans les difficultés d’accès au logement, notamment les étudiants. Les résidences étudiantes et les centres régionaux des œuvres universitaires et scolaires (CROUS) ne permettent d’héberger que 24 % des 2 millions d’étudiants vivant hors de leur domicile familial.

 

Selon l'Enquête sur le coût de la vie étudiante 2021 du syndicat l’Union nationale des étudiants de France, le logement représente 60 % du budget des étudiants (70 % à Paris) contre 30 % pour l’ensemble de la population. L'Insee rapporte de son côté que 26 % des personnes sans domicile étaient âgés de moins de 30 ans en 2012. Pour faciliter l’accès des jeunes au logement, la loi ELAN du 23 novembre 2018 a permis certaines mesures concernant plus particulièrement les jeunes (création d’un bail particulier pour les étudiants, encouragement de l’attribution prioritaire de logements dans le parc social, mise en place du dispositif unique de caution locative gratuite VISALE, etc.).

  • 29 %

    des allocataires d’une aide au logement avaient moins de 30 ans en 2019

  • 12 %

    des étudiants vivaient en colocation ou sous-location en 2020

  • 22,9 %

    des étudiants vivaient chez leurs deux parents durant l’année scolaire en 2020

Des difficultés d’entrée sur le marché du travail

D’après l’Insee, bien que la situation se soit améliorée dans les dernières années, les jeunes rencontrent encore des difficultés accrues d’insertion sur le marché du travail, notamment ceux qui sont peu ou pas diplômés : en 2022, 18 % des 18 - 24 ans sont au chômage, ce taux montant à 45 % pour ceux étant peu ou pas diplômés. Un chiffre particulièrement élevé comparé à la moyenne nationale (qui se situe en dessous de 8 %).

 

L’entrée sur le marché du travail s’avère par ailleurs problématique pour un grand nombre de jeunes : un à quatre ans après leur sortie d’études, 30 % des jeunes qui travaillent disposent d’un contrat de travail précaire (une catégorie qui désigne les contrats à durée déterminée, ou CDD, et les contrats de travail temporaire). Ce taux monte à plus de 50 % pour les jeunes peu ou pas diplômés.

 

Pour faciliter l’entrée des jeunes sur le marché du travail, la formation s’impose comme un élément fondamental.

 

Pour autant, accéder à une formation s’avère complexe pour de nombreux jeunes. En cause : le manque de places en formations et le coût de la vie étudiante, qui rendent cet accès difficile pour un grand nombre de jeunes issus de milieux familiaux ne pouvant pas les soutenir (soit environ 40 % des étudiants).

 

Les jeunes issus de dispositifs de la protection de l’enfance sont ainsi particulièrement touchés par les difficultés d’accès à la formation et à l’emploi. En 2020, 40 % des étudiants exerçaient une activité rémunérée pendant l’année universitaire, selon l'Observatoire de la vie étudiante.

  • 34,9 %

    des 15-24 ans étaient en situation d’emploi en 2022.

  • 7,3 %

    de l’ensemble des 15-24 ans étaient au chômage en 2022.

  • 12 %

    des jeunes de 15 à 29 ans, soit près d’un million de personnes, n’étaient ni en emploi, ni en études, ni en formation (NEET) en 2022.

Zoom : l’insertion professionnelles des jeunes, une priorité de l’Etat

Conscient des difficultés pour les jeunes entraînées par la crise sanitaire, le gouvernement a initié plusieurs initiatives visant à favoriser l’accès à l’emploi pour les jeunes, rassemblé sous le Plan « 1 jeune 1 solution » lancé à l’été 2020. Ce plan vise à offrir une solution à chaque jeune en mobilisant plusieurs leviers : aides à l’embauche pour les jeunes et les apprentis, accès à des formations qualifiantes pour les jeunes peu diplômés via le plan d’investissement dans les compétences (PIC), accompagnements des jeunes notamment via le contrat d’engagement jeune (CEJ), création du service national universel, aides financières, etc. Le Ministère de l’Éducation nationale et de la jeunesse porte également d’autres dispositifs à destination des jeunes comme la Boussole des jeunes et l’Information jeunesse.

 

 

Une population plus touchée par la précarité

Les jeunes sont plus touchés par la précarité : près de 20 % des 18-29 ans vivent sous le seuil de pauvreté (fixé à 60 % du salaire médian) soit 5 points de plus que la moyenne nationale (source : rapport de l’Insee « Pauvreté selon l’âge et le seuil », 2019).

 

Par ailleurs, les données de l’Insee montrent que la crise sanitaire et économique a plus durement touché les jeunes que le reste de la population française :

  • le taux d’emploi des 18-24 ans a baissé de près de 2 points entre 2019 et 2020 (alors qu’il est resté stable pour les 30-64 ans) ;
  • près de 10 % des jeunes en emploi début 2020 l’ont perdu en mai 2020 (contre 2 % pour les 30-64 ans) ;
  • près de 10 000 étudiants bénéficiaient en avril 2021 de l’aide spécifique ponctuelle pour les étudiants en difficulté, soit 1,5 fois plus qu’avant la crise.
  • 72,8 %

    des étudiants étaient aidés par leur famille en 2020

  • 64,2 %

    des étudiants disposaient d’aides publiques en 2020

  • 32,3 %

    des étudiants disposaient d’un revenu d’activité en 2020

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