Focus ESS

Quelle place pour le sport dans l’économie sociale et solidaire ?

Publié le 16 août 2023 - Mise à jour le 28 octobre 2024
Le sport est un secteur d’activité essentiel de l’économie sociale et solidaire (ESS). Pour les structures sportives, l’ESS constitue en effet un écosystème d’accompagnement et de financement sur lequel elles peuvent s’appuyer ! Pour autant, ces dernières n’en ont pas toujours conscience et ne mobilisent pas l’écosystème et l’accompagnement dédiés.

Comprendre la place du sport dans l’ESS : quelques données clés

Une majorité des structures qui composent les secteurs jeunesse & sport sont des associations et le Mouvement sportif est tout simplement le premier mouvement associatif français. Il regroupe notamment les 120 fédérations sportives, constituées sous forme associative, qui gèrent la pratique de leur discipline.

 

En France, 24 % des associations relèvent du domaine du sport, soit près d’une association sur quatre ! En outre, de nombreuses associations dont le cœur d’activité ne relèvent pas du sport, par exemple les loisirs ou l’enseignement, proposent également une offre d’activités sportives.

 

L’article 1 de la loi Hamon de 2014 précise que font partie de l’économie sociale et solidaire « les personnes morales de droit privé constituées sous forme de coopératives, de mutuelles, de fondations ou d’associations régies par la loi de 1901 ». De facto, le sport occupe une place centrale dans l’économie sociale et solidaire et le Mouvement Sportif est une partie prenante de l’ESS.

 

En outre, le sport est reconnu pour véhiculer des valeurs telles que l’égalité des chances, le refus de la discrimination, la cohésion et le lien social, qui font partie de l’identité de l’économie sociale et solidaire.

 

Comprendre l’importance du sport dans l’économie française et le monde associatif : quelques chiffres-clés

Le poids du sport dans l’économie française s’élève à 2,6 % du PIB national en 2023, selon la dernière étude annuelle du groupe BPCE consacré à la filière sportive. Près de 450 000 personnes en France travaillent au sein de la filière sport, principalement dans les domaines de l’enseignement, le commerce ou la gestion des équipements.. 

 

En plus des entreprises privées, la France compte plus de 360 000 associations sportives en activité. Les associations sportives représentent ainsi 24 % des associations françaises. Autrement dit : une association française sur quatre est à caractère sportif ! Pour autant, la majorité des associations sportives fonctionnent en grande partie grâce au bénévolat, en particulier les plus petites.

 

Seules 14,5 % d’entre elles sont employeuses, selon les derniers chiffres clés du sport, publiés en 2023 par l’Institut national de la jeunesse et de l’éducation populaire. Les associations sportives représentent 4,6 % de l’effectif salarié de l’ensemble du domaine associatif.

 

Le sport est le secteur qui regroupe le plus de bénévoles. La majorité des associations sportives, en particulier les plus petites structures, fonctionnent uniquement grâce au travail de bénévoles. On estime à plus de 3,5 millions le nombre de bénévoles dans les associations sportives, ce qui représente plus de 25 % du nombre total de bénévoles.

 

Le financement des associations sportives est surtout privé, provenant majoritairement des cotisations des adhérents : : environ 40 % contre 10 % en moyenne pour les associations opérant dans d’autres secteurs. Globalement, les associations sportives reçoivent moins de financements publics que d’autres associations, mais peuvent bénéficier d’autres avantages, comme la mise à disposition de locaux par les communes.

 

L’ESS : un écosystème d’accompagnement et de financement pour les structures sportives

Malgré la place majeure du secteur du sport dans l’ESS, les structures du monde sportif à statut d’ESS n’ont pas toujours conscience de leur appartenance à l’économie sociale et solidaire. De fait, elles ne mobilisent pas toujours l’écosystème et l’accompagnement dédié.

 

Conscient de l’enjeu de les aider à progresser dans leurs connaissances des mécanismes de l’ESS, dans la perception de sa plus-value pour leur fonctionnement et activités, le ministère des Sports a d’ailleurs publié en 2018 un dossier thématique « économie solidaire et sport » pour donner aux acteurs du secteur « des clés de compréhension, une grille de lecture du secteur de l’ESS et des pistes pour en tirer parti ».

 

Car pour les porteurs de projet ou dirigeants d’une structure sportive, on peut lister plusieurs intérêts de prendre conscience de leur appartenance à l’ESS :

  • revendiquer leur contribution à l’intérêt général ;
  • faire reconnaitre leur utilité sociale et leur mission de service public ;
  • mobiliser de nouvelles sources de financement ;
  • créer de nouveaux partenariats ;
  • poursuivre une affirmation d’acteur local ;
  • créer un nouveau modèle de gouvernance des associations sportives dans un cadre plus solidaire.

Le sport, un secteur en constante évolution

L’évolution de la pratique sportive ces 20 dernières années se caractérise par une diversification des formes de pratiques et des aspirations des pratiquants. On assiste de plus en plus à un phénomène de « zapping » sportif basé sur la multi-pratique et une diversification des disciplines.

Le sport se pratique aussi de plus en plus « à la carte », du fait de la volonté des sportifs amateurs de se voir imposé le minimum de contraintes et le maximum d’autonomie.

 

Ces évolutions de la pratique sportive ont des conséquences sur les structures : on remarque une baisse du nombre de licenciés dans les clubs de sport depuis plusieurs années – sauf chez les publics enfants – qui oblige les clubs à se réinventer et se réorganiser. Outre ces changements dans la façon de faire du sport, on assiste à des évolutions sectorielles. Le rapprochement du secteur du sport avec celui de la santé en est une illustration, dans une logique de structuration et une volonté de favoriser l’activité physique et sportive pour améliorer l’état de santé de la population.

 

Le sport est en outre de plus en plus reconnu comme un vecteur d’insertion et d’intégration sociale et un réel moyen de cohésion sociale. La dimension sportive prend une place toujours plus importante dans les politiques publiques de cohésion sociale. Outre les politiques, une multitude d’initiatives utilisant le sport comme levier d’intégration et de cohésion sociale existent et prennent de l’ampleur. Nombreux sont les acteurs de l'ESS à porter ces initiatives.

 

Enfin, on assiste ces dernières années à une professionnalisation croissante du secteur du sport. La complexification du contexte socio-économique, la diversification des acteurs intervenant dans le champ sportif, la multiplication des exigences en matière de pratiques sont les raisons principales qui incitent les associations sportives à se structurer, s’adapter et se développer.

 

Quelle est la place du sport face aux grands enjeux de société ?

L’enjeu de la santé publique

Les secteurs du sport et de la santé se rapprochent et se structurent. Promouvoir l’activité physique et sportive (APS) comme un élément déterminant du bien-être et de la santé tout au long de la vie est une ambition affichée de l’exécutif.

 

C’est pour y répondre que la Stratégie Nationale Sport – Santé 2019 – 2024 a été développée. Le gouvernement affiche sa conviction que la pratique des APS relève de l’intérêt général, permettant de lutter contre l’ensemble des pathologies chroniques qui sont associées à la sédentarité.

 

Cette stratégie, dont l’objectif est d’améliorer l’état de santé de la population en favorisant l’APS à tous les moments de la vie, s’articule autour de quatre axes :

  • la promotion de la santé et du bien-être par l’activité physique et sportive : contribuer au développement de la pratique de l’APS et favoriser son développement territorial en augmentant les offres, en simplifiant l’accès aux infrastructures et en favorisant les mobilités douces ;
  • le développement et le recours à l’activité physique à visée thérapeutique ;
  • la protection de la santé des sportifs et le renforcement de la sécurité des pratiquants ;
  • le renforcement et la diffusion des connaissances relatives aux impacts de la pratique sportive sur la condition physique et la santé.

L’enjeu de la cohésion sociale

La politique du sport est perçue comme un levier important de lutte contre les fractures territoriales et les inégalités sociales auxquelles les habitants de certains territoires (en particulier dans les quartiers prioritaires de la ville [PC3] et les zones rurales) sont particulièrement exposés. Les communes se sont emparées du sujet en intégrant le sport dans leurs politiques publiques.

 

Le plan « Citoyens du sport », présenté en 2015 par le Comité interministériel à l’égalité et à la citoyenneté, a pu inspirer les politiques de la ville en matière de sport. Il vise à « développer la pratique sportive et à en faire, grâce à des actions concrètes, un moyen de renforcer le vivre ensemble et l’éducation à la citoyenneté ».

 

La politique de la ville intervient pour utiliser le sport comme outil de cohésion sociale en réduisant les inégalités d’accès à la pratique sportive en matière d’équipements sportifs, diversité des sports proposés et accès aux clubs.

 

Plus particulièrement la politique de la ville, dont la mission est de réduire les écarts de développement au sein des villes pour restaurer l’égalité républicaine, se consacre :

  • au développement de la pratique sportive féminine ;
  • à l’insertion professionnelle par le sport ;
  • à l’accompagnement et à la formation des acteurs associatifs œuvrant dans le champ du socio-sport ;
  • au développement du sport comme un outil de citoyenneté, de prévention et d’éducation ;
  • à l’offre de pratiques sportives via des dispositifs pour les enfants ;
  • à la création ou l’amélioration des projets et équipements sportifs.

L’enjeu de la transition écologique

En raison de son poids dans l’économie et de sa visibilité médiatique, le secteur du sport a une responsabilité importante et un devoir d’exemplarité vis-à-vis de l’environnement.

 

C’est pour cette raison qu’un plan de sobriété énergétique du sport a été lancé le 13 octobre 2022. Il détaille l’objectif de réduire les consommations d’énergie du sport de 10 % d’ici 2024 et de 50 % d’ici 2040. Pour y parvenir, une série de mesures très concrètes est présentée : baisser le chauffage de 2 degrés dans les infrastructures sportives, limiter strictement l’usage de la climatisation, réduire de 10 % la luminothérapie des pelouses, etc.

 

Le Ministère du Sport et des Jeux Olympiques et Paralympiques affiche l’ambition d’accélérer la transition écologique du sport. Pour cela, les trois priorités définies sont de :

  • réduire la consommation d’énergie pour tendre vers un sport plus sobre énergétiquement ;
  • adapter les pratiques sportives au réchauffement climatique ;
  • renforcer l’écoresponsabilité des acteurs du sport.

En dépit de ces ambitions, les grandes compétitions sportives nationales et internationales se retrouvent souvent au cœur de la problématique environnementale. Leur organisation et leur déroulement ne sont pas toujours alignés avec les objectifs climatiques mondiaux renouvelés annuellement lors de la Conférence des Parties.

 

De nombreux appels émanent d’experts et de la société civile pour repenser l’organisation de ces évènements sportifs d’ampleur en respectant davantage les objectifs mondiaux visant à limiter le réchauffement climatique. La prise de conscience atteint les dirigeants du monde sportif et les organisateurs de ces grands évènements sportifs, mais doucement et de manière hétérogène selon les acteurs. Toutefois, certaines annonces sont encourageantes : pour l’organisation des Jeux Olympiques et Paralympiques en 2024, la France s’est engagée à utiliser 100 % d’énergie renouvelable et 100 % de biodéchets et a noué un partenariat avec l’ONG WWF pour garantir le bon respect de ses engagements.

 

Thématiques

Sport

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